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Les relocalisations ont pris leur envol en 2021
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Les relocalisations ont pris leur envol en 2021

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Un vent nouveau semble souffler sur l’industrie française. En 2021, les projets de relocalisation s’accélèrent, les ouvertures de site se redressent et les créations d’emploi s’envolent, affirme le cabinet d’études Trendeo. Mais la pérennité de ce regain de forme est loin d’être garantie.

La Manufacture française du cycle, basée en Loire-Atlantique, fait partie de ces entreprises qui ont obtenu le soutien de l’État pour leur projet de production made in France. Si la roue tourne en faveur de la relocalisation, c’est en partie grâce à ces aides publiques, selon Trendeo — Photo : MFC

Les usines reprennent peu à peu pied en France, et les promesses de relocalisation commencent à se multiplier. Cette fois, ce n’est plus le ministère de l’Économie qui le dit, mais le cabinet Trendeo qui le constate, dans son baromètre annuel sur l’usine du futur.

Le décollage des relocalisations

Ces 23 derniers mois, l’étude a recensé davantage de projets de rapatriement de productions, jusqu’ici effectuées ou sous-traitées à l’étranger, que dans les 9 années précédentes. Dans le détail, elle en a compté 30 en 2020 (+172 % sur un an) et quasiment trois fois plus en 2021 (soit 84, à la date du 1er décembre).

Cette dynamique se traduit par un boom des emplois relocalisés (4 018 sur la période, quasiment autant que sur la décennie 2009-2019). Cette année, leur nombre surpasse même celui des postes délocalisés et ce, pour la première fois depuis le début des relevés de Trendeo, en 2009, avec un solde net de +1 495 emplois (après un déficit réduit au minimum, en 2020, de -36).

Le levier déterminant des aides publiques

De là à dire que la crise du Covid-19 est bénéfique pour le made in France, il n’y a qu’un pas que David Cousquer se refuse à franchir. Mais les astres se sont récemment alignés, admet le gérant de Trendeo.

Il explique ce redressement météorique par le retour en force de la demande pour les biens et services nationaux, la "relativisation des avantages de la délocalisation", la prise de conscience des risques liés à une trop forte dépendance internationale… sans oublier les nombreux financements débloqués par l’État pendant la pandémie. "On a toujours soulevé un problème de sous-capitalisation et d’insuffisance de rentabilité des PME françaises. Les aides Covid ont quelque peu levé cette contrainte financière." Ce qui pose, en creux, la question de la pérennité de cette vague de relocalisations, le jour où cessera le soutien public.

Le rôle facilitateur de l’usine du futur

En attendant, l’argent de la relance et du PIA4 a alimenté une petite moitié des projets de relocalisation identifiés par Trendeo depuis septembre 2020. Un levier d’autant plus vertueux lorsqu’il se porte sur des projets d’usine 4.0.

Robotisation et automatisation participent en effet à rendre la production dans l’Hexagone plus compétitive, mais aussi plus soutenable, souligne David Cousquer. "Dans l’usine du futur à la française, les entreprises prennent en compte le bien-être des salariés, l’environnement, etc. Elles concourent ainsi à l’acceptabilité sociale de leur activité. Ce qui fait qu’il y a moins d’indifférence à la localisation des usines."

La convalescence de l’industrie

Mais au-delà des seules relocalisations, c’est tout le secteur secondaire qui relève la tête, assure le cabinet d’études. En déclin depuis leur pic de 2017, les projets d’ouverture de sites industriels sont ainsi revenus quasiment au même niveau en 2021 (240, +28 % en un an).

Mieux, l’emploi devrait finir sur un record de créations nettes (+30 956 en 11 mois). De quoi effacer la saignée de l’année passée (-12 768). Et ce n’est pas tout : pendant la crise du coronavirus (janvier 2020 à juin 2021), la France a gagné sept places dans le classement mondial des investissements industriels, dressés par Trendeo.

Les fleurons industriels en difficulté

L’industrie est loin d’être tirée d’affaire pour autant. La relocalisation se fait surtout autour d’opérations de petite taille, portées par des PME. Depuis 2009, les grandes entreprises représentent 80 % des 31 740 emplois délocalisés dans l’industrie, mais seulement 40 % des 4 885 qui ont été relocalisés.

Surtout, la bataille se déplace désormais sur le front de la réindustrialisation en général, et de l’implantation des activités stratégiques de demain en particulier, comme les batteries électriques. Or, la France part avec un handicap de taille dans cette course : "Les grands groupes, susceptibles de redévelopper de l’activité industrielle dans le pays, sont dans des secteurs soit très durement touchés par la crise du Covid-19 (l’aéronautique), soit engagés dans une reconversion compliquée (l’automobile). Dans les deux cas, ils sont en position de défense plus que de conquête." Avec le risque que les conséquences de ces difficultés se fassent ressentir bien plus vite que la concrétisation des promesses de (re)localisation d’usines.

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