Annus horribilis, 2023 ? Alors que s’éloigne la "grande peur" de la récession et des coupures d’électricité qui a rendu le climat particulièrement étouffant l’automne dernier, les perspectives pour cette année semblent s’éclaircir un peu. 2023 pourrait, finalement, ne pas porter en son sein toutes les catastrophes redoutées par les entreprises. C’est en tout cas le message qu’ont voulu délivrer, début février, d’une part le Medef Lille Métropole, lors d’une conférence de presse, et d’autre part les réseaux consulaires régionaux et la Banque de France, en marge des Rencontres régionales de l’économie.
Bonnes et mauvaises nouvelles
En dépit du marasme ambiant, l’année devrait se dérouler sans hécatombe, pointe ainsi la directrice régionale de la Banque de France. "Malgré la hausse des taux directeurs, le crédit bancaire reste dynamique, et l’investissement aussi. Un ralentissement est attendu, mais le risque de récession s’amenuise, la conjoncture internationale s’améliore… Il y a aussi des bonnes nouvelles", assure Carine Jupin. Chiffres à l’appui : dans l’industrie, la hausse du chiffre d’affaires de 12,4 % en moyenne en 2022, dopée par la hausse des prix, a été soutenue par une forte croissance des entreprises à l’export (+13,5 %), devenu un vrai relais de croissance en cette année compliquée. Cette année, ces deux courbes devraient se stabiliser, mais les investissements, qui avaient fléchi à -4,8 % en 2022, vont reprendre en 2023, avec une hausse annoncée de 12,8 % - portant davantage sur de la modernisation que sur de l’augmentation de capacité, la prudence reste de mise. Même si le résultat net des entreprises s’abîme avec la hausse des charges, 34 % des industries interrogées constatent une hausse de leur rentabilité, et autant, une stabilité. 32 % en revanche ont vu leur résultat net se dégrader entre 2021 et 2022.
Dans les services marchands, les chiffres d’affaires sont également à la hausse en 2022, avec un maintien plutôt satisfaisant de la rentabilité. Si l’incertitude prévaut, seuls 11,5 % des dirigeants interrogés se disent franchement inquiets pour 2023. Deux points d’inquiétude : le secteur du BTP d’abord. Si dans le bâtiment, les carnets de commandes se remplissent correctement, les acteurs des Travaux Publics sont plus inquiets. Et la rentabilité s’érode dans tous les cas. L’artisanat, enfin, souffre énormément de la hausse des coûts de l’énergie, et concentre la plupart des inquiétudes. "Le plus dur est devant nous, les entreprises commencent à tomber", alerte Laurent Rigaud, le président de la CMA.
Le verre à moitié plein
Du côté du Medef, les constats convergent. "82 % des entrepreneurs interrogés se disent confiants pour 2023, et quasiment autant ont une trésorerie satisfaisante pour cette année. Mais l’inquiétude est là pour les TPE, notamment artisanales", résume Yann Orpin, le président du Medef Lille Métropole." "L’incertitude reste très forte concernant les prix de l’énergie", rebondit Patrice Pennel, le président du Medef Hauts-de-France. "Au vu de notre capacité de production électrique, l’hiver 2023/2024 risque d’être encore à risque pour les entreprises". Malgré la baisse de 7 % des créations d’entreprises constatée en 2022, le Medef comme la CCI veulent voir le verre à moitié plein : l’industrie régionale redémarre fort, avec une hausse de 23 % des effectifs. La création de la "vallée de la batterie", avec ses lourds investissements industriels, devrait asseoir la région comme le pôle de référence sur ces sujets. Et Philippe Hourdain, le président de la CCI de Région, de conclure : "ayons confiance".
