Les créateurs
En couple dans la vie comme au travail, Fatiha, 33 ans, et Raibed Tahri, 36 ans, mènent avec Pap et Pille (Annecy, Haute-Savoie ; 10 salariés) l’aventure de leur vie. Créée en 2019, la marque de billes de biscuits qu’ils ont imaginées quelques années plus tôt reflète l’histoire personnelle de ce couple d’infirmiers hospitaliers. "Nos billes de biscuits s’inspirent de recettes glanées pendant quatre années de voyage", explique Raibed Tahri. Pourtant, rien n’a été facile pour le couple haut-savoyard : lancement commercial avorté par le premier confinement, refus répété des banques de les financer et vente de leur maison pour acquérir leur premier outil de production. Les deux entrepreneurs ont traversé des épreuves pour parvenir à conquérir les papilles des clients et séduire les téléspectateurs de M6 après un passage remarqué en janvier dernier dans l’émission "Qui veut être mon associé ?" (l’enregistrement a eu lieu en mars 2021).
Le concept
L’histoire de Pap et Pille débute lors d’un mariage pour lequel ils confectionnent à la main ces fameuses billes de biscuit. "Le succès a été immédiat auprès des convives en particulier le goût et le format des bouchées", note Raibed Tahri. Entre les recherches, vaines, de sous-traitants capables de concevoir ces biscuits sous forme de billes et les freins dans leur quête de financements, Raibed et Fatiha s’affranchissent des barrières pour toquer, au culot, à la porte d’Anthony Bourbon, fondateur des repas lyophilisés Feed. "Anthony nous a permis de boucler en 2020 un premier tour de 300 000 euros", note-t-il.
La suite les verra commercialiser leurs billes chez Monoprix puis atterrir dans le foyer des Français un soir de janvier sur M6. "Les ventes en ligne ont explosé en quelques heures. On a fait 240 000 euros de chiffre d’affaires en janvier dont 100 000 € dans les trois heures qui ont suivi la diffusion", se souvient-il. L’impact est immédiat, bien aidé par la personnalité engageante des deux dirigeants et un pitch bien construit. Un des investisseurs de l’émission, Jean-Pierre Nadir, injecte à nouveau 300 000 euros. En parallèle, ils continuent de servir les centrales d’achats pour livrer les enseignes de la grande distribution.
Les perspectives
Pour tenir les cadences et alors que les stocks préparés à l’avance s’épuisent, Pap & Pille se tourne de nouveau vers les industriels de l’agroalimentaire. "Soit ils ne savaient pas faire techniquement de gros volumes, soit ils ne comprenaient pas comment en respectant nos recettes nous parvenions à atteindre le point de rentabilité", s’étonne encore Raibed Tahri, qui prône le respect du goût avant de penser à la rentabilité.
Avec 60 % de leurs ventes réalisées en boutiques (GMS, épiceries…) en mars 2022 contre 40 % via leur site e-commerce – lancé à la vite lors du premier confinement –, Raibed et Fatiha préparent une nouvelle levée de fonds de 2 millions d’euros. Ils vont d’ailleurs déménager très bientôt à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) pour installer leur nouvelle unité industrielle et le siège social de l’entreprise. "D’ici l’automne, nous atteindrons une capacité de production de 60 tonnes de billes de biscuits par mois contre seulement 5 tonnes aujourd’hui", souligne celui qui démarre aussi tout juste ses ventes à l’export (Dubaï notamment).
