Il imagine déjà ses ballons dans les lofts new-yorkais, mais "partir à l’international est plus compliqué qu’il n’y paraît", reconnaît Raphaël Mille, l’un des cofondateurs de Bloon Paris. Si "l’année structurante" sera finalement en 2024, 2023 a permis aux équipes de tirer des leçons. "Il faut d’abord établir des process, les maîtriser, avant de les appliquer." Créée il y a cinq ans et fraîchement déménagée de Paris à Bordeaux, l’entreprise conçoit et fabrique des ballons d’assises gonflables haut de gamme, brevetés et au design léché. Plébiscités pour leurs bienfaits musculaires, ils fleurissent dans les espaces de travail (75 % des achats), au point que Bloon Paris (dix salariés) a franchi fin 2023 le cap des 100 000 exemplaires vendus et les 3 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont 60 % en BtoB (Chanel, Véolia, Total, des établissements publics…). "Nous ne pensions pas atteindre ce niveau si rapidement", sourit le dirigeant, qui désormais n’hésite plus à afficher de grandes ambitions, à savoir 10 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2027.
"Nous ne bondissons plus de 300 % par an comme au début. L’heure est à la scalabilité : comment démultiplier la croissance et la rentabilité avec le moins d’efforts possibles. Il y a deux solutions : augmenter les ventes et/ou augmenter les marges. Puisque nous sommes monoproduit et quasiment monomarché (90 % en France), pour vendre plus, nous devons sortir des frontières et développer de nouveaux produits."
Le marché prometteur des États-Unis
Bloon Paris a déjà posé des jalons en Asie, d’autres sont prévus en Europe, mais le gros morceau sera les États-Unis, depuis longtemps dans le viseur. Terre de fitness et créateur de gymball, le pays est un marché prometteur et dépourvu de concurrent. L’entreprise y a créé une filiale il y a déjà deux ans, "pour protéger la maison mère et séduire plus facilement des partenaires locaux. Nous avons déposé la marque, trouvé un logisticien qui couvre tout le pays, un comptable ; ça semble peu mais c’est important", estime Raphaël Mille. La commercialisation a démarré en septembre par une campagne de financement participatif sur la plateforme Indiegogo, avec davantage de marges (209 € l’unité contre 179 €). "Nous préférions sonder le marché d’abord, plutôt que risquer d’acheminer nos produits sans certitude de les écouler." Prochaine étape : lancer le site internet américain - l’e-commerce génère 50 % du chiffre d’affaires - et rendre la marque visible. "Le branding est souvent sous-estimé", regrette le dirigeant. Même avec 140 000 euros d’aides de la BPI glanés au titre du dispositif Assurance prospection export, "les agences de communication américaines sont quatre fois plus chères qu’en France." Le temps nécessaire au pilotage de l’export aussi. "Il nous faudra une personne à temps plein rien que sur les États-Unis et une autre sur les autres pays. Nous allons recruter."
Europe et Asie
En Asie, l’approche a été très différente. "Nous avons saisi l’opportunité de rencontres sur un salon international, reprend le dirigeant. Deux importateurs gèrent depuis 2023 notre distribution en Corée et au Japon, via leur excellent réseau. À eux deux, ils vendent plus que nos boutiques partenaires en France. Mais ils sont dépourvus de stratégie digitale. Devons-nous identifier de nouveaux partenaires ? Comment exporter notre savoir-faire de l’e-commerce dans des pays aux cultures et langues si différentes de la nôtre ?"
La conquête de l’Europe s’annonce a priori plus simple, avec la Belgique et l’Allemagne en 2024, puis la Norvège, la Suède et le Danemark en 2025. Bloon Paris a par ailleurs de nouveaux produits dans ses cartons, dont elle réserve la surprise. Liés à l’univers du bureau, les premiers seront lancés dans l’année avec une promesse : "une esthétique reconnaissable et associable à notre marque, comme on reconnaît un Fermob ou un Fatboy".
