Le stockage de carbone issu de la biomasse doit commencer en France depuis trois méthaniseurs lorrains
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Le stockage de carbone issu de la biomasse doit commencer en France depuis trois méthaniseurs lorrains

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Développé par les sociétés Carbon Impact, South Pole et Airfix, un projet de captage et de stockage du carbone issu de la biomasse doit démarrer en 2026, sur trois unités de méthanisation installées en Lorraine. À condition de trouver les financements.

Les trois méthaniseurs lorrains devraient pouvoir stocker 10000 tonnes de carbones par an — Photo : Carbon Impact

C’est une filière qui démarre. Et qui a besoin "d’entreprises qui ont des moyens, qui ont une ambition climatique, qui ont compris l’importance de lancer ce secteur en complément de la décarbonation", résume Karim Rahmani, co-fondateur et dirigeant de la société Carbon Impact.

Une première en France

Installée à Tours, la jeune pousse porte, en collaboration avec les Suisses de South Pole (1 400 salariés, 246 M€ de CA) et sa filiale Airfix, un projet en Lorraine, visant à installer une solution de captage puis de liquéfaction du carbone émis par des unités de méthanisation, afin de le stocker. Une première en France, pour laquelle trois coopératives agricoles sont prêtes à se lancer : Meurthenergie à Azerailles (Meurthe-et-Moselle), Mortagne Environnement à Gerbéviller (Meurthe-et-Moselle) et Méthanisation Seille Environnement à Haraucourt-sur-Seille (Moselle).

Jusqu’à 10 000 tonnes de CO2 par an

"Les trois coopératives agricoles sont prêtes à investir dans ce projet inédit en France, mais leur financement reste conditionné à l’engagement préalable des entreprises à acheter dès aujourd’hui des crédits carbone qui seront générés seulement à partir de 2026", précise le dirigeant de Carbon Impact. Concrètement, cette première initiative française de captage de CO2 à partir de biomasse devrait permettre d’enfouir, dans un réservoir géologique sous la mer du Nord, en Norvège, 10 000 tonnes de CO2 par an.

Une tonne de CO2 chère

"Aujourd’hui, nous allons jouer la transparence et expliquer pourquoi nos crédits carbone sont chers", affirme Karim Rahmani. "Vu notre structure de coûts, vu l’échelle à laquelle nous opérons, nous sommes sur une tonne de CO2 comprise entre 400 et 500 euros", contre 100 et 150 euros au prix du marché. Concrètement, les développeurs du projet recherchent donc des entreprises capables de s’engager sur "plusieurs millions par an, sur plusieurs années", à l’image de Microsoft, qui a annoncé vouloir "compenser ses émissions, même résiduelles et historiques, depuis la création de l’entreprise", illustre le dirigeant de Carbon Impact. La start-up prépare actuellement une levée de fonds destinée à aller chercher "quelques millions d’euros", sur les 5 millions d’euros nécessaires à financer la prochaine étape de son développement.

Par camion, train puis bateau

Permettant de convertir les déchets agricoles en une source de biogaz, les unités de méthanisation produisent, en plus du CH4 injecté dans le réseau de gaz, une quantité non négligeable de CO2. "Ce qui sort du processus naturel, c’est entre 50 et 55 % de CH4 et le reste, c’est du CO2", détaille Karim Rahmani. Une fois liquéfié, le CO2 doit quitter les exploitations lorraines par camion, à raison de deux rotations par semaine, pour être transporté de Saarbrücken, en Allemagne, jusqu’à Bergen, en Norvège, par train. Ensuite, l’opérateur du site de stockage devra se charger de transporter le CO2 par bateau jusqu’au réservoir géologique. Actuellement, la France ne dispose d’aucun site de stockage de CO2.

Des milliards de tonnes à stocker

"Toute la filière méthanisation prend conscience qu’elle a de l’or dans les mains avec ce CO2 biogénique", constate le dirigeant de Carbon Impact. À côté de la valorisation comme carburant de synthèse, l’équipe de Carbon Impact, estime que "vu les volumes et les enjeux", il y a de la place pour plusieurs solutions. Le dernier rapport du GIEC estime qu’il faudra absorber près de 10 milliards de tonnes de carbone d’ici à 2050 pour limiter le réchauffement mondial à 2°C.

"L’élimination de carbone dans le monde, c’était 4 à 5 millions de tonnes l’année dernière, en partant de moins d’un million de tonnes en 2022 et de quasiment rien en 2020", souligne Karim Rahmani. Le dirigeant de Carbon Impact indique avoir déjà reçu "des marques d’intérêt" venant d’entreprises et espère boucler le financement du projet dès 2024, pour lancer les opérations fin 2025.

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