Biométhane : la filière bretonne veut mettre les gaz
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Biométhane : la filière bretonne veut mettre les gaz

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Les acteurs bretons de la filière méthanisation se sont donnés rendez-vous au Space 2018, à Rennes, pour un état des lieux optimiste. Mais la filière n'est encore qu'émergente...

— Photo : Vol-V

« En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées. » Le slogan de 1974 est peut-être enfin périmé car de nouvelles ressources sont désormais disponibles. « La Bretagne propose un réservoir d’énergies considérable. On parle beaucoup d’éolien, d’hydrolien et de photovoltaïque, mais il ne faut pas oublier la biomasse », souligne Bernard Fourdan, directeur territorial de GrDF venu assister à l’état des lieux de la filière bretonne de méthanisation, présenté lors du Space 2018 à Rennes.

Photo : © Pierre Gicquel / JDE

Un démarrage lent

Mais si la technologie est là, la filière peine à mettre les gaz pour valoriser la biomasse en biogaz (transformé en électricité ou eau chaude) ou en biométhane (biogaz épuré). Et ce malgré le plan Biogaz mis en place depuis 2007. « Nous comptons 81 installations en fonctionnement en Bretagne sur 500 en France, de quoi alimenter 6 400 logements et traiter 760 000 tonnes de déchets organiques par an. La dynamique est bonne mais insuffisante », constate Gilles Petitjean, directeur régional de l’Ademe.

Le chiffre paraît en effet bien maigre face aux 2 300 unités installées en Allemagne. Mais la dynamique française pourrait s'accélérer. « À condition de ne pas changer les règles de financement et les tarifs », avertit Alain Guillaume, éleveur porcin à Plélo dans les Côtes-d’Armor et membre de l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF). Avec un kWh issu du biogaz acheté en moyenne 18 à 20 centimes d’euro, le tarif est en effet trois plus élevé que pour l’éolien ou le photovoltaïque.

Si 80 % des projets de méthanisation sont portés par le monde agricole, les PME ont aussi un rôle à jouer. En témoigne le projet qui devrait être mis en service début 2019 à l’usine Altho, en Morbihan, qui produit les chips Bret’s. Ses déchets permettront d’injecter 1,5 million de m³ de biométhane par an sur un réseau de gaz « intelligent » porté par GrDF et nommé West Grid Synergy.

À quand l’industrialisation ?

Un des freins pour le développement de la filière est l’absence de procédé industriel. « Chaque unité doit s’adapter à un contexte local unique et complexe », constate Cédric de Saint-Jouan, cofondateur de Vol-V (45 salariés, 15 M€ de CA prévus en 2018), développeur et producteur indépendant d'énergies renouvelables. Sa filiale Vol-V Biomasse est l’un des acteurs principaux en Bretagne. Sa spécificité : développer des projets d’envergure territoriale. Trois sont déjà opérationnels à Quimper, Châteaulin et Montauban-de-Bretagne. Deux autres le seront bientôt à Fougères et Pontivy.

« Quarante agriculteurs sont réunis, ainsi que des collectivités, pour fournir chaque unité, qui représente 8 à 9 millions d’euros d’investissement à chaque fois », énumère le dirigeant. Il vise la mise en service de 4 à 5 unités de production par an dans les cinq années à venir. En sachant que ces unités n'atteignent la rentabilité qu'après une douzaine d’années minimum. Alors pour faire baisser les coûts de production par des économies d’échelle et pour doper la croissance de la filière, il réfléchit avec d’autres acteurs à la création d'un consortium français. La route vers l’indépendance énergétique est encore longue.

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