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Le site d’extraction d’andalousite Imerys à Glomel pourrait être pérennisé jusqu’en 2042
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Le site d’extraction d’andalousite Imerys à Glomel pourrait être pérennisé jusqu’en 2042

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La carrière Imerys de Glomel vit des moments décisifs. Pour se conformer à une nouvelle réglementation en matière de rejet d’eau, il va investir 6,8 millions d’euros dans une usine de traitement d’eau. Et présente un projet pour prolonger l’extraction d’andalousite au-delà de la date prévue de 2033 avec l’ouverture d’une deuxième fosse, pour un investissement de 3 millions d’euros.

Le site d’exploitation s’étend sur 265 hectares — Photo : DR

Le site de carrière Imerys de Glomel (34 M€ de CA en 2022, 115 salariés dont 24 intérimaires), d’où sont extraits 25 % de la production mondiale d’andalousite, un alumino-silicate contenant jusqu’à 60 % d’alumine, minéral qui entre dans la composition de la majorité des aciers spéciaux, va investir près de 10 millions d’euros dans deux projets d’envergure. Le premier concerne une nouvelle usine de traitement d’eau pour se mettre en conformité avec une réglementation devenue plus sévère en matière de rejet. Le coût ? 6,8 millions d’euros. Le second, conditionné à une autorisation de l’État, vise à prolonger l’extraction d’andalousite au-delà de la date prévue de 2033, avec l’ouverture d’une deuxième fosse. L’investissement se monterait alors à 3 millions d’euros.

La future usine de traitement d’eau utilisera une technologie, l’ozonation, dont ce sera la première utilisation dans le domaine industriel. C’est le groupe Saur qui la mettra en œuvre sur le site. "Un arrêté préfectoral nous impose un abaissement de la concentration maximale autorisée en manganèse dans nos eaux de rejet", explique Christelle Planque, directrice du site. "Ce seuil était de 10 mg/l en 2020, puis 6 mg/l en 2022 et descendra à 2 mg/l au premier janvier 2024. Nous étions à 3 mg/l en 2020, nous sommes à 2,5 mg/l aujourd’hui mais pour descendre en dessous de 2 mg/l, il nous faut passer à cette nouvelle technologie de l’ozonation." L’usine sera entièrement automatisée.

Consommation de 200 m3 par heure

Jusqu’à présent, le traitement de l’eau sur le site était réalisé par deux installations avec le process de lait de chaux. L’une d’elles sera fermée, l’autre optimisée pour un investissement de 245 000 euros supplémentaires. L’eau est un enjeu majeur pour le site de Glomel dont le process d’extraction et de séparation du minéral de la roche impose une consommation de 200 m3 par heure en circuit fermé. L’eau de ruissellement de la fosse d’extraction est également collectée. Une partie est réinjectée dans le process. Le rejet annuel du site dans le milieu naturel s’élève à 1,3 million de mètres cubes. Il s’effectue dans une rivière qui se jette dans une autre, l’Ellé, qui alimente une usine d’eau potable. Ces rejets tiennent compte de l’acceptabilité du milieu, ils peuvent être plus importants en période de sécheresse pour venir en soutien de l’étiage, ou moins importants, grâce à des capacités de stockage (deux gros bassins et d’autres plus petits, de décantation), en cas de fortes pluies.

Le permis de construire de la nouvelle usine de traitement d’eau a été déposé en février et les travaux de terrassement ont démarré le mois suivant. Le gros œuvre débutera mi-mai et devrait s’achever en fin d’année. La mise en service est prévue en février 2024, soit un mois après la mise en œuvre de l’obligation réglementaire des 2 mg/l mais l’eau sera stockée dans ce laps de temps.

Pérenniser le site jusqu’en 2042

L’autre grand dossier sur la table de Christelle Planque, qui se trouve à la direction du site depuis février 2021, concerne la demande d’ouverture d’une deuxième fosse d’extraction. L’actuelle fosse, la numéro 3 après l’abandon de l’exploitation des deux premiers sites d’extraction, possède par arrêté préfectoral, une autorisation jusqu’en 2033, l’ensemble du site de 265 ha devant ensuite faire l’objet d’une remise en état à vocation écologique en 2036.

L’intérêt de la création d’une nouvelle fosse, dont la demande administrative déposée en novembre 2021 suit son cours avec une enquête publique prévue cet été 2023, revêtirait deux avantages pour Imerys. "Il permettrait de pérenniser le site pour une fin d’extraction reportée à 2042", explique Thomas Louvet, responsable du projet Fosse 4. Un prolongement de dix ans sans augmentation de la production, qui se ferait sans devoir toucher ni à l’outil, ni aux effectifs.

Ingrédient des aciers spéciaux

La fosse 3, d’une superficie de 20 ha, et la fosse 4, qui s’étend sur 10 ha, assureront en parallèle la production. "Elles fonctionneront simultanément jusqu’en 2042 pour sécuriser l’approvisionnement en palliant l’aléa qui peut survenir sur l’une des fosses", reprend le dirigeant. Enfin, cette deuxième fosse, qui ne nécessiterait une augmentation de la surface autorisée du site que de 3 ha, se trouve au cœur du gisement, ce qui faciliterait l’extraction. "C’est le gisement qui possède la plus grande concentration au monde, avec 25 % d’andalousite dans la roche, contre 10 % pour nos sites sud-africains, par exemple", se félicite Christelle Planque.

L’ouverture de la fosse 4, qui comme les autres auraient une profondeur de 70 à 80 mètres, nécessiterait un investissement de 3 millions d’euros, entre décapage et dé-couverture du terrain, et aménagement (pompage, canalisations, pistes). L’autorisation pourrait être délivrée en septembre pour une mise en exploitation trois ou quatre mois plus tard.

Les clients d’Imerys Glomel sont les réfractoristes (producteurs de matériaux réfractaires), qui eux-mêmes alimentent les sidérurgistes. L’andalousite possède des applications très spécifiques en rapport avec ses qualités physico-chimiques : résistance aux chocs thermiques et à l’abrasivité notamment. On la retrouve dans beaucoup d’aciers spéciaux qui sont utilisés dans les domaines de l’industrie automobile et aéronautique, la sidérurgie ou la verrerie. 61 000 tonnes extraites du site de Glomel ont été vendues en 2022, pour une production maximale annuelle de 65 000 tonnes, ce qui nécessite d’amener 650 000 tonnes de roche à l’usine du site, qui sépare l’andalousite de la roche en huit étapes. La roche finit dans des verses, sortes de terrils.

82 % d’exportation

L’andalousite costarmoricaine alimente 200 sites industriels et est exportée vers 30 pays. L’international représente 82 % du chiffre d’affaires d’Imerys, dont 20 % hors Europe. 200 entreprises bretonnes travaillent pour Imerys Glomel, dont 65 sont costarmoricaines. L’entreprise, dont l’exploitation du site a commencé en 1970, recherche actuellement six collaborateurs, dont un directeur de la maintenance attendu depuis… deux ans. 20 % de ses effectifs travaillent dans les carrières, 40 % dans l’usine dont la superficie s’élève à 10 000 m².

Son activité est évidemment très suivie, notamment dans le domaine environnemental. Le projet de la fosse 4 comprend un volet destiné à accentuer encore ces mesures. À titre d’exemple, 40 hectares sur les 500 au total de maîtrise foncière que possède l’entreprise bénéficieront du dispositif de protection ORE (Obligation réelle environnementale). Des opérations de reboisement compensatoire et de gestion durable du bocage figurent également dans ce dossier.

Imerys, dont le siège est à Paris, est le leader mondial revendiqué des minerais et est présent dans 40 pays. Il compte 30 000 clients et 14 000 salariés pour un chiffre d’affaires de 4,3 milliards d’euros en 2022.

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