D’une vingtaine de camions dans les années 90, il en compte aujourd’hui près de 2 000. C’est peu dire que Grégoire Blondel est un développeur dans l’âme. En rachetant le groupe Sobotram et ses filiales (Soboroute, 71 Express, Berthelard, Sobotram et Dupont Bedu), qui emploient 450 salariés et génèrent 76 millions de chiffres d’affaires pour 100 000 m2 d’entrepôts spécialisés (siège en Saône-et-Loire), le groupe Blondel se diversifie dans la logistique de matières dangereuses. “Nous ajoutons une corde à notre arc, se réjouit le président de l’entreprise de taille intermédiaire, plus gros transporteur indépendant de la région, basé à Saint-Quentin (Aisne).
L’opération, fruit du rapprochement de valeurs communes - “un ADN familial bien ancré, une culture de la proximité, un fort engagement auprès des clients et une approche pragmatique” - lui permet de franchir le cap des 325 millions d’euros de chiffre d’affaires et la barre des 3 000 salariés. Et d’équilibrer encore un peu plus une activité jusqu’à présent assurée par des secteurs porteurs et spécialisés comme l’aéronautique, les cosmétiques, la défense ou plus largement par l’industrie, l’agroalimentaire, l’e-commerce et la grande distribution. Il y propose des solutions sur l’ensemble de la chaîne de valeur du transport (transport de lots complets ou partiels, navettes intersites, transports spéciaux, mise à disposition de camions avec chauffeurs, messagerie) et de la logistique (stockage, préparation de commande, conditionnement, approvisionnement des chaînes de production, logistique de l’e-commerce, gestion de la douane).
Le départ à la retraite de Bruno Neyrat, président du Groupe Sobotram, représentait une véritable opportunité pour le groupe axonais. Il vient ainsi compléter son implantation bourguignonne commencée en 2019 avec l’acquisition des transports Régis Martelet, une zone particulièrement intéressante à mi-chemin sur la route nord-sud. Elle apporte donc une diversification sectorielle vers la logistique industrielle habilitée à transporter des matières dangereuses et des entrepôts Seveso seuil haut, une spécificité porteuse dans un domaine de la supply chain concurrentiel.
Grégoire Blondel donne ainsi, après l’acquisition majeure du groupe Grimonprez en 2018 (85 salariés, 50 M€ de CA), un nouveau coup d’accélérateur à l’entreprise familiale. Il s’appuie pour cela sur des partenaires financiers de taille : Bpifrance Investissement, Crédit Mutuel Equity, Picardie Investissement et Capitem Partenaires participent à un nouveau tour de table pour cette dernière opération.
Cap sur les 500 millions d’euros de chiffre d’affaires
L’appétit de l’entrepreneur ne s’arrête pas là. Il vise désormais les “500 millions d’euros de chiffre d’affaires à l’horizon 2025”, confie Grégoire Blondel, qui imagine alors employer entre 4 000 et 5 000 personnes. Pour y parvenir, les croissances externes seront évidemment un levier. Une prochaine en transport et logistique se profile d’ailleurs pour une implantation au Portugal. L’extension via l’accompagnement de clients à l’international participe de surcroît au déploiement du groupe. Comme en 2021 au Canada via une prise de participation dans l’entreprise Transit Nord Plus, spécialiste du transport en Amérique du Nord pour suivre les activités d’Airbus, un client majeur, qui opère la construction de l’A220. Idem au Maroc pour accompagner des partenaires de l’e-commerce.
“Nous avons connu une augmentation de notre chiffre d’affaires de plus de 40 % en à peine 4 ans, résultat d’une stratégie de développement des activités et de croissance externe”, appuie le quinquagénaire. Tout en travaillant une croissance organique qui s’est établie à 17 % en 2022.
Robotisation et RSE
Car en parallèle, il faut travailler sur des gains de productivité, l’un des grands enjeux du secteur. Le Groupe Blondel vient en ce sens de robotiser ses entrepôts de Rochefort (Charente-Maritime) et de Valence (Drôme). “Il faut qu’on amène de la productivité, notamment pour éliminer les tâches pénibles génératrices de troubles musculosquelettiques (TMS) et proposer à nos salariés des travaux à plus haute valeur ajoutée”, défend le patron. Car l’engagement en matière de responsabilité sociétale et environnementale (RSE) du Groupe Blondel a vocation “à augmenter de manière significative dans les prochaines années”. Elle représente actuellement 20 % du chiffre d’affaires. Côté recrutement par exemple, il a lancé en 2022 la Blondel Drivers Camp. En partenariat avec l’organisme de formation Promotrans, il s’agit de proposer à une douzaine de candidats une formation rémunérée de six mois. L’occasion d’acquérir les différents permis et titres pour opérer en transport-logistique mais aussi de se confronter réellement au monde du travail. L’issue garantit à tous candidats aptes et motivés un emploi au sein du groupe. Une deuxième session est d’ores et déjà en cours de lancement à Lens, une prochaine suivra bientôt à Valence.
Premier camion à hydrogène d’Europe
Alors que le transport se place dans le top 3 des secteurs les plus pollueurs, Grégoire Blondel s’engage dans le verdissement de sa flotte. D’ici la fin d’année, il sera l’un des premiers en Europe à exploiter la version hydrogène du premier tracteur électrique longue distance au monde. Ce véhicule est le prototype Iveco Nikola Tre disposant d’une technologie de pile qui permet l’utilisation de l’hydrogène produit à partir de sources d’énergie renouvelables (solaire, éolienne). Cette innovation s’inscrit dans le cadre du projet HyAMMED (Hydrogène à Aix-Marseille pour une Mobilité Écologique et Durable) en partenariat avec Air Liquide et plus largement dans la stratégie que Blondel a baptisée Go green pour faire évoluer le transport et la logistique vers des technologies à faibles émissions de gaz à effet de serre. Pour décarboner son activité, le groupe dispose par exemple d’une flotte capable d’être alimentée en biocarburant, 150 véhicules roulent au GNV, 40 à l’oléo carburant (huiles végétales) et 5 à l’électrique (tracteurs de cour pour de courtes distances). “Ma volonté est aussi de développer le rail-route, promeut Grégoire Blondel, qui est par ailleurs “très engagé en faveur du canal Seine-Nord-Europe et de son usage, notamment sur des frets ciblés”.
