Issue de la recherche et créée à l’été 2021 par trois associés, la start-up toulousaine MecaBotix, spécialisée en mécanique et robotique, développe des robots bio inspirés des fourmis, destinés au transport de charges dans les entrepôts. Les premiers modèles devraient être vendus en BtoB aux professionnels à la fin de l’année 2023 ou proposés à la location. Pour l’heure, l’équipe de MecaBotix est hébergée dans les locaux de La Cité, dans la communauté d’entreprise At Home et développe ses prototypes au fablab Roselab. En mars, elle a remporté un projet européen DIH² (PoRoLog) qui l’a conduite à concevoir un prototype à l’échelle 1:1, c’est-à-dire un robot de la taille d’un homme (1,80 mètre) nommé M3-Cooper, apte à passer par les portes, les ascenseurs et les cheminements existants en s’adaptant à l’entrepôt, et qui sera testé en fin d’année. “Notre premier marché est celui des petits entrepôts urbains, de type drive, qui ne sont pas adaptés aux chariots élévateurs et très limités pour les transpalettes”, explique Jean-Christophe Fauroux, docteur en génie mécanique, enseignant chercheur et président de l’entreprise.
Le M3-Cooper sera capable de lever jusqu’à 250 kg
Doté d’un bras manipulateur, M3-Cooper sera capable de lever jusqu’à 250 kg à des altitudes comprises entre 3 et 15 mètres selon les versions. Pour confirmer ses idées relatives à la conception de ce robot du futur, MecaBotix a échangé avec les membres du Centre de Recherches sur la Cognition Animale (CRCA), appartenant au Centre de Biologie Intégrative de Toulouse (Université Toulouse 3 Paul-Sabatier). “Nous avons d’abord relevé l’extrême efficacité des fourmis qui peuvent lever dix fois leur masse, précise Jean-Christophe Fauroux. Ensuite, le fait que les fourmis travaillent en parallèle : quand un gros objet est à ramener à la fourmilière, elles s’y mettent à plusieurs. Ceci n’est pas trop exploité en robotique, où l’on trouve plutôt des notions de gammes : petit robot, moyen robot, gros robot. Notre idée était alors d’optimiser la brique élémentaire et de pouvoir facilement la répéter pour pouvoir s’adapter à la taille de la tâche. Enfin, les fourmis tropicales sont capables de se connecter pour établir des ponts de plusieurs dizaines de centimètres qui peuvent porter les individus, pour passer d’une feuille à une autre. Nous en avons retenu la notion d’extension de l’espace de travail, le fait d’avoir plusieurs individus qui se connectent les uns aux autres pour aller plus loin ou pour s’adapter à une tâche inaccessible pour un individu isolé.”
C’est ainsi que MecaBotix imagine l’agrégation de plusieurs mono-robots pour construire des poly-robots. “La moitié des surfaces des entrepôts sont utilisées par des allées, poursuit-il. Nous pouvons réduire ces allées grâce à des quadribots, c’est-à-dire des entités robotiques très stables qui portent des charges entre leurs pattes et peuvent déposer les charges sur le côté sans devoir faire la manœuvre de quart de tour que font tous les chariots élévateurs pour se mettre face à l’étagère et qui imposent des allées larges.” Lauréate du 24e concours d’innovation i-Lab opéré par Bpifrance dans le cadre du plan France 2030 en juillet, MecaBotiX prépare une levée de fonds, à hauteur de 2 millions d’euros.
