Le Banc National d’Épreuve ajuste le tir et vise une forte croissance
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Le Banc National d’Épreuve ajuste le tir et vise une forte croissance

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Spécialisé dans les tests, l’homologation et la destruction des armes, le Banc National d’Épreuve de Saint-Etienne mise notamment sur le contexte géopolitique international propice au réarmement pour accélérer son développement. Dans la mire, le développement et la diversification de ses activités avec un volet important à l’international.

Nicolas Bonnet, le directeur général de la CCI métropolitaine et Irène Breuil, la présidente de la délégation stéphanoise de la chambre consulaire — Photo : Gilles Cayuela

Passer de 2,93 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023 à cinq millions d’euros sous trois ans. C’est l’objectif que s’est fixé le Banc National d’Épreuve de Saint-Etienne (BNE). Fondé en 1782, ce service unique en France est spécialisé dans l’épreuve des armes, la neutralisation et la destruction des armes, l’homologation des munitions et les essais de résistance balistique des matériaux (gilets pare-balles, blindages, etc.).

Chaque année, 60 000 armes à usages civils (chasse, sport, police) passent par cet établissement de 38 salariés, géré par la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne, pour obtenir le précieux poinçon BNE nécessaire à leur commercialisation sur le sol français. "On ne fait pas d’échantillonnage. Toutes les armes sont scrupuleusement testées afin de vérifier la sécurité de leur usage", précise Nicolas Bonnet, le directeur général de la CCI métropolitaine.

Boosté par la loi de programmation militaire

En croissance de plus de 37 % entre 2022 et 2023, le chiffre d’affaires du BNE devrait poursuivre sa progression dans les années à venir sous l’impulsion notamment de la nouvelle loi de programmation militaire, qui prévoit une enveloppe conséquente de 413,3 milliards d’euros (+40 %) pour les armées françaises sur la période 2024-2030. "On voit déjà poindre une augmentation des commandes qui nous sont faites, soit par les fournisseurs qui viennent nous faire tester des plaques qu’ils fabriquent pour des blindés ou directement par des fabricants comme Nexter ou Arquus qui viennent nous faire tester leur production", confie Nicolas Bonnet.

60 000 armes à usages civils passent chaque année par le Banc National d’Épreuve de Saint-Etienne — Photo : Gilles Cayuela

Toujours dans le cadre de cette loi, le BNE pourrait être appelé à devenir l’un des maillons essentiels de la reconstitution d’une filière munitions de petits calibres en France. Dans cette optique, le BNE pourrait être chargé d’assurer la vérification et l’homologation des munitions et bénéficier de financement de l’État pour accroître ses capacités avec à la clé "une extension de 20 à 25 % envisagée", confie le directeur général de la chambre consulaire. "Nous avons les réserves foncières suffisantes pour le faire ici. En fonction de nos différents projets, les investissements sur les trois prochaines années pourraient atteindre entre 1 et 1,5 million d’euros", complète l’intéressé.

L’international dans la mire

Pour atteindre les 5 millions d’euros de chiffre d’affaires sous trois ans, le BNE mise aussi sur le développement de son activité à l’international. Membre de la CIP, la Commission internationale permanente pour l’épreuve des armes à feu portatives, le BNE travaille d’ores et déjà avec une quinzaine de pays dans le monde sur l’homologation et l’accréditation des armes. Et entend bien continuer à s’appuyer sur son rôle au sein de cette instance international pour se développer.

"Nous recevons fréquemment des délégations étrangères - dernièrement des Émirats arabes unis - pour les accompagner sur différents volets dans un contexte de sécurité internationale tendue", explique Nicolas Bonnet. Et d’ajouter : "Récemment, nous avons également signé une convention avec l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) pour accompagner et former le Kosovo et 14 autres pays des Balkans sur la neutralisation des armes à feu. C’est un axe important de notre développement".

Le BNE qui réalise déjà "60 à 70 %" de son chiffre d’affaires à l’étranger, entend donc accentuer son démarchage à l’international pour "aller plus loin dans l’accompagnement en matière d’ingénierie des pays étrangers".

Unique en France, le Banc National d’Épreuve de Saint-Etienne a été fondé en 1782 — Photo : Gilles Cayuela

Vers la création d’une entité juridique ?

Autre piste de croissance : la collecte et la destruction des armes. Mandaté en septembre dernier par l’État pour assurer cette mission sur plusieurs départements, dans la Loire, le Rhône et la Drôme, le BNE verra, dès le mois d’avril, son champ d’intervention s’élargir aux Bouches-du-Rhône et aux départements d’Outre-Mer. "À ce jour, 50 000 armes ont été collectées", précise Nicolas Bonnet, qui entend bien à terme voir cette compétence s’étendre à l’ensemble du territoire national.

Toutes ces perspectives de croissance, et notamment les développements à l’international, pourraient entraîner à terme une évolution juridique du BNE. "Certaines diversifications pourraient effectivement nous amener à travailler en partenariat avec des investisseurs pour accélérer des développements et donc à envisager de créer une entité juridique. Quoi qu’il en soit, nous avons des missions régaliennes, nous resterions donc majoritaires", conclut le directeur général de la CCI métropolitaine.

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