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L’atelier de maroquinerie Sun-Belt change de dimension
Tarn # Luxe # Investissement industriel

L’atelier de maroquinerie Sun-Belt change de dimension

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À la faveur de partenariats conclus avec des maisons françaises, l’atelier de maroquinerie Sun-Belt, en forte croissance, est à l’aube d’un projet d’investissement global de 10 millions d’euros, dont le recrutement de 150 artisans dans les 5 ans.

Thibault et Olivier Carayol codirigent l’atelier de maroquinerie Sun-Belt — Photo : Léo Arcangeli/Région Occitanie

L’atelier de maroquinerie Sun-Belt (85 collaborateurs, CA 2023 : 3,80 M€), basé à Aussillon (Tarn), va changer de dimension à la faveur de partenariats avec de grandes maisons françaises de haute couture pour lesquelles il produira des articles à haute valeur ajoutée. Cette PME familiale créée en 1989 à Mazamet par Olivier Carayol, artisan maroquinier, devrait en effet lancer au printemps 2024 les travaux de construction d’un bâtiment, dans le secteur de Labruguière, destiné à accueillir 150 artisans dans un premier temps, puis jusqu’à 300 artisans dans les 10 ans. Elle espère voir l’ensemble livré au printemps 2025. Le projet global (masse salariale, matériels, immobilier) représente un investissement d’environ 10 millions d’euros que l’entreprise va financer par dette bancaire et fonds propres. L’agglomération de Castres-Mazamet et la Région Occitanie sont mobilisées pour apporter des aides financières, des demandes de subventions sont en cours d’instruction.

Plan de transmission

“Porter un projet aussi grand pour une petite PME, c’est compliqué”, souffle Thibault Carayol, 30 ans, qui codirige l’entreprise avec son père. “Nous allons épuiser quasiment toute notre trésorerie, détaille-t-il. Alors, nous attendons encore un coup de pouce, d’autant plus que nous allons créer des emplois qualifiés et pérennes dans une zone à faible développement économique.” À l’origine, Sun-Belt faisait du réassort de collection pour la marque Chevignon. L’industrie de la maroquinerie de moyenne gamme périclitant dans le Tarn au milieu des années 1990, Olivier Carayol a pris le virage du haut de gamme, après l’acquisition d’une grande maison française par le fondateur de la marque Chipie, pour laquelle il travaillait aussi. Surfant sur la croissance de l’industrie du luxe, l’atelier de maroquinerie Sun-Belt a grandi, passant de 20 à 80 artisans, malgré un creux durant la pandémie. Il a aussi diversifié son portefeuille clients, à un moment où les grandes maisons françaises cherchaient de nouveaux partenaires. En 2022, la PME tarnaise a ainsi décroché un contrat qui lui a permis d’embaucher 20 artisans. Jusqu’à cette nouvelle étape, donc, qu’elle s’apprête à franchir en 2024. Fort de son double cursus ingénieur-école de commerce (Mines Alès et Audencia), Thibault Carayol, lui, mène les projets de développement de l’entreprise détenue à 100 % par son père. “Nous mettons en place ce mois-ci un plan de transmission sur les prochaines années, qui va s’articuler jusqu’à son départ à la retraite. À terme, je serai actionnaire majoritaire, au côté de ma sœur, qui n’est pas active dans la société, et de mon père, qui garderait des parts.”

Industrie du futur

Depuis son arrivée en 2017, le jeune dirigeant s’est employé à structurer l’entreprise, notamment avec le soutien de la société Toptech, experte dans l’amélioration de la compétitivité des organisations, et du programme national “Industrie du futur”. Thibault Carayol a aussi placé le recrutement et la formation des artisans maroquiniers au cœur de la stratégie de l’entreprise. “Depuis les années 1990, le métier n’existe plus, il n’y a plus de filière de formation qui permette de recruter 30 artisans par an, indique-t-il. Avec Pôle Emploi, nous avons créé un dispositif unique pour former des personnes en recherche d’emploi ou sans qualification. En moyenne, sur 80 candidats qui sont intéressés par le métier de maroquinier, 10 intègrent la formation, qui comporte un stage dans notre entreprise, et 8 sont embauchés en CDI.”

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