La start-up lilloise Vegskin franchit une nouvelle étape. Sa matière végétale, pensée comme une alternative au cuir, est désormais au point. Elle est conçue à partir de déchets de bananes, sourcés dans les Hauts-de-France. L’entreprise a démarré en mars une levée de fonds de 750 000 euros, dont 500 000 euros en capital-risque et le reste en non-dilutif. L’objectif est se doter d’un atelier de production, de recruter 4 collaborateurs d’ici la fin de l’année et enfin, d’accélérer la commercialisation, en participant à des salons nationaux et internationaux.
30 à 40 mètres de matière par jour
Loïc Debrabander, associé dans ce projet avec sa femme, souhaite installer cet atelier dans la métropole lilloise. L’outil sera dimensionné pour produire, par jour, trente à quarante plaques Vegskin d’1 mètre par 1 mètre. Il s’agit d’une étape avant la mise en place d’un outil industriel plus important, qui fera l’objet d’une deuxième levée de fonds. La start-up, qui ne communique pas son chiffre d’affaires, compte être rentable d’ici 2027.
Vegskin vise pour l’heure la maroquinerie et l’horlogerie de luxe, les clients ayant chacun leur propre vision du fini du produit. "Nous fabriquons un produit brut et nous travaillons avec des tanneries, qui posent les couches extérieures demandées", explique le dirigeant. Des premières commandes d’échantillons sont signées avec de grandes marques. Ces dernières vont faire des essais (tests matière, prototypages, préséries, collections capsules, etc.) avant d’engager des contrats à long terme.
Une alternative responsable
Avec ce produit, les deux associés ont à cœur de résoudre des problématiques environnementales et de souffrance animale. "90 % du cuir qui circule en France est importé, sans traçabilité", souligne le dirigeant. La recette exacte de Vegskin est secrète et un dépôt de brevets est en cours. "La demande porte à la fois sur le process et la matière", précise l’entrepreneur, qui attend un retour d’ici l’été. Vegskin n’emploie que des bananes ainsi que des additifs végétaux et minéraux, lui permettant de revendiquer un produit 100 % biosourcé. "Nous récupérons les bananes jugées non conformes entre l’étape de l’importation et celle de la grande distribution", détaille-t-il. Vegskin envisage de travailler avec d’autres fruits, tant qu’il peut les sourcer localement. Il réfléchit aussi à une nouvelle formulation de sa matière, pour conquérir le marché de masse.
