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L'activité d'Eurenco portée par son contrat de 966 millions de dollars avec l’Armée américaine
Vaucluse # Défense # International

L'activité d'Eurenco portée par son contrat de 966 millions de dollars avec l’Armée américaine

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Le groupe Eurenco, basé à Sorgues dans le Vaucluse, a tout récemment décroché un contrat de 966 millions de dollars avec l'armée américaine, en partenariat avec l'entreprise Day & Zimmermann basée au Texas. Une nouvelle usine devrait ainsi voir le jour sur le sol américain. En parallèle, le groupement investit sur son siège de Sorgues (Vaucluse) et sur son site Bergerac (Dordogne).

Yves Traissac, directeur général du groupe Eurenco — Photo : D.R.

Le groupe Eurenco (1 200 salariés, 370 millions d’euros de CA), l’un des leaders européens de fabrication d’explosifs et d’additifs pour carburants destinés aux marchés civils et de la défense, siégeant à Sorgues, dans le Vaucluse, a récemment remporté un contrat de 966 millions de dollars auprès de l'US Army, en partenariat avec l’entreprise américaine Day & Zimmermann (2,7 milliards de dollars de CA). "La décision de l’armée américaine a été prise à la suite d’une visite de nos sites en France. Le contrat prévoit la fabrication de charges modulaires d’artillerie pour des canons de 155 mm pour une durée de cinq années. Nous allons ainsi nous installer sur le site de notre partenaire américain, à Texarkana, au Texas", explique en préambule Yves Traissac, directeur général du groupe Eurenco. L’objectif de l’usine américaine est de produire 1,5 million de charges modulaires par an, soit deux fois plus que la capacité actuelle du site industriel historique d’Eurenco basé à Bergerac, en Dordogne. " Dans notre collaboration avec Day & Zimmermann, nous allons copier le concept de l’usine de Bergerac. Nous gardons toutefois toujours la propriété du produit. L’idée de créer une entité sur place a été conclue en un mois, ce qui est un record. Les contrats avec l’armée américaine mettant en général plutôt au moins deux années avant de se concrétiser ", ajoute le directeur général.

Cinq années de production sont assurées

L’usine devrait ainsi être prête d’ici à quinze mois et cinq ans de production sont donc assurés. L’armée américaine souhaitant en effet développer très fortement sa capacité actuelle de production de boîtiers modulaires, en raison du contexte géopolitique et notamment du conflit russo-ukrainien. " Notre nouvelle ligne de production à Texarkana viendra compléter nos activités actuelles dans le domaine des additifs pour carburants à Houston. Nous avons un savoir-faire reconnu. Notre nitrocellulose qui sera vendue aux Américains ne laisse aucune trace dans le canon", précise-t-il. L’activité de l’entreprise porte en effet sur la fabrication de poudres qui permettent de propulser des balles, obus et missiles à partir d’une matière première, la nitrocellulose, également fabriquée sur le site de Bergerac. Eurenco produit par ailleurs des explosifs sur le site de Sorgues dans le Vaucluse, où est également fabriqué un additif pour le carburant diesel vendu aux pétroliers.

Usine flambant neuve à Bergerac

Si le contrat décroché Outre-Atlantique est un contrat majeur qui ne va pas avoir de répercussion sur le site de Bergerac (la fabrication ayant lieu aux États-Unis), en revanche, l’ancienne poudrerie de Bergerac, qui emploie 245 salariés, va également bénéficier d’investissements. Le groupe Eurenco est en effet en train de construire une usine flambant neuve , destinée à la production de poudre de gros calibre, sur son second site français, dont la mise en service est prévue pour la mi-2025. Un investissement de près de 60 millions d'euros, financé à hauteur de 10% par l'Etat. Une réindustrialisation qui devrait permettre à l’entreprise de gérer l’ensemble de la fabrication de ces produits du début à la fin. Les matières premières constituées de nitrocellulose donnant les poudres seront donc produites sur place. "Tout ceci sera mis dans des boîtiers qui constituent des charges modulaires", explique Yves Traissac. Eurenco sera alors en capacité de livrer à ses clients français, comme Nexter, ou étrangers. Ces derniers approvisionnent les armées des pays ou l’Otan. "Nos clients reconnaissent notre savoir-faire et notre exigence en termes de sécurité dans la fabrication. L’entreprise a su faire preuve d’innovation depuis le début des années 2000. Elle a aussi réalisé des diversifications réussies. Tout ceci a conduit à la croissance actuelle " explique Yves Traissac.

Un million d’euros investi dans son siège social

Le groupe Eurenco a par ailleurs inauguré son nouveau siège social (2 000 m² avec possibilité d’extension de 1 000 m²) en fin d’année 2023, transféré de Massy en région parisienne, à Sorgues, à quelques centaines de mètres de son site de production, pour un budget d’un million d’euros qui a servi à réaménager d’anciens locaux appartenant jusque-là à la société Saint-Gobain. Les perspectives de croissance d’Eurenco sont ambitieuses. L’entreprise va réaliser 370 millions d’euros en 2023, et se fixe pour objectif d’atteindre 500 millions d’euros en 2024 et un milliard d’euros en 2030. Pour mener à bien ce développement, de nombreux recrutements sont prévus. 200 embauchées ont été réalisées sur l’année écoulée. L’entreprise a également des projets de partenariats, en plus de sa croissance interne.

Le groupe compte également deux autres sites de production en Europe, à Clermont en Belgique et à Karskoga, en Suède.

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