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La Région Sud dévoile Or bleu, son plan pour éviter la guerre des usages de l'eau
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La Région Sud dévoile Or bleu, son plan pour éviter la guerre des usages de l'eau

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La Région Sud a révélé les détails de son plan " Or bleu ". Un plan à 3,5 milliards d’euros, qui repose sur la sobriété, la lutte contre les fuites, la récupération de l’eau douce de Saint-Chamas, la production d’eau potable et la réutilisation des eaux usées.

Deux mois après l’annonce du Plan Eau national par le président de la République, le président de la Région Sud, Renaud Muselier, a réuni tous les acteurs pour montrer que des solutions existent face au manque d’eau — Photo : Yann Bouvier

Annoncés dès le mois de mars, les "États régionaux de l’eau" viennent de dévoiler les mesures concrètes que la collectivité régionale compte soutenir pour anticiper le manque d’eau. Pour Renaud Muselier, président de la Région Sud, "réutiliser l’eau, la préserver et moderniser les canaux sont aujourd’hui les principales solutions pour lutter contre la sécheresse." Une enveloppe de 3,5 milliards d’euros sera investie. Dans le détail, ce budget sera porté par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée à hauteur de 2,5 milliards d’euros jusqu’en 2028, soit 500 millions d’euros par an dans les territoires. S’y ajoute un budget sur l’hydraulique agricole d’un milliard d’euros : 620 millions d’euros portés par la Société du Canal de Provence jusqu’en 2028, 105 millions d’euros au titre du projet Hauts de Provence Rhodanienne Nord Vaucluse et 315 millions d’euros issus de l’étude Prohydra (Programme régional pour l’hydraulique agricole à l’horizon 2028).

Ce plan Or bleu s’appuie sur des financements et une méthode. Il est le "fruit d’un long travail, qui tient compte de ce qui s’est passé dans chacun des départements (des assises de l’eau se sont tenues dans chaque département ces derniers mois, NDLR). Il s’inspire aussi de l’expérience de la Catalogne et de notre récent voyage organisé en Israël, qui détient un savoir-faire unique", détaille Renaud Muselier.

Économiser l’eau

Le plan Or bleu pour préserver l’eau et anticiper les besoins s’articule autour de six axes : améliorer la gouvernance, poursuivre la modernisation des réseaux d’irrigation, se positionner comme collectivité exemplaire sur son patrimoine, promouvoir la sobriété, développer l’innovation et communiquer vers le grand public sur la nécessaire sobriété de tous dans les usages de l’eau. Dès cet été, une campagne de sensibilisation des habitants et touristes leur recommandera d’ailleurs de réduire l’usage de l’eau.

La Région Sud a aussi annoncé le déblocage d’une enveloppe de 10 millions d’euros pour montrer l’exemple à travers l’installation de récupérateurs d’eau de pluie sur l’ensemble du patrimoine régional (lycées, bureaux, bâtiments) d’ici 2025, l’équipement de matériel d’économie d’eau de 100 % des lycées et l’achat de récupérateurs d’eau de pluie pour les particuliers, à partir de janvier 2024.

"Il faut une prise de conscience des opérateurs locaux"

Un autre volet concerne la lutte contre les fuites, un volet que la région entend accompagner en complément du financement de l’agence de l’eau pour les territoires ruraux. "Là où les pertes atteignent 70 %, il faut une prise de conscience des opérateurs locaux pour réaliser des investissements qui ne se voient pas forcément", a appelé Renaud Muselier.

Enfin, et non des moindres, une dérivation partielle des eaux de la centrale hydroélectrique de Saint-Chamas (EDF) est désormais à l’ordre du jour. Elle permettrait de réduire les rejets d’eau douce de moitié dans l’étang de Berre, d’augmenter la production hydroélectrique et de valoriser la ressource en eau vers l’agriculture de la plaine de La Crau, vers le bassin industriel de Fos et vers des usages domestiques. L’investissement se chiffre à plus d’un milliard d’euros, sur 10 ans de travaux. Si le projet a longtemps été jugé trop onéreux et trop complexe, "la crise énergétique, le réchauffement climatique et le stress hydrique ont aujourd’hui changé la donne", confie Olivier Darrason, délégué général du club des investisseurs de la Méditerranée du futur, qui rassemble de grands investisseurs publics et privés des deux rives de la Méditerranée pour améliorer le financement des projets sur l’ensemble du bassin méditerranéen.

Produire et réutiliser

Parce que la sobriété n’est pas suffisante. La collectivité régionale a annoncé le lancement de la plus grande expérimentation de France de réutilisation des eaux usées, pour passer à 10 % de réutilisation soit 50 millions de mètres cubes. Cette expérimentation sera réalisée en lien avec l’Université d’Aix-Marseille, la Société du Canal de Provence, Suez et Veolia. Pour le président de la région, il y a là un gisement qui ne demande qu’à être recyclé et des réussites dans d’autres pays doivent "nous inspirer" : "En Israël, à Tel Aviv, 100 % des eaux usées sont retraitées grâce à une technologie mise en place par Veolia et Suez. En Catalogne, 24 % des eaux usées sont récupérées et ils vont jusqu’à la boire."

Parallèlement, un appel d’offres va être lancé pour le développement d’une unité mobile de production d’eau potable. Il s’agit d’unités, 100 % autonomes, qui permettent de transformer l’atmosphère en eau, pouvant produire jusqu’à 800 litres d’eau par jour. Pour la Région, tous ces exemples concrets d’investissements, mis bout à bout, doivent permettre un usage de l’eau optimisé, que ce soit l’eau potable, l’eau pour l’agriculture, l’eau pour l’industrie ou encore le tourisme.

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