Après quatre ans d’absence pour cause de crise sanitaire, les portes de la 54e édition du Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace (SIAE), plus familièrement appelé Salon du Bourget, se sont rouvertes du 19 au 25 juin 2023 à Paris. Un rendez-vous attendu de pied ferme par le monde de l’aviation, du spatial et de la défense à un moment où l’activité dans ces secteurs d’activité connaît un nouveau boom commercial sur fond de redécollage de l’activité du transport aérien. Avec notamment la plus grosse commande jamais passée sur le salon parisien par la compagnie indienne Indigo pour l’achat de 500 avions Airbus A320 Neo ! De quoi faire décoller les carnets de commandes de la cinquantaine d’entreprises normandes (PME et ETI) venues exposer leurs innovations et savoir-faire sur le stand de près de 1 000 m2 déployé pour elles par Normandie AeroEspace (NAE), la filière normande de l’aéronautique, du spatial et de la défense (167 membres qui représentent 21 500 salariés et un chiffre d’affaires cumulé de plus de 4 milliards d’euros), avec le soutien de la Région Normandie. "Nous avons préparé cet important rendez-vous pendant un an avec le Gifas (groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales organisateur du salon du Bourget, NDLR) avec un stand plus grand pour accueillir nos 46 entreprises invitées, un nouvel espace VIP pour les négociations commerciales et un espace dédié à nos démonstrateurs. Une présence stratégique pour exposer nos entreprises, montrer qu’elles montent en puissance et qu’elles proposent de nombreuses innovations", s’enthousiasme Philippe Eudeline, président de Normandie AeroEspace.
Présentation de plusieurs projets collaboratifs
Engagée pour une décarbonation forte de l’aéronautique, la filière normande a axé sa feuille de route technologique sur les systèmes de propulsion selon le type d’énergie : biocarburants, hydrogène et électrique, et les verrous technologiques à lever. Au Bourget, NAE a notamment présenté ses démonstrateurs technologiques baptisés "Demotech". Parmi ceux-ci, les visiteurs et prospects du salon ont pu découvrir un convertisseur de puissance nouvelle génération et fiabilité électronique associée, développé par PowerSystem Technology, spécialiste de la conception et de la fabrication d’alimentations à découpage haute puissance (basée à Berd’huis dans l’Orne) avec 7 autres partenaires et entreprises normands, dans le cadre du projet Européen Cleansky 2, avion électrique du futur. Était également visible le projet de continuité numérique et fabrication additive, mené par MSC Scanning, expert en solutions 3D (basée à Reux dans le Calvados) en collaboration avec le CESI, avec la réalisation d’une pâle d’hélice en fabrication additive polymères. Et en vedette sur le stand NAE, un démonstrateur de moteur thermique d’aviation légère transformé en moteur à hydrogène. Un projet porté par la société d’ingénierie et d’études techniques FEV (basée à Saint-Etienne-du-Rouvray en Seine-Maritime) en collaboration avec une dizaine d’entreprises de la région, fédérées autour d’un projet lancé par NAE, en réponse à la feuille de route pour la décarbonation de l’aéronautique.
Des projets collaboratifs portés par NAE face aux attentes des marchés aéronautique, spatial défense & sécurité qui évoluent, mais aussi des grands clients étatiques (DGA, OTAN…) et privés (Safran, Thales, Nexter, Arquus…) qui se tournent aujourd’hui davantage vers des intégrateurs ou assembleurs capables de proposer des systèmes complets ou une fonction, et de moins en moins vers des sous-traitants ou fournisseurs d’un seul élément du système. Des projets partagés et des innovations qui pourraient renforcer les positions commerciales des entreprises normandes.
Près de 2 000 postes à pourvoir en 2023
La bonne santé retrouvée du secteur de l’aéronautique, et les besoins dans les domaines du spatial et de la défense, entraînent une demande soutenue de recrutements en Normandie. Ainsi, pour l’année 2023, près de 2 000 postes sont à pourvoir en région. "Nous sommes à un moment où les donneurs d’ordres passent des commandes à 18 mois, cela veut dire que les entreprises ont de la visibilité et peuvent recruter et investir", se félicite Philippe Eudeline. Mais il ne suffit pas toujours de vouloir, il faut aussi réussir à recruter dans une période où ces secteurs d’activité peuvent souffrir d’une image dégradée auprès de potentiels candidats : "Ce qui manque aujourd’hui, c’est l’envie de venir vers nos métiers qui ont souffert de l’industrie bashing et de l’aéro bashing", s’inquiète le président de NAE. Face à cette défiance, notamment venant de la jeunesse, NAE a décidé d’accueillir sur son stand du Bourget 1 500 collégiens et lycéens afin de leur faire partager l’enthousiasme des entreprises normandes présentes, et de leur présenter les technologies innovantes et savoir-faire normands. De quoi déclencher des vocations entre technologies dernier cri et démonstration d’aviation militaire et civile sur le tarmac du plus grand salon de l’aéronautique et de l’espace.
