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La Fraiseraie fait pousser de nouvelles ambitions touristiques sur son futur site
Loire-Atlantique # Biens de consommation # Production

La Fraiseraie fait pousser de nouvelles ambitions touristiques sur son futur site

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Connue et reconnue pour ses glaces mais se définissant avant tout comme producteur de fruits rouges, la Fraiseraie a acquis un terrain de 100 hectares à Pornic (Loire-Atlantique) pour gagner en autonomie sur son approvisionnement et y ériger un atelier plus moderne. La PME, très attachée à son port d’attache, réfléchit aussi à faire de son futur site un lieu tourné vers l’agritourisme.

La Fraiseraie est connue du grand public pour ses glaces. "Mais nous sommes en premier lieu producteurs de fruit", remarque son PDG Alain Têtedoie — Photo : HIHN Jessy

L’institution qu’est la Fraiseraie à Pornic comme dans toute la Loire-Atlantique a en germe des projets de développement dont les contours mûrissent dans l’esprit de la famille dirigeante du producteur de fruits rouges et glacier et qui devraient fleurir entre 2025 et 2030. Avec trois idées-forces : moderniser et agrandir l’atelier de production, faire du futur site un lieu aussi dédié à l’agritourisme et favoriser le circuit court pour l’approvisionnement en fruits. Des fraises et framboises qui, transformées, deviennent aussi bien des sorbets que des confitures, distribués dans les boutiques siglées la Fraiseraie. La PME 100 % familiale dirigée par les Têtedoie père (Alain) et enfants (Pierre et Typhaine) a acquis en janvier 2021 100 hectares de terrain où pousseront ses nouvelles ambitions.

C’est en 2015 qu’Alain Têtedoie reprenait l’entreprise auprès de Jean-Yves Maillard, fils du fondateur de la Fraiseraie en 1970, Joseph Maillard. "En six ans, nous avons développé l’activité d’environ 50 %", remarque l’actuel PDG. La PME, qui emploie entre 40 et 50 collaborateurs, affiche aujourd’hui un chiffre d’affaires qui avoisine les 7 millions d’euros, en progression de 15 à 20 % comparativement à 2020, année où le Covid a heurté l’activité.

Désormais, le principal projet de la Fraiseraie porte sur son métier historique, paradoxalement le moins connu : la production de fruits. "C’est celui que l’on veut remettre en avant telle l’église au milieu du village, insiste le dirigeant. Nous sommes avant tout producteur". "C’est notre ADN, appuie Pierre Têtedoie, nous voulons être reconnus pour ce métier autant que nous le sommes comme glacier." Sur ses deux sites, Pornic et Saint-Julien-de-Concelles, la Fraiseraie produit chaque année 170 tonnes de fraises (et 5 tonnes de framboise). Leurs destinations : 25 tonnes sont vendues en barquette dans les boutiques de la PME, 25 autres directement auprès du consommateur depuis les sites de culture et 50 tonnes à des pâtissiers ou autres revendeurs (boutiques, commerçants sur les marchés…). Les 70 dernières tonnes sont transformées, dans l’atelier de Pornic, en glace, confitures, sirop et autres produits commercialisés dans les points de vente de la Fraiseraie.

Pierre et Alain Têtedoie : " Nous nous sentons certes dirigeants de la Fraiseraie, mais pas propriétaires." — Photo : Cyril Raineau

Une autosuffisance en fruit à faire évoluer de 40 à 80 %

"Les fraises et framboises que nous cultivons représentent 40 % des fruits que nous transformons ou vendons, autrement dit constituent 40 % de notre approvisionnement, précise Alain Têtedoie. Notre projet est d’aller vers une autosuffisance à plus de 80 % en produisant d’autres fruits rouges comme la mûre, le cassis, la groseille, la myrtille…" Les 20 % restants englobent les fruits impossibles à produire localement (banane, vanille…). L’hypothèse de cultiver du sarrasin trotte également dans l’esprit de la famille Têtedoie avec pour destination finale la transformation en galettes : la Fraiseraie est en effet propriétaire de deux crêperies, l’une à Pornic, l’autre depuis l’été 2021 au château des Ducs de Bretagne à Nantes. Un éventail de métiers qui fait dire au PDG : "Nous allons de la fourche à la fourchette."

L’un des métiers de la PME de Pornic, transformer les fruits qu’elle cultive — Photo :  Melanie Chaigneau

Vers un site agritouristique en lien avec le territoire

Pour accorder actes et ambition, la Fraiseraie a trouvé, en lien avec la municipalité de Pornic, un terrain de 100 hectares toujours sur le territoire de la commune, acquis par l’entreprise en janvier 2021. "Ce foncier agricole va nous permettre de reconstruire nos serres et autres outils agricoles", note le PDG. C’est sur ce même foncier que sera érigé le futur atelier de transformation des matières premières. "L’actuel est vieillissant, trop petit et enclavé, avec l’impossibilité de repousser les murs."

En acquérant un nouveau terrain toujours à Pornic, la Fraiseraie entend cultiver davantage de fruits rouges — Photo : Melanie Chaigneau

Le futur site de la Fraiseraie aura, selon la volonté de la famille dirigeante, une vocation touristique. "Nous voulons répondre à une question que de plus en plus de consommateurs nous posent : comment produisez-vous vos glaces ? À cette interrogation, il est difficile de répondre en quelques mots en boutique. Nous souhaitons donc offrir la possibilité de venir sur place pour découvrir la manière que nous produisons, transformons, avec une transparence totale de ce que nous faisons."

La forme précise que prendra ce site n’est pas définie. Mais des contours se dessinent avec une philosophie : "Ce sera un projet de territoire, expose Pierre Têtedoie, puisque nous faisons partie du patrimoine local. Nous nous sentons en effet certes dirigeants, mais pas propriétaires de la Fraiseraie". Son père abonde : "Quand nous avons repris la Fraiseraie en 2015, beaucoup de Pornicais étaient inquiets, se demandant ce que nous allions en faire." Cette vision collective et d’ancrage local a mené à la création d’un comité dit des bourdons qui participe à la réflexion. Il comprend un botaniste comme un urbaniste, un spécialiste du tourisme comme un élu de Pornic Agglo, un ex-prof du lycée agricole de Briacé et les dirigeants des Coteaux nantais…

Nouvel atelier et nouvelles cultures, ouverture au tourisme, voici qui engage l’entreprise financièrement : "Nous sommes en train de tout conceptualiser, l’investissement n’est pour l’instant pas déterminé, avoue Alain Têtedoie, mais nous sommes sur plusieurs millions d’euros. Car nous construisons notre avenir pour les 20 à 30 années à venir."

Échec aux Sables d’Olonne

Un avenir qui passe aussi par une diversification autour des produits transformés à partir des fruits cultivés. Le plus connu est bien sûr la glace, 48 parfums, avec un million de cornets la Fraiseraie avalés chaque année. Côté épicerie fine, la PME affiche 300 références. Une nouvelle orientation s’annonce "avec notre propre laboratoire de pâtisserie ici à Pornic, fait savoir PDG, nous allons monter en charge sur cette offre pâtissière avec des pâtisseries fraîches en plus de pâtisseries glacées que nous proposons déjà, telle que la galette des Rois en janvier."

Tous ces projets pourraient nourrir un appétit grandissant d’ouverture de points de vente. À ce jour, la Fraiseraie dispose de douze boutiques (glacier et épicerie fine) et quatre kiosques (glace uniquement), tous en gestion propre, tous en Loire-Atlantique à l’exception du point de vente de Noirmoutier en Vendée. "Nous étions présents aux Sables d’Olonne durant deux-trois ans, mais nous n’avons pas remporté le succès escompté et avons fermé en 2019. En Vendée, c’est toujours un peu plus compliqué quand on est Nantais", déplore Alain Têtedoie.

L’expérience vendéenne a refroidi le glacier "alors que nous pensions, lorsque nous avions repris l’entreprise, nous implanter dans d’autres départements." Plus question donc d’aller tenter l’aventure ailleurs.

Reste que le nom La Fraiseraie donne goût à l’entrepreneuriat. "Nous sommes régulièrement sollicités pour des projets de franchise, nous regardons pour des partenariats en Bretagne, nous verrons sous quel format, mais ce ne sera pas en gestion propre." Un nom qui résonne fortement aussi auprès des saisonniers. "Pour l’ensemble de nos activités, entre avril et septembre, dont le pic de juillet-août, nous passons de 40-50 permanents à 200 voire 250 collaborateurs. Rien que pour les boutiques, sur ces deux mois d’été, nous accueillons 70 étudiants" remarque Alain Têtedoie. Et de souligner "qu’avant Covid, sans poster d’annonce, nous recevions 1 000 CV." Voici, comme il le dirait lui-même, qui replace l’église au milieu du village.

La crise Covid a eu raison de la cueillette par les particuliers

Un million de cornets la Fraiseraie sont vendus chaque année — Photo : HIHN Jessy

25 tonnes des fruits cultivés étaient vendues directement auprès des consommateurs avant le Covid. La crise sanitaire et les mesures de précaution qu’elle imposait ont mis un terme à la cueillette sur site.

Cette offre s’est transformée en un concept se rapprochant du drive, à la nuance près que le client ne passe pas commande en amont mais se rend sur le lieu de culture de la Fraiseraie aux heures d’ouverture pour effectuer ses achats.

Lorsque les normes sanitaires seront du passé, la cueillette reprendra-t-elle ses droits ? "Non c’est terminé pour l’instant, fait savoir le PDG, puisque nous avons désormais une meilleure maîtrise sanitaire des fruits, les gens qui les cueillaient en laissant au sol, abîmant aussi parfois les plantes…" Et d’avouer que "sans le Covid, nous n’aurions jamais songé arrêter, tant la cueillette étant une institution." 25 tonnes de fraises étaient ainsi vendues chaque année.

Au sujet de la production, Alain Têtedoie joue du reste la transparence auprès du consommateur : "Nous ne sommes pas en culture biologique, mais en conventionnel. Toutefois, nous nous en approchons. Nous n’utilisons quasiment que des produits homologués en bio, mais nous n’aurons jamais la certification car nous cultivons dans de la tourbe, pas dans le sol. Or, aujourd’hui, pour être certifié bio en France, il faut cultiver dans le sol." Et de préciser :" Être bio n’est pas un fin en soi, nous cultivons de la manière la plus saine possible à défaut d’avoir une certification."

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