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La filière automobile signe un nouveau contrat stratégique pour vendre 800 000 véhicules électriques en 2027
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La filière automobile signe un nouveau contrat stratégique pour vendre 800 000 véhicules électriques en 2027

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Prenant le relais du précédent contrat de filière, un nouvel engagement stratégique est signé pour le secteur de l’automobile pour la période 2024-2027. La filière mise sur l’électrique, à l’approche de l’échéance de 2035 et de la fin de la vente des véhicules thermiques.

400 000 bornes de recharge de véhicules électriques devront être installées en 2030 — Photo : Pandora Studio

D’ici 2027, la filière automobile devra vendre 4 fois plus de véhicules 100 % électriques, soit 800 000 véhicules contre 206 000 vendus en 2022. Le nouveau contrat stratégique de la filière, signé le 6 mai par l’État, Régions de France et le Comité stratégique de la filière automobile, comporte six projets structurants qui doivent permettre d’atteindre plusieurs objectifs en termes d’emplois, d’industrialisation et de production.

Pour les véhicules utilitaires légers, l’objectif est de multiplier les ventes par 6 pour passer de 16 500 véhicules électriques vendus en 2022 à 100 000 en 2027. 400 000 bornes de recharge devront être disponibles en 2030, contre 120 000 aujourd’hui.

Un contrat en six actes

Face à la concurrence internationale et à la fin de la vente des véhicules thermiques en 2035, le tournant est stratégique pour la filière automobile. Compétitivité et innovation, attractivité de la filière, souveraineté, transition énergétique et écologique, économie circulaire et gestion du parc existant sont les principaux champs d’action de ce contrat.

"Sur chacun de ces six actes, l’État s’est engagé", indique Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie. Notamment en assurant la reconduction des aides à l’achat et à la location longue durée.

Décarboner à tous les niveaux

Le nouveau contrat prévoit plusieurs actions sur la décarbonation de la filière. "Il faudra aller vers l’économie circulaire avec le recyclage des batteries et le développement du contenu de matière recyclée dans les véhicules neufs, qui est un enjeu considérable sur le plan économique et en termes de souveraineté", commente Marc Mortureux, directeur général de la Plateforme automobile (PFA). Le contrat prévoit notamment de mettre en place des filières de recyclage des batteries, des composants électroniques et des véhicules industriels.

Le parc existant est aussi concerné par cette décarbonation. "En 2035, il faudra décarboner 20 millions de véhicules en France. Les technologies comme le retrofit hybride, qui coûtent quelques milliers d’euros par véhicules et sont éligibles à la prime à la conversion, peuvent être rentables pour nos concitoyens", estime Roland Lescure.

Les transports professionnels concernés

Parmi les objectifs du contrat de filière, la décarbonation du transport de marchandises et du transport collectif de personnes et le verdissement des flottes d’entreprises sont également des priorités. Les signataires s’engagent à vendre 10 fois plus de camions électriques en 2027 qu’en 2023 pour atteindre, en 2030, 50 % des immatriculations neuves en électrique, et répondre ainsi aux objectifs fixés au niveau européen. Plusieurs professionnels se sont déjà engagés à passer à l’électrique : c’est le cas du distributeur Murgier en Nouvelle-Aquitaine ou encore du groupe Prêt-à-partir dans le Grand Est.

Le verdissement des flottes d’entreprises est un facteur "clé de la création d’un marché de l’occasion des véhicules électriques", selon le contrat. Un cadre pluriannuel incitatif sera fourni par les pouvoirs publics. Il prendra en compte les différents modèles d’activités pour les flottes de plus de 100 véhicules et sera particulièrement attentif pour certains acteurs, comme les loueurs de voitures.

Accompagner la mutation du secteur

La mutation du secteur automobile "touche toutes nos entreprises dont celles de la filière de sous-traitance avec des changements de métiers, des suppressions d’emplois et dans certains cas, des entreprises qu’il va falloir accompagner", prévient Luc Chatel, président de la PFA.

Avec 350 000 salariés sur l’amont (constructeurs, équipementiers et fournisseurs) et 500 000 salariés et indépendants sur le volet aval (commerce, maintenance, mobilité partagée, sécurité routière, recyclage) de la filière, le contrat prévoit aussi d’accompagner les reconversions professionnelles et de développer l’attractivité des métiers.

Un pacte européen pour l’automobile espéré

Pour Bruno Le Maire, le développement de la filière du véhicule électrique sur le vieux continent "passe aussi par des décisions commerciales européennes". "L’Europe doit adopter une politique commerciale qui protège nos industries, nos emplois et notre technologie. Il faut réserver les bonus aux véhicules électriques qui respectent les normes environnementales les plus strictes", plaide le ministre de l’Économie.

Du côté de la filière, la PFA appelle "à la rédaction d’un pacte européen pour l’automobile", indique Luc Chatel. Il s’agirait d’un "engagement mutuel entre l’industrie automobile, la Commission européenne et les États. Nous avons pris le sujet par le mauvais côté en choisissant la réglementation plutôt que l’innovation, la technologie et le marché. Il faut un grand programme stratégique sur l’automobile en Europe", souhaite l’ancien ministre.

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