L’ETI nordiste Baudelet, basée à Blaringhem et spécialiste depuis près de 60 ans du traitement et de la valorisation des déchets, vient d’achever une mutation de taille. Ses activités sont désormais consolidées au sein du Groupe Baudelet et non plus en une multitude d’entités (22 au total), quand bien même chacune garde sa propre identité et autonomie. Cette transformation intervient dans un contexte législatif incertain : pour mémoire, le site de valorisation des déchets et siège de Blaringhem dispose d’une autorisation d’exploitation qui court jusqu’en 2048. À cette date, nul ne sait comment la réglementation aura évolué, il s’agit donc de pérenniser le groupe grâce à d’autres relais de croissance.
L’ETI porte d’ailleurs une ambition forte : passer le cap des 400 millions d’euros de chiffres d’affaires et celui des 1 000 salariés, contre 180 millions d’euros actuellement, avec 680 salariés. Cet objectif, à horizon dix ans, sera atteint par croissance interne mais aussi externe. Le tout, à la faveur d’une trentaine de millions d’euros d’investissement chaque année. "Il s’agit du bon moment pour capitaliser sur la bonne santé de l’entreprise", assure Caroline Poissonnier, co-dirigeante aux côtés de son frère Jean-Baptiste, petits-enfants du fondateur.
L’environnement et le commerce, piliers historiques à développer
"Nos activités sont maintenant déployées dans quatre branches", détaille-t-elle. La branche Environnement, la principale, s’appuie sur l’activité historique du groupe. Surtout déployée dans la région Hauts-de-France, l’ambition pour celle-ci passe un nouveau cap. "Nous voulons devenir leader de l’environnement et nous développer encore au nord de Paris", affirme la dirigeante qui se basera sur "une dizaine de sociétés qui ont toutes vocation à offrir la plus large gamme de services", notamment autour de la question du traitement des déchets. Si cette branche génère aujourd’hui quelque 150 millions d’euros de chiffre d’affaires, avec un million de tonnes de déchets traités par an, elle a vocation à pousser les feux pour atteindre les 250 millions d’euros d’ici 10 ans.
Le commerce, deuxième activité avec Baudelet Matériels, fait aussi partie de l’ADN du groupe. Il représente actuellement 25 millions d’euros de chiffre d’affaires grâce aux magasins B to B de fournitures industrielles d’Hazebrouck tandis qu’une nouvelle antenne vient d’ouvrir à Dunkerque. Ce secteur doit aussi grandir pour atteindre 60 à 70 millions de chiffre d’affaires. Cela passera par de la croissance organique, avec l’ouverture de nouveaux magasins. Le groupe mise aussi sur des opérations de croissance externe, en fonction des opportunités qui se présenteront.
Cap sur l’Énergieet le monde du bâtiment
Le troisième pilier du Groupe Baudelet se placera sous la bannière énergie. "Nous voulons nous inscrire comme acteur reconnu de la transition énergétique", affirme Caroline Poissonnier. Avec sa filiale Kourbe notamment, précédemment connue sous le nom Enerfy, le groupe se positionne comme un producteur d’énergie alternative. Ainsi, Kourbe intervient en tant que tiers investisseurs dans des projets de couverture en panneaux photovoltaïques. Baudelet projette d’ailleurs de couvrir de panneaux photovoltaïques son centre de stockage, afin de tendre vers l’indépendance énergétique.
Cette incursion dans l’univers du bâtiment - qui n’est pas sans rappeler à l’inverse celle du groupe Ramery vers la production d’énergie - se traduit également par le lancement de la start-up Fiboo. En association avec Pierre Vion, Thomas L’Hommel et Pak Hin Nam, le groupe innove avec la création d’un isolant fabriqué à partir de fibres de bambou. Au terme d’un investissement de 15 millions d’euros, les premières productions devraient sortir de cette usine d’une capacité de 2 400 000 m² par an, unique en son genre, d’ici la fin 2024.
Et si le bambou sera dans un premier temps sourcé en Italie, Baudelet entend in fine disposer de ses propres plantations en cultivant pas moins de 300 hectares dans les Hauts-de-France. Si cette branche ne génère pour l’heure que très peu de chiffre d’affaires, les attentes sont importantes. "D’ici 10 ans, nous visons les 60 millions d’euros", brigue l’entrepreneuse.
Le bien-être, un nouveau virage assumé
Enfin, le groupe Baudelet se tourne vers un segment d’activités bien plus éloigné de son cœur de métier, avec une branche dédiée au bien-être. Déjà propriétaire du karting d’Englos (Nord), le groupe s’engage cette fois dans la création d’un complexe sportif. Baptisé de Hercules & Hops, il s’étendra sur 4 500 m² au sein de la friche industrielle de la Cristallerie d’Arc, à Blaringhem, regroupant des terrains de jeux (squash, padel, badminton), un bar, de la restauration " healthy " et le premier paintball couvert au nord de Paris. "L’ouverture est prévue fin 2024. Un autre projet est également sur les rails, pour 2025-2026. Il s’agit donc bien d’un virage assumé et porté", insiste la représentante de la troisième génération aux commandes. Manière aussi d’offrir de nouveaux services à l’ensemble des collaborateurs avec une conviction : "être un acteur engagé dans le capital santé de l’individu".
