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Exacompta Clairefontaine veut maîtriser ses coûts en convertissant sa papeterie vosgienne à la biomasse
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Exacompta Clairefontaine veut maîtriser ses coûts en convertissant sa papeterie vosgienne à la biomasse

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Le papetier Exacompta Clairefontaine va investir un total de 30 millions d’euros dans son usine vosgienne pour abandonner le gaz au profit de la biomasse. Une opération qui doit générer des économies sur le coût du combustible et sur le CO2 émis.

Avec cinq machines réparties sur quatre sites de production, Exacompta Clairefontaine a produit près de 292 000 tonnes de papier en 2022 — Photo : Exacompta Clairefontaine

Producteur et transformateur de papier, le groupe vosgien Exacompta Clairefontaine (CA : 835 M€ ; 3 500 salariés) s’est lancé dans un chantier de transformation énergétique de sa papeterie d’Étival-Clairefontaine, visant à maîtriser ses coûts en abandonnant le gaz au profit de la biomasse, tout en réduisant ses émissions de CO2. Contrôlé à 80 % par la holding familiale Établissements Charles Nusse, le groupe a réussi en 2022 à dégager un résultat net de 27 millions d’euros, malgré l’explosion des coûts de l’énergie et de la matière première En soulageant les coûts de production, cette opération liée à la transition énergétique doit permettre au papetier de s’adapter à la baisse de la demande européenne pour les articles de papeteries, sous l’effet du développement des moyens numériques de notation.

Un besoin énergétique de 400 GWh par an

Avant le chantier, la production de la vapeur nécessaire au séchage du papier, produit par deux machines à papier, reposait exclusivement sur la combustion de gaz naturel. La consommation énergétique du site s’élève à environ 400 GWh par an. "Deux nouveaux bâtiments seront construits, dont l’un accueillera la chaudière proprement dite, tandis que l’autre servira de silo de stockage de combustible", précise Murielle Langlais, responsable marketing du groupe. Les travaux préparatoires ont débuté au printemps dernier et l’installation de la nouvelle chaudière biomasse, d’une puissance de 20 MW, est prévue pour une mise en service d’ici fin 2025. C’est le constructeur danois de chaudières industrielles Dall Energy qui a été retenu : ses chaudières acceptent des qualités de bois très variées et la puissance émise peut être modulée rapidement.

L’investissement nécessaire pour mener à bien ce chantier s’élève à 30 millions d’euros. Dans cette démarche, le groupe Exacompta Clairefontaine bénéficie d’aides publiques, venues principalement de l’Ademe, l’Agence de la transition énergétique, pour un total d’un tiers du montant total investi. Collectée et sourcée par un prestataire, la biomasse utilisée pour alimenter la nouvelle chaudière proviendra des régions Grand Est et Bourgogne Franche-Comté.

Face à l’envol des coûts du CO2

Grâce à la conversion de son site de production vosgien vers la biomasse, le groupe Exacompta Clairefontaine s’attend à réaliser des économies à deux niveaux. Le passage du gaz à la biomasse permettra d’abord de réduire les coûts liés au combustible utilisé, en s’affranchissant de la volatilité des cours du gaz naturel pour retrouver la maîtrise d’une ressource plus locale. De plus, les émissions de CO2 et les coûts induits seront également réduits : actuellement, seules les trois papeteries françaises du groupe sont soumises au Système d’échange de quotas d’Émissions de gaz à effet et de serre, le SEQE, mis en place par l’Union européenne. "Les quotas gratuits de CO2 alloués au groupe sont passés de 74 155 tonnes en 2013 à 56 767 tonnes en 2022", indique le groupe qui a émis en 2022 un total de 78 330 tonnes de CO2. Pour produire, l’entreprise a été contrainte d’acheter sur le marché les quotas manquants. Une opération dont le coût explose : "Le CO2, qui s’échangeait à 4 euros par tonne en décembre 2016, a atteint un plus haut historique en février 2023 en dépassant la barre des 100 euros par tonne", soulignent les équipes d’Exacompta Clairefontaine.

Investir pour ne pas subir la baisse du marché

À noter également que les Papeteries de Clairefontaine envoient une partie du CO2 contenu dans les fumées de ses chaudières vers une unité de production de carbonate de calcium précipité (PCC), composé chimique sollicité dans plusieurs applications industrielles : utilisé comme additif, le carbonate de calcium précipité peut se retrouver dans des encres, papiers, caoutchoucs, plastiques, compléments alimentaires ou encore produits pharmaceutiques. "En 2022, ce sont ainsi 11 318 tonnes de CO2 qui ont été consommées par le procédé et qui n’ont pas été émises dans l’atmosphère", souligne le groupe dans sa déclaration de performance extra-financière.

Avec cinq machines réparties sur quatre sites de production, Exacompta Clairefontaine a produit près de 292 000 tonnes de papier en 2022. Mais le groupe fait face à une baisse significative de la demande européenne en papiers non couchés depuis le début de l’année. Afin de rester compétitifs, les sites de production ont mis en place une stratégie de prix et cherchent à développer leurs compétences sur de nouveaux marchés. "Sur les trois derniers exercices, le groupe investit en moyenne 34 millions d’euros par an (soit 4 à 5 % du chiffre d’affaires consolidé, NDLR) pour développer et renouveler ses outils de production, de transformation, de distribution", précise le groupe dans sa déclaration de performance extra-financière pour l’année 2022.

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