Haut-Rhin
Entre les recours et les retards, plus de 15 ans de déboires pour l’hôtel le Loisium
Haut-Rhin # Hôtellerie # Investissement immobilier

Entre les recours et les retards, plus de 15 ans de déboires pour l’hôtel le Loisium

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Imaginé en 2008 sur les hauteurs de Vœgtlinshoffen (Haut-Rhin), le complexe hôtelier de luxe Loisium porté par des investisseurs autrichiens commence tout juste à sortir de terre au terme d’un feuilleton juridique de plus de dix ans.

Le complexe hôtelier haut de gamme du Loisium devrait voir le jour en 2025 à Vœgtlinshoffen après une décennie d’atermoiements marquée par diverses procédures menées par une association locale — Photo : Fabrice Voné

"Si on veut réindustrialiser la France et si chaque dossier met autant de temps, on va avoir du mal à y arriver". C’est avec un certain soulagement que Jacques Cattin, ancien maire de Vœgtlinshoffen (Haut-Rhin), rembobine aujourd’hui le film du Loisium, ce complexe hôtelier haut de gamme d’une centaine de chambres dédié à l’œnotourisme et la vinothérapie, porté par des investisseurs autrichiens et l’architecte new-yorkais Steven Holl. Le chantier de construction entre enfin dans une phase active sur les hauteurs de la petite commune viticole (519 habitants), située sur la Route des Vins avec vue plongeante sur la plaine d’Alsace et les reliefs de la Forêt-Noire. "Par moments, je n’y croyais plus. Cet hôtel serait sans doute déjà à moitié payé s’il avait été fait à temps", poursuit l’ancien maire qui a porté le projet devant son conseil municipal à l’époque. Un projet destiné à compléter l’offre hotellière sur la route des vins qui a vu son émergence début des années 2000, via le rachat de terrains et leur viabilisation.

Initialement prévue aux alentours de 21 millions d’euros, la facture risque au final d’atteindre les 38 millions d’euros d’ici 2025, lorsque le chantier sera terminé, en raison de la hausse des taux d’intérêt, des coûts des matières premières et, pour une petite part, des frais de procédure.

Lancé en 2008, il serait sans doute resté dans les cartons sans l’opiniâtreté de ses investisseurs et d’élus locaux trimballés dans un interminable feuilleton juridique par l’association locale Nartecs (Nature aménagement réfléchi territoire environnement culture sauvegardés).

Du Tribunal administratif de Strasbourg au Conseil d’État

"Plus d’un aurait lâché le morceau", estime Jacques Cattin qui se remémore les trois permis de construire déposés, entre 2010 et 2021, et les multiples recours auxquels lui et son équipe ont dû faire face. Dans un premier temps, les opposants au Loisium invoquent la préservation de l’environnement. Puis de possibles conflits d’intérêts du fait que Jacques Cattin était lui-même viticulteur. "Dans un village viticole, vous avez forcément un lien direct avec la viticulture qu’il soit familial ou professionnel. Sur les onze membres du conseil municipal de l’époque, il y en avait sept qui étaient concernés", souligne l’ancien édile qui est désormais conseiller régional (LR).

L’affaire est portée devant le Tribunal administratif de Strasbourg qui déboute l’association Nartecs. Dans un premier temps seulement… puisqu’elle obtient gain de cause en appel. C’est finalement le Conseil d’État qui va se prononcer en faveur des porteurs du projet… à la veille de la pandémie de Covid-19. Ce qui va engendrer un délai supplémentaire pour le démarrage des travaux opérés par KS Construction.

Pendant cette décennie, la société Loisium qui disposait déjà d’un hôtel semblable à une centaine de kilomètres de Vienne a tout de même eu le temps de procéder à l’ouverture de deux nouveaux établissements : l’un à proximité de la frontière slovène et l’autre à Mutigny (Marne) autour du champagne. Comme quoi…

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