Anthony Gavend en est persuadé, "c’est l’expérimentation d’une idée farfelue qui engendre quelque chose qui marche". À 35 ans, l’homme est à la tête du groupe Evotech (plus de 800 000 € de CA en 2023), spécialisé dans l’innovation en matière de drones, de robotique et de gestion des risques, et en "hypercroissance" (600 % en 2022-2023) grâce à sa filiale Shield Robotics, créée en février 2020 à Saint-Geours-de-Maremne (Landes). En près de quatre ans, Shield Robotics s’est imposé comme une référence des systèmes robotiques de contrôle à distance, réalisant son plus gros volume d’affaires avec ses projets estampillés défense. Ce bureau d’études qui emploie aujourd’hui 17 personnes, devrait quasiment doubler ses effectifs en 2024, assure Anthony Gavend.
En 2016, le trentenaire était déjà à l’origine de la création du Helper Drone, pensé comme une aide aux procédures de sauvetage en mer. "Il fallait pouvoir voler par n’importe quel temps, avec les mêmes exigences que celles de l’armée". Cette même armée est venue "taper à sa porte" en 2019, assure-t-il, lançant l’activité incessante de Shield Robotics.
Taxi volant pour l’été
Chiens robots démineurs, drones de surveillance ou porteurs de charge jusqu’à 500 kg : dans le secteur défense "les investisseurs ne manquent pas", plante Anthony Gavend. Et les idées pullulent au sein de l'équipe, installée sur 600 m² dans la pépinière Domolandes. Au milieu des locaux déjà bien remplis trône le futur drone taxi volant baptisé Arise Fly. Les premiers vols d'essais avec passager ont été réalisés fin décembre et Anthony Gavend vise sa commercialisation pour l'été 2024. Conçu comme une "attraction" qui permettra à une personne de monter dans la cabine de cet hélicoptère miniature et électrique - et de le piloter -, l'Arise Fly s'élèvera dans les airs jusqu'à 20 mètres, avec des déplacements latéraux minimes.
Mi-décembre, Anthony Gavend a également présenté à différentes communes littorales des Landes son "Flood Simulator", un système de simulation et de gestion des risques face aux inondations et à la montée des eaux. "On surveille actuellement 3 kilomètres de trait de côte entre Labenne et Capbreton pour étudier l’impact des tempêtes, des eaux qui ruissellent, des fortes marées ou des gens qui montent dans les dunes".
L’homme aime aussi les "coups". Comme celui réalisé avec l’entreprise savoyarde Sky Vibration, à la demande de son dirigeant le champion du monde de wingsuit (vol en combinaison ailée) Vincent Descols, avec le projet E-Wings. Au terme d’un an de recherches, Shield Robotics a développé quatre turbines électriques qui ont permis au champion d’accélérer sa poussée et de voler jusqu’à 250 km/h. Une première mondiale, testée fin mai 2023 à Arcachon. Mais rien de fantasque là-dedans. "Il s’agit de projeter des personnes, plus longtemps et plus loin ; Il y a des États qui paient pour des technologies destinées à l’homme volant de demain", résume le trentenaire.
Dans tous ces projets, la même logique, celle de la robotique et de la "maîtrise totale" des process. Pour le patron du groupe Evotech, "l’idée est d’être pionnier pour décarboner tout ce qui peut l’être". Forcément, "le chemin pour faire ce que l’on fait aujourd’hui avec des moteurs thermiques est long, mais il faut accepter de reculer pour pouvoir avancer", résume l’inventeur.