Coronavirus : gros coup de frein pour le recrutement en Vendée et en Loire-Atlantique
Enquête # Agroalimentaire # Ressources humaines

Coronavirus : gros coup de frein pour le recrutement en Vendée et en Loire-Atlantique

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Si l’agriculture, la logistique, la grande distribution ou la santé sont les principaux secteurs qui continuent à recruter, un tiers des entreprises envisage un gel ou une diminution des recrutements pour 2020. Dans les agences d’intérim ou les cabinets de recrutement, la frilosité des entreprises est palpable. Le point sur la situation en Loire-Atlantique et en Vendée.

Pour l'association nationale des DRH (ANDRH), 35 % des organisations envisagent un gel ou une diminution des recrutements pour 2020. — Photo : Antonio Diaz - stock.adobe.com

En plein confinement, face au port de plaisance des Sables d’Olonne, une quarantaine de salariés volontaires s’affairent encore dans les ateliers du chantier naval Privilège Marine. Ils seront bientôt rejoints par le reste des 130 collaborateurs de la société. Mais également par une vingtaine de nouveaux arrivants. Car le chantier naval continue de recruter en cette période de crise. Il est d’ailleurs l’un des seuls fabricants de bateaux vendéens à avoir maintenu une activité tout au long de la crise. « Notre carnet de commandes continue de se remplir et nous devons rattraper notre retard », explique Isabelle Doux, la responsable des ressources humaines du chantier naval, qui conçoit des bateaux haut de gamme et a dû ralentir la cadence pour protéger ses salariés. « Nous sommes sur une niche, nous fabriquons des bateaux de propriétaires et nous n’avons pas de baisse de la demande », complète-t-elle.

Photo : Le Journal des Entreprises

En Vendée comme ailleurs, les entreprises qui continuent à recruter en cette période sont pourtant rares. Les agences d’intérim accusent une baisse d’activité de 60 à 80 % dans la région. « C’est très calme depuis le début du confinement », déplore l’agence Artus Intérim à Nantes. Même constat du côté du géant du travail temporaire, Actual Leader Group (1 650 personnes, 1,3 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2019), en Mayenne qui a perdu 65 % d’activité la première semaine du confinement et travaille désormais à environ 55 %. « Les demandes progressent de semaine en semaine mais nous ne retrouverons pas une activité normale avant plusieurs mois. »

« La priorité des entreprises n’est pas au recrutement »

Car selon Marielle Villard, la co-dirigeante du cabinet de recrutement Hyphae (2 salariés, 247 000 € de CA), à Montaigu, « on sent bien que la priorité des entreprises n’est pas au recrutement. » Pour la petite entreprise créée en 2019, le constat est amer. « Sur une soixantaine de prospects contactés, je n’ai obtenu que trois réponses pendant le confinement. Les entreprises sont frileuses, elles n’ont pas de trésorerie et il est assez difficile de joindre les dirigeants. »

« En temps de crise, on gèle les recrutements, on coupe les budgets formation et les budgets communication. »

Le cabinet table sur une reprise d’activité en juin voire en septembre. « En tant qu’ancienne RH, je sais bien qu’en temps de crise, on gèle les recrutements, on coupe les budgets formation et les budgets communication. Nous allons souffrir pendant quelques mois », craint Marielle Villard. Selon l’association nationale des DRH (ANDRH), 35 % des organisations prévoient en effet un gel ou une baisse des recrutements pour 2020. « Et certaines n’ont pas hésité à mettre fin à des périodes d’essai, à se séparer de leurs intérimaires ou de leurs salariés en CDD », relève Gaëtan Querrec à la tête du cabinet de recrutement Adeïs (8 salariés, 1,2 M€ de CA) à Nantes.

Les fonctions commerciales et les cadres dirigeants toujours recherchés

Pour autant, les profils cadres, dirigeants, restent recherchés. « Nous avons toujours des demandes pour les fonctions commerciales mais également pour les directeurs administratifs et financiers ou les DRH. Certains recrutements ne peuvent pas être reportés », témoigne le gérant du cabinet de recrutement nantais. Pour lui, 50 % des projets de ses clients ont été maintenus, 45 % reportés et seulement 5 %, annulés.

« Pour nous, la crise est moins brutale qu’en 2008 ou 2001 », estime Gaëtan Querrec qui connaît une baisse d’activité d’environ 40 %. « Nous travaillons beaucoup avec l’agroalimentaire, le secteur médico-social, la logistique et le domaine agricole. Dans ces secteurs, la demande reste importante. »

L’agriculture, la logistique, la grande distribution continuent à recruter

C’est ce que révèle une étude de ministère de l’agriculture, en lien avec l’association nationale des industries alimentaires, la plateforme Pôle Emploi Mobilisation Emploi et l’agence de recrutement Qapa. Les six secteurs qui recrutent le plus pendant le confinement sont l’agriculture, la logistique, la grande distribution, l’agroalimentaire, la santé et enfin l’hygiène. L’agriculture se situe d’ailleurs loin devant avec 200 000 recrutements, principalement de travailleurs polyvalents, contre 35 000 pour la logistique et 10 000 pour l’hygiène.

« De deux entretiens par semaine, nous sommes passés à deux par jour »

Les secteurs qui recrutent sont donc peu nombreux. Et, dans le même temps, le nombre de candidats augmente. « De deux entretiens par semaine, nous sommes passés à deux par jour », situe Marielle Villard, la dirigeante du cabinet de recrutement vendéen Hyphae. La moitié de ces interlocuteurs sont indépendants mais la seconde partie est représentée par des salariés en recherche d’emploi. Selon Pôle Emploi, le nombre de chômeurs a connu une hausse de 7,1 % en mars, sur un mois. Une hausse que les acteurs du recrutement commenceraient à ressentir. « Nous avons beaucoup plus de personnes au chômage qui nous appellent que d’habitude », assure Marielle Villard. De son côté, Bruno Planchais, directeur des ressources humaines d’Actual Leader Group, connaît aussi « une forte recrudescence des candidatures. » Mais, selon lui, l’activité pourrait reprendre de manière intensive après le confinement. C’est en tout cas ce qu’espèrent tous les acteurs, qui envisagent malgré tout de profonds changements dans leur activité.

« De nouveaux métiers sont susceptibles d’apparaître, la crise a prouvé l’importance du digital mais également du télétravail. Je pense que nous allons voir arriver de nouvelles façons de travailler », estime Bruno Planchais.

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