« Nous avons enregistré une chute moyenne de la demande d’intérimaires de 60 à 65 % depuis le début de la crise », estime Thierry Le Floc’h, directeur des trois agences de travail temporaire Manpower de Quimper, Châteaulin et Concarneau. « Les deux premières semaines de mars ont été un véritable coup de massue car une grande partie des missions se sont arrêtées net. Ça commence à repartir doucement, mais on a forcément des craintes car on sait que la reprise sera progressive. Les agences à dominante agroalimentaire ou tertiaire s’en sortent un peu mieux, et l’on sent les prémices d’une reprise dans le BTP où des séquences de redémarrage commencent à se mettre en place avec prudence, notamment en ce qui concerne les protocoles de sécurité. Mais, quoi qu’il arrive, on sait naturellement que nos clients feront en premier lieu appel à leurs salariés permanents », analyse le directeur.
Un constat partagé par Gwenaëlle Kandel, directrice de l’agence intérim Samsic RH, à Brest. « Nous avons perdu 90 % de notre planning d’intérimaires, et notamment dans le tertiaire qui est notre cœur de métier », confie-t-elle. « Nous faisons notre possible pour anticiper la reprise, mais nous savons d’ores et déjà qu’elle sera laborieuse : on sent bien chez nos clients que l’envie est là, mais les contraintes sont nombreuses… »
« Les entreprises se préparent à la reprise »
Du côté de Pôle Emploi, les mesures gouvernementales de sauvegarde et notamment de chômage partiel semblent pour l’instant produire leurs effets. « Il est encore tôt, mais pour l’instant nous n’avons pas eu de recrudescence de nouveaux demandeurs d’emploi depuis le début de la crise par rapport aux tendances de l’année dernière, à la même époque », indique Sophie Rogery, directrice territoriale de Pôle Emploi Finistère. « En revanche, nous avons forcément moins d’offres d’emploi, mis à part pour les secteurs en lien avec le Covid-19 et notamment les métiers de la santé », poursuit la directrice.
En Bretagne, le portail de Pôle Emploi propose ainsi 28 000 offres contre une moyenne de 35 000 habituellement. « On a bien entendu senti un grand coup d’arrêt après le confinement, mais nos conseillers continuent d’appeler les employeurs pour savoir si leurs offres sont toujours valables et nous constatons que les entreprises se préparent à reprendre l’activité. Nos équipes restent à pied d’œuvre pour les accompagner, que ce soit dans leurs projets de recrutement - notamment par le biais d’entretiens à distance - mais aussi pour la formation à distance de leurs salariés, à laquelle les dirigeants ne pensent pas forcément durant les périodes de chômage partiel », souligne-t-elle.
