Brexit et coronavirus font tanguer la compagnie maritime Brittany Ferries
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Brexit et coronavirus font tanguer la compagnie maritime Brittany Ferries

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Déjà perturbée par le Brexit, la compagnie maritime bretonne Brittany Ferries doit composer avec l'épidémie de coronavirus qui stoppe pour le moment toutes ses lignes de transport de passagers.

— Photo : © Grégory Wait

Brexit puis coronavirus. Pour Brittany Ferries, l’année 2020 s’annonce complexe à manœuvrer. Dans ce contexte, la compagnie maritime bretonne, dont le siège social est basé à Roscoff (Finistère), présentait le 5 mai dernier ses résultats 2019 à ses actionnaires. Avant la crise sanitaire, Brittany Ferries, qui emploie entre 2 400 et 3 100 salariés selon la saisonnalité, exploitait une flotte de 12 navires sur 12 lignes maritimes reliant la France, le Royaume-Uni, l’Irlande et l’Espagne. Et déjà, les incertitudes liées au Brexit, trois fois reporté, se sont fait sentir.

Fréquentation en baisse en 2019

Pour l’exercice 2019, Brittany Ferries a ainsi généré un chiffre d’affaires de 469 millions d’euros et a accueilli 2,49 millions de voyageurs à bord de ses navires, soit une baisse de 4,9 % par rapport aux résultats de 2018. Près de 866 000 véhicules de tourisme ont été transportés, chiffre en baisse de 5 % par rapport à l’exercice précédent. Le fret accuse, lui aussi, une légère baisse de 1,9 % avec 202 000 véhicules transportés. La compagnie bretonne de transport maritime Brittany Ferries prévoyait déjà fin mars, une perte de chiffre d’affaires plus de 25 millions d’euros pour les mois de mars et avril 2020.

En Bretagne, la baisse de fréquentation représente 13 000 visiteurs en moins avec 282 000 personnes pour un total de 151 millions d’euros dépensés. La Normandie est passée de 219 000 visiteurs à 203 000 (-16 000 personnes) avec un total de dépenses de 74 millions d’euros. Mais les Pays de la Loire ont enregistré une notable augmentation en 2019, passant de 143 000 à 162 000 visiteurs pour 90 millions d’euros dépensés. La Nouvelle-Aquitaine, elle, conforte enfin son attractivité touristique auprès des voyageurs de Brittany Ferries, avec 230 000 visiteurs qui ont dépensé plus de 160 millions d’euros. Au total, en 2019, 857 000 voyageurs Brittany Ferries ont dépensé plus 586 millions d’euros dans l’Hexagone avec la réservation de 8,7 millions de nuitées en hôtels, gîtes, campings et résidences de vacances.

Transport de denrées alimentaires, de médicaments…

Photo : © Brittany Ferries

Une baisse généralisée amenée à se répéter en 2020 : le trafic passagers est aujourd’hui interrompu en Europe et les frontières sont fermées. Brittany Ferries est touché de plein fouet, même si des navires continuent de circuler pour le fret, notamment. « En cette période de crise sanitaire sans précédent, Brittany Ferries revient à ses origines en assurant le transport de marchandises essentielles entre les pays, telles que les denrées alimentaires produites dans le Grand Ouest (notamment les fruits et légumes), des médicaments et du matériel médical. Il n’en demeure pas moins, - et l’on ne saurait l’oublier -, que l’activité touristique que nous portons chaque année contribue significativement au développement des régions du nord-ouest de l’Hexagone », explique le président de la compagnie roscovite, Jean-Marc Roué.

Le dirigeant de Brittany Ferries s’est montré cependant confiant auprès de ses actionnaires quant au soutien que les pouvoirs publics apporteront pendant cette crise sanitaire, économique et sociale : « Au dernier jour de ma présidence d’Armateurs de France, en avril dernier, j’ai moi-même appelé nos dirigeants à lancer un Plan Marshall pour la navigation française. Le gouvernement a commencé à nous répondre avec un premier dispositif d’aides pour le Transmanche. Nous allons également candidater aux dispositions qu’offrira le Plan spécifique pour l’Industrie du tourisme annoncé par le président de la République », précise-t-il.

Objectif : saison 2021 et l’après Brexit

Dans le cadre du Brexit, Brittany Ferries se projette aussi déjà dans la saison 2021. Avec deux défis : « Simultanément anticiper son offre auprès de sa clientèle britannique pour l’après Brexit, mais également conforter l’attractivité enregistrée auprès du public irlandais. Du Royaume-Uni à l’Irlande jusqu’aux ports normands et bretons, les personnes et les biens doivent pouvoir circuler librement pour que nous puissions nous remettre de la crise actuelle. C’est notre objectif majeur à l’approche de la saison 2021 », insiste Jean-Marc Roué.

Pour maintenir son attractivité, la compagnie a décidé de maintenir son plan de renouvellement de la flotte de 550 millions d’euros, amorcé en 2017. Quatre ferries sont en effet attendus, dont trois seront propulsés au Gaz Naturel Liquide (GNL). Même si le Honfleur, attendu en 2019 est encore retardé, le chantier FSG étant en redressement judiciaire. Ses difficultés ont été accentuées par la crise du coronavirus. « Nous avons investi dans notre flotte, dans la qualité de son renouvellement, souligne Christophe Mathieu, le président du directoire. Nous avons traversé de nombreuses tempêtes au cours de nos 47 ans d’histoire et nous sommes maintenant préparés pour l’avenir. J’en suis convaincu, nous reprendrons bientôt les traversées passagers, je l’espère dès cette saison estivale. Toutes les mesures sanitaires nécessaires seront mises en place, tant dans nos gares maritimes qu’à bord de nos navires, afin d’accueillir les passagers dans les meilleures conditions dès qu’ils pourront à nouveau voyager ! »

Le Honfleur, le futur navire GNL de Brittany Ferries.
— Photo : © Brittany Ferries

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