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Clarke Energy repense son modèle à l’aune des enjeux énergétiques
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Clarke Energy repense son modèle à l’aune des enjeux énergétiques

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Spécialiste des moteurs de centrales électriques, Clarke Energy France confirme sa diversification. La société vient de valider un pilote de valorisation du gaz de haut-fourneau sur un site industriel en Norvège. Elle finalise aussi sa feuille de route qui doit la faire passer d’un modèle extractif à un modèle basé sur la régénération.

Didier Lartigue, directeur général de Clarke Energy France — Photo : Clarke Energy

Il y a quelques semaines, Clarke Energy France, société du groupe américain Kohler depuis 2017, annonçait le succès de son projet pilote visant à valoriser le gaz de haut-fourneau de l’usine norvégienne de production de ferromanganèse du groupe français Eramet. "Après une phase pilote menée en 2021 et 2022, le site norvégien a décidé d’investir 19 millions d’euros dans une unité de récupération d’énergie, qui sera opérationnelle en juillet 2024. Elle lui permettra d’augmenter son efficacité énergétique et de réduire son empreinte environnementale", confie Didier Lartigue, directeur général de Clarke Energy France, implanté à Bouc-Bel-Air près d’Aix-en-Provence. Grâce à cette innovation, "le gaz de haut-fourneau, jusqu’alors brûlé en torchère, sera récupéré pour produire de l’énergie électrique et thermique", explique Aurel Hiron, responsable de l’innovation et des nouvelles technologies chez Clarke Energy France. Des projets similaires pourraient être menés en France avec des producteurs de charbon ou des aciéries.

Une stratégie durable en France et en Afrique

Pour Didier Lartigue, cette innovation "est une nouvelle contribution de notre entreprise à la transition énergétique et à l’initiative net-zéro mondiale." Elle est aussi une illustration parmi d’autres de la stratégie de diversification engagée il y a cinq ans par Clarke Energy France, qui emploie 240 personnes dont une centaine à Bouc-Bel-Air. Cette "stratégie durable" vise à utiliser le plus haut rendement possible d’une source d’énergie et à valoriser l’énergie produite à des tarifs plus intéressants que l’obligation d’achat. Alors que l’entreprise, qui travaille pour des gestionnaires d’énergie comme EDF, Dalkia ou Engie, a enregistré une forte croissance de 2003 à 2020, portée par les tarifs d’obligation d’achat, elle revoit son modèle depuis 2020, pour ne plus dépendre "des obligations d’achat, cycliques" et se positionner sur le marché des installations de production d’électricité décentralisée.

Spécialiste de la cogénération (production simultanée de deux formes d’énergie différentes dans la même centrale) avec moteurs à gaz, "nous détenons 70 % des parts de marché", souligne Didier Lartigue. Clarke Energy a ainsi équipé en moteurs 7 des 8 installations de stockage de déchets non dangereux des Bouches-du-Rhône et s’oriente vers les gaz verts, les énergies renouvelables et va jusqu’à la capture et l’utilisation du CO2.

L’entreprise étend aussi sa présence en Afrique, où elle compte 60 salariés et est installée en Tunisie depuis 2008, en Algérie, depuis 2013. "En France, comme sur le continent africain, nous préparons le monde de demain en pariant sur des solutions globales de valorisation énergétique dans les secteurs de l’énergie verte et de l’environnement. "

Une feuille de route à horizon 2030

Cette feuille de route court jusqu’en 2025. Une nouvelle, qui doit dessiner l’avenir de l’entreprise à l’horizon 2030, est en cours de finalisation. "Avec mon binôme, Jacques Soulayrac, directeur adjoint qui prendra ma suite à partir de mai 2024, nous avons participé aux travaux de la Convention des entreprises pour le climat Provence Corse", raconte Didier Lartigue.

La nouvelle stratégie devra permettre à Clarke Energy de développer son expertise, déjà acquise, dans l’installation et la maintenance des centrales de cogénération. "Nous étendons notre offre et intégrons des technologies nouvelles et complémentaires de production d’énergie renouvelable ainsi que des technologies de stockage."

Clarke Energy est ainsi allé jusqu’à mettre au point des solutions de quadri génération, à base de moteurs à gaz. Et l’exemple le plus parlant est sans doute celui réalisé au sein de l’usine tunisienne du géant Coca-Cola : "nous associons quatre types d’énergie : production d’électricité, production de chaleur et de froid réinjectée dans le process industriel, récupération de CO2, utilisée pour la purification des bouteilles", détaille Aurel Hiron. Avec des solutions d’autoconsommation comme celle-ci, Clarke Energy valorise l’électricité de ses clients et trouve ici un nouveau relais de croissance. Après avoir enregistré une baisse de son chiffre d’affaires de 2019 à 2021, l’entreprise a renoué avec la croissance en 2022 avec un chiffre d’affaires prévisionnel de plus de 90 millions d’euros pour 2023.

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