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Cédric Angelone (Syndicat des activités événementielles) : "On ne retravaillera pas avant mars 2022"
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Cédric Angelone coprésident du Syndicat des activités événementielles "On ne retravaillera pas avant mars 2022"

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Avec la cinquième vague de Covid-19, les entreprises de l’événementiel sont prises entre deux feux. D’un côté, le gouvernement ne les empêche pas d’exercer leur activité. Mais, de l’autre, il dissuade leurs clients de les faire travailler. Dans cette situation, Cédric Angelone, le coprésident du Syndicat des activités événementielles plaide pour un retour du fonds de solidarité.

Les adhérents du Syndicat des activités événementielles, coprésidé par Cédric Angelone, s’apprêtent à subir un effondrement de leur activité de 85 % sur décembre et janvier, après avoir enregistré une avalanche d’annulations en seulement quelques jours — Photo : D.R.

Le Journal des Entreprises : Avec les dernières restrictions contre le Covid-19, l’événementiel a échappé aux jauges et aux fermetures. Mais, dans le même temps, les rassemblements doivent être évités au maximum. Comment vivez-vous cet entre-deux ?

Cédric Angelone : Nous aurions préféré que les choses soient claires : on peut exercer notre activité, ou non ? Là, on nous explique qu’on peut réussir à travailler avec les particuliers, même si, avec les entreprises, il y a des règles, désormais écrites noir sur blanc, qui nous l’interdisent. Mais tout cela est assez gris. En réalité, nos clients sont empêchés de faire depuis trois semaines.

« On ne s’en rend pas suffisamment compte, mais on est en train de revivre mars 2020. »

On avait réussi à très bien travailler de septembre à novembre. Mais, depuis que la ministre du Travail a déconseillé les moments de convivialité en entreprise, l'activité est en chute libre. L’activité B to B s'est arrêté brutalement. Maintenant, c’est toute la partie B to C (mariages, concerts, etc.) qui dégringole. Le grand public annule ses événements, sans que rien ne le justifie. Un énorme producteur de spectacles parisien vient de nous indiquer qu’il était vide jusqu’à fin janvier… Plus généralement, sur les deux prochains mois, la baisse d’activité dépasse désormais les 85 % chez les adhérents du Syndicat des activités événementielles (soit 32 millions d’euros de prestations annulées et une perte du CA annuel prévisionnel estimé à 32 % ; chiffre établi sur 150 entreprises répondantes, NDLR). On vit en accéléré ce qui s’est passé il y a 18 mois. Mais il ne faudrait pas penser qu’on va pouvoir passer l’hiver de cette manière.

Que demandez-vous alors à l’État pour surmonter ces annulations en cascade ?

On veut un dispositif qui soit fait pour nous, parce que nous sommes, encore une fois, le premier métier à s’arrêter. Nous avons vraiment besoin d’avoir des mesures sectorielles fines, un accompagnement personnalisé, comme on nous l’a promis. On ne s’en rend pas suffisamment compte, mais on est en train de revivre mars 2020. L’an dernier, nous avions passé près de neuf mois sans autre aide que le chômage partiel : nous n’avions obtenu l’accès au fonds de solidarité qu’en novembre. Là, on rejoue la même chose.

« On ne peut pas se satisfaire de travailler quatre ou cinq mois par an ! »

Alors, oui, nous sommes satisfaits que le gouvernement ait réagi rapidement, avec la prise en charge à 100 % de l’activité partielle. Mais l’aide aux coûts fixes, annoncée par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, nous laisse dubitatifs. Le dispositif, tel qu’il existait jusqu’à présent, s’est avéré inopérant pour des TPE-PME comme les nôtres. Nous avons assez peu de capitaux et des investissements d’autant plus faibles que nous avons tous fermé les vannes et fait en sorte d’avoir des charges fixes les plus réduites possible, pour justement pouvoir passer cette crise. À la place, on aurait largement préféré le retour du fonds de solidarité. Une solution simple, efficace, claire, et qui nous a déjà sauvés pendant la pandémie.

L’autre ligne rouge du gouvernement porte sur les prêts garantis par l’État. Il n’est toujours pas question d’accorder de délai supplémentaire pour leur remboursement. Vous le regrettez aussi ?

Depuis plusieurs mois, nous portons cette revendication. Comment justifier le remboursement d’un prêt aussi rapidement, dans un moment toujours aussi incertain, où l’on ne gagne plus d’argent, après avoir seulement pu travailler quatre mois dans l’année ? Comment amortir un crédit souscrit, non pas pour réaliser un investissement, mais simplement pour ne pas mourir ?

Que redoutez-vous pour la suite, si la situation restait en l’état ?

Aujourd’hui, le risque est que nos entreprises disparaissent. Et que nous n’arrivions pas à nous relever de cet hiver, car on sait tous qu’on ne retravaillera pas avant mars. En 2020, nous avons réussi à passer entre les gouttes, parce que nous avions le fonds de solidarité. Cette année, avec le chômage partiel, nous n’aurons pas nos collaborateurs à payer, si nous ne bossons pas. Formidable ! Mais comment je vais rembourser mon PGE et couvrir mes frais généraux, si je n’ai pas de business en face ? Quels sont nos outils pour passer l’hiver ? Et après ? On ne peut pas se satisfaire non plus de travailler 4 ou 5 mois par an !

Voilà les questions que tous les acteurs de l’événementiel se posent. Mais il ne faut pas oublier que nous sommes la première ligne : quand nous nous arrêtons, derrière nous, a priori, l’activité ralentit aussi.

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