Finistère
CCIMBO : 2017 contrastée, nouveaux défis pour 2018
Interview Finistère # Conjoncture

Frank Bellion président de la CCI métropolitaine Bretagne ouest CCIMBO : 2017 contrastée, nouveaux défis pour 2018

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Fusion des CCI, ports, aéroports, formation... Frank Bellion, président de la CCI métropolitaine Bretagne ouest (CCIMBO), est revenu le 19 janvier sur les principaux faits qui ont marqué l'actualité économique du territoire en 2017, ainsi que sur les perspectives et défis à relever en 2018.

— Photo : CCIMBO

Le Journal des Entreprises : Où en est la fusion des trois CCI territoriales ?

Frank Bellion : Elle se met en place petit à petit mais de façon certaine, dans un contexte budgétaire en forte baisse. De 19 millions d’euros, on en est aujourd’hui à 8 millions. En 2018, la loi de finances prévoit une nouvelle baisse de la ressource fiscale de 20 %, soit 2,1 millions d'euros de cash flow en moins, ce qui risque de remettre en cause la poursuite de notre mission d’intérêt général. À quelle sauce allons-nous être mangés? Quel rôle pour les chambres consulaires dans les années à venir ? On est en plein milieu du gué et j’espère vivement un éclaircissement du brouillard sur la fin de la mandature à partir du mois de mars.

Que pensez-vous du projet de fusion des CCI, CMA et des chambres d’agriculture ?

F.B. : Ce n’est pas quelque chose que je demande, mais si cela se fait, on le fera. Il faut savoir c’est qu’on a quand même beaucoup de ressortissants en commun, ce qui veut dire qu’on est censés fournir des services à peu près comparables à certaines entreprises et dans certains domaines. La question est posée, on devrait avoir des réponses dans les semaines qui viennent.

Comment se portent les ports de Brest et Roscoff ?

F.B. : Les chiffres sont contrastés. Pour Roscoff Bloscon, malgré une baisse du nombre de ferries, le nombre de passagers est resté stable à 517 000 passagers (-0,7%) malgré l'ombre du Brexit. À Brest, le port de commerce réalise une performance moyenne avec une stabilité du CA et une baisse des volumes. Les perspectives 2018 laissent présager une faible progression du trafic. Nous avons perdu les marchés de l’exportation du bois du fait de réglementations concernant le traitement des bois, le bâtiment n’a pas redémarré et donc les trafics liés à celui-ci ne sont pas au rendez-vous. L’usine Bunge a effectué une période de maintenance et la perte des abattoirs de Gad et de Tilly produit ses pleins effets. 2017 a également été une année aussi difficile pour la réparation navale et, pour 2018, des perspectives meilleures avec le retour des paquebots mais avec une lisibilité du carnet de commande toujours faible.

Et ceux de Cornouaille dont la CCIMBO a remporté la délégation de service public ?

F. B. : Pour les ports de Cornouaille, 2017 se caractérise par une baisse des apports sous criée de -5,4% en tonnage et -4,4% en valeur. Une nouvelle DSP de gestion des ports de pêche démarre au premier janvier 2018. C’est un contrat ambitieux sur 8 ans avec 28,6 M€ d’investissements prévus. La CCIMBO croit en la pêche, et il ne faut pas que celle-ci soit un variable d’ajustement des négociations sur le Brexit. Par ailleurs, nous nous sommes vus confier par la Région une prolongation de deux ans du contrat de DSP pour la partie réparation navale du port de Concarneau, où nous venons d’achever un important programme de travaux de modernisation et de mise aux normes environnementales, pour un montant de 13 millions d’€.

Quelle est votre principale source d'inquiétude en matière portuaire ?

F.B. : La taxation des ports, qui risque de venir rendre compliqué l’investissement. C’est une décision qui est tombée le 6 décembre 2017, Bercy suivant sur ce point la décision de Bruxelles qui datait du 27 juillet 2017. Nous avons introduit un recours devant la Cour de Justice contre la décision de Bruxelles.

Quel bilan en matière de formation ?

F.B. : La formation poursuit sa croissance avec une progression des effectifs de +3 %, et même + 5 % dans l’apprentissage. La réforme à venir est un sujet de vigilance. L’impression est quand même que la concertation est vraiment minimale par rapport à nous qui formons chaque année 20 000 personnes. EMBA, Irtec, Campus des métiers et Cefortech sont les sites qui tirent l’activité vers le haut. C’est plus dur dans le domaine de la formation tertiaire. On retiendra aussi, bien sûr, le démarrage du partenariat avec Weidong pour BBS avec un début d’année 2018 qui se traduit par la signature d’un accord nous permettant de construire un campus des métiers à Qingdao.

Et en matière de développement économique ?

F.B. : Nous avons accueilli 2 300 porteurs de projets de création ou reprise d’entreprises. Ce chiffre est croissant. C’est un élément positif, on peut y voir un regain d’optimisme dans l’économique. On peut aussi y voir l’efficacité de l’action de terrain et de proximité de nos conseillers d’entreprises.

L’aéroport de Brest est en plein essor, quid de celui de Quimper ?

F.B. : Le trafic est en baisse de 6%, à 82 000 passagers. Ce n’est pas brillant, et beaucoup de chefs d’entreprises en ont marre des retards, voire des annulations de vol qui nuisent à l’image de leur entreprise et à celle du territoire. Nous avons obtenu de HOP! Air-France une rotation matin et soir avec un avion à réaction, et le midi avec un avion à hélice. Ils se sont aussi engagés à respecter les horaires. Charge à nous maintenant, en investissant, de remplir ces vols pour qu’on puisse repasser au-dessus des 100 000 passagers. Ce qui est un objectif ambitieux mais pas démesuré quand on sait qu’on en était à 130 000 passagers/an par le passé. La balle est dans notre camp: à nous de faire le boulot.

Une réaction sur l’abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes?

F.B.: L’impact aurait été quasiment nul pour l’aéroport de Brest. Les avis étaient divergents, le gouvernement a tranché. C’est son rôle. Je me réjouis que le Premier ministre ait annoncé un traitement équivalent pour les dessertes des aéroports de Brest, Rennes et Nantes, même si, hélas, les financements ne semblent prévus que pour Rennes et Nantes. De plus, la communication d’Édouard Philippe en matière ferroviaire n’a concerné que les métropoles de Rennes et Nantes. je pense utile de rappeler au gouvernement la nécessité pour les villes de Brest et Quimper d’être aussi reliées au monde par une desserte ferroviaire digne de ce nom.

Et sur le conflit qui oppose le Crédit Mutuel Arkéa à la Confédération nationale du Crédit Mutuel?

F.B.: Nous soutenons Arkéa sans sa démarche. C’est un centre de décision stratégique pour le département qui a des effets indirects sur le dynamisme économique du département. Ce centre de décision nous positionne aussi à la pointe de l’enseignement universitaire. S’il n’y avait pas Arkéa, il n’y aurait pas, à Brest, l’Euria qui est l’un des tout premiers instituts d’actuariat français. On a déjà du mal à faire venir des entreprises sur notre territoire: de grâce, faisons en sorte que les belles entreprises déjà présentes puissent rester!

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