Quelle est votre vision de la situation économique actuelle au Pays basque ?
Je la résume toujours avec cette phrase : aujourd’hui, nous sommes dans une certitude, celle de l’incertitude. Le chef d’entreprise se demande ce qui va lui tomber sur la tête : grèves, mouvements sociaux, hier le Covid, aujourd’hui la guerre en Ukraine… Nous sommes aussi dans un contexte de l’emploi très compliqué puisque les chefs d’entreprise ne trouvent pas les compétences dont ils ont besoin. Il y a aujourd’hui 5 400 offres non pourvues au Pays basque (au 31 janvier 2023, NDLR), alors qu’en face, il y a des demandeurs d’emploi. Quelles sont les solutions ? J’aimerais que l’on retrouve la valeur travail, sachant qu’il y a des efforts de la part des entreprises sur la RSE, donc une volonté de leur part d’avoir un rôle sociétal. Celui qui n’a pas cette volonté ne trouvera pas de salariés. Je pense que les dirigeants en sont conscients. Je suis aussi chef d’entreprise, donc je connais bien toutes ces problématiques. On aimerait qu’il y ait des solutions d’apaisement et que l’on puisse continuer à travailler dans de bonnes conditions.
Selon le dernier baromètre économique, le taux de chômage est au plus bas au Pays basque (6,1 % fin 2022), les recrutements sont en hausse (+12,8 % entre 2021 et 2022 pour les services et le commerce) et pourtant les recrutements sont compliqués. Pourquoi et comment agir ?
Il y a un an, j’ai souhaité regrouper tout le monde autour du sujet, les associations sur l’emploi ou l’État… On n’avait pas de visibilité. Aujourd’hui on l’a ; on connaît le nombre d’offres par secteur. Il y a d’abord le BTP puis l’industrie qui ont du mal à recruter. Avoir cette connaissance permet d’élaborer des solutions pour que l’offre et la demande puissent se rencontrer. Nous sommes capables aujourd’hui, grâce à l’intelligence artificielle, de détecter les compétences d’un demandeur d’emploi, car il n’y a pas que les diplômes qui sont importants. Celui qui a d’autres compétences ou l’envie d’être formé n’est pas obligé de rester dans une logique de diplômes. Certaines entreprises aujourd’hui sont aussi capables de former les candidats. Nous avons mis des choses en place pour favoriser la rencontre.
Faites-vous référence à la plateforme emploi-paysbasque.fr créée l’an dernier ?
Cette plateforme a beaucoup aidé, elle a permis de recruter et de trouver la connexion, mais il y a encore des efforts à faire. Il faudrait des formations qui s’adaptent directement aux besoins du chef d’entreprise. On le fait en partie à l’Estia (école d’ingénieurs à Bidart) ou ici à la CCI, mais pas pour tous les métiers. Il faut faciliter la migration sur un nouvel emploi qui nécessite d’autres qualifications, avec un accompagnement.
Au-delà de l’emploi, quels sont les autres axes forts que vous souhaitez mettre en œuvre ?
RSE, économie circulaire et développement durable. On a embauché sur ces questions. En termes de transfert de technologies, nous souhaitons le maintien d’un écosystème fort pour faire bénéficier nos entreprises de la recherche et de l’innovation dans leur secteur et utiliser l’ensemble des plateformes qu’elles ont à leur disposition. L’an dernier, nous avons accompagné plus de 20 000 entreprises. On travaille avec beaucoup de TPE et de PME (environ 98 % des entreprises ici), qui ont besoin de conseils précis.
