Depuis sa création, en avril 2019 par l’ancien champion du monde de Kite surf Alex Caizergues, la start-up marseillaise Syroco (24 salariés), dont le but était de développer un engin de vitesse sur l’eau propulsé par le vent afin de battre les records de vitesse à la voile et d’atteindre les 150 km/h, a toutefois toujours eu pour objectif principal de contribuer à la transition énergétique du transport maritime. Et cela, au travers d’une plateforme, désormais baptisée Syroco EfficientShip, qui utilise des jumeaux numériques de navires. L’entreprise a levé 3 millions d’euros à la mi-2022, auprès de business angels et de family offices, afin d’accélérer le développement de cette plateforme qui, en novembre dernier, a par ailleurs été sélectionnée par la compagnie marseillaise Ponant pour l’accompagner dans la conception et la modélisation numérique de son projet Swp2Zero, qui se veut le premier concept de navire transocéanique visant la neutralité carbone en navigation, en manœuvre, au port et au mouillage. Ce voilier, qui verra le jour d’ici 2030, combinera énergies renouvelables fournies par le vent et le soleil, piles à combustibles et dispositifs de captation de carbone.
Aider à la conception et au retrofit de navires
"Cela fait maintenant trois ans que nous commercialisons notre plateforme pour aider à la conception et au retrofit de navires. Aujourd’hui, nous allons plus loin en proposant un système embarqué, qui propose un routage météo de nouvelle génération, basé sur le jumeau numérique du navire sur lequel il est installé", explique Alex Caizergues. Le système, en fonction des données météo précises reçues en temps réel aide le capitaine à optimiser sa route. Et indirectement à réduire sa consommation de carburant.
"Cela fait maintenant dix-huit mois que nous avons compris que la clé de la décarbonation du transport maritime, c’était le capitaine. C’est en lui fournissant la route la plus optimisée et la plus sûre, en fonction de la météo et de ses contraintes de timing que l’on pourra décarboner. Pour y parvenir, il faut fournir un outil simple avec une interface moderne que nous avons déployé courant 2023… ", ajoute le créateur de la start-up marseillaise. Le système de Syroco travaille dans le cloud et, sur le navire, l’ordinateur ne sert que d’interface. Une interface qui se veut un outil du XXIe siècle.
14% d'économie de carburant
Déployé depuis plusieurs mois à bord du Marfret Niolon, de la compagnie marseillaise Marfret, opérant la ligne Le Havre-Anvers-Guyane-Antilles et équipé d’une propulsion conventionnelle complétée par une assistance vélique, cette solution a apporté un routage océanique optimisé engendrant des gains de consommation de carburant et d’émissions de carbone de 14 %.
Une levée de fonds "conséquente" envisagée pour 2024
" Prendre des vagues de face engendre par exemple une augmentation de 40% de la consommation de carburant. Avec notre système, le capitaine ne subit plus la météo, précise Alex Caizergues. Nous avons désormais fait nos preuves et nous envisageons une levée de fonds conséquente pour 2024 afin de financer notre croissance et d’attaquer notamment le marché asiatique, qui regroupe 60 % des armateurs mondiaux "
Un marché de 42 000 navires
Syroco se retrouve ainsi face à un marché de 42 000 navires, de marchandises ou de passagers confondus, en circulation dans le monde, appartenant à plus de 10 000 compagnies maritimes. " Pour être efficaces, les jumeaux doivent être réalisés sur mesure, en fonction des gabarits des navires, mais également des caractéristiques de la motorisation et des données qui peuvent être existantes de consommation ", détaille Alex Caizergues, qui précise que l’abonnement à la plateforme Syroco EfficientShip coûte un peu moins d’1 % de la consommation d’un navire par an et permet d’économiser environ 10 % de cette consommation.
