Nancy
Avec Defmal, la recherche lorraine se place en première ligne sur la cybersécurité
Nancy # Cybersécurité

Avec Defmal, la recherche lorraine se place en première ligne sur la cybersécurité

S'abonner

Lancé dans le cadre du plan France relance et porté par l’Université de Lorraine, le programme de recherche en cybersécurité Defmal va mobiliser 5 millions d’euros sur six ans. Aux avant-postes, à Nancy, le Loria, le laboratoire lorrain de recherche en informatique et ses applications, et son Laboratoire de haute sécurité.

L’accès à la salle "serveur" du Laboratoire haute sécurité du Loria, à Nancy, est rigoureusement contrôlé — Photo : Inria - Kaksonen

Changer de regard pour mieux comprendre. C’est en substance le point de vue adopté par Jean-Yves Marion, professeur à l’Université de Lorraine, chercheur au Loria et responsable du programme DefMal. Lancé en 2022 dans le cadre du plan France Relance et porté par l’Université de Lorraine, le programme de recherche en cybersécurité DefMal, portant sur l’étude des logiciels et programmes malveillants, entame une phase d’accélération. Doté d’un budget de 5 millions d’euros sur 6 ans, DefMal va notamment s’attacher à comprendre le modèle économique de la cybercriminalité : "D’après les derniers chiffres dont nous disposons, les cybercriminels ont amassé plus de 10 milliards d’euros en 2019", rappelle Jean-Yves Marion.

Au fur et à mesure que les outils numériques s’imposent dans les entreprises et les administrations, les logiciels malveillants représentent une menace exponentielle, s’infiltrant dans l’ensemble de l’environnement numérique : les objets connectés, les véhicules autonomes, les systèmes industriels et l’ensemble de l’infrastructure informatique, y compris le cloud, les smartphones et, de manière générale, les logiciels internes de l’ensemble des produits électroniques. L’enjeu est de parvenir à développer de nouvelles méthodes d’analyse et de défense face aux malwares, d’appréhender les aspects économiques, juridiques, criminels et sociologiques qui sous-tendent cet écosystème.

Écouter le trafic et collecter les logiciels malveillants

"La démultiplication des menaces ces dernières années rend indispensable une mobilisation universitaire interdisciplinaire, en lien constant avec le monde de l’entreprise et les pouvoirs publics", estime Jean-Yves Marion, qui a structuré le projet autour de collaborations européennes, avec le Centre de cybersécurité CISPA, à Sarrebruck en Allemagne ou internationales, comme avec le Japan Advanced Institute of Science and Technology basé à Kanazawa au Japon et le National Institute of Information and Communications Technology de Tokyo.

En Lorraine, le Loria, le Laboratoire lorrain de recherche en informatique avec ses applications, dispose d’une pièce maîtresse avec le LHS, le Laboratoire de haute sécurité. Sas d’accès contrôlé, vitres blindées, les chercheurs travaillent ici dans une ambiance particulière visant à protéger deux salles contenant des serveurs. Dans ces machines, les chercheurs du Loria ont développé des outils capables d’écouter le trafic internet, à la recherche des mouvements suspects. "C’est ce que nous appelons le brouillard de la guerre. Sur les plages d’adresses IP que nous écoutons, normalement, il ne devrait pas y avoir de trafic. Nous observons donc de potentiels attaquants à la recherche de cibles", détaille Jean-Yves Marion.

Autre mission du LHS, la collecte des logiciels malveillants. Pour attirer les attaquants, les chercheurs du Loria ont déployé un "honey poot", soit un pot de miel : une machine faussement vulnérable, permettant à un attaquant de passer à l’attaque. En déployant son logiciel malveillant dans cette machine, le hacker va finalement enrichir la collection du LHS, qui n’en compte déjà pas loin de 35 millions. C’est pour prévenir les risques de fuite que les serveurs du LHS sont aussi sécurisés.

Ce travail de recherche a déjà permis à deux start-up, Cybi et Cyber-Detect, de mettre sur le marché des outils très avancés permettant de prévenir les cyberattaques. Autant d’efforts qui vont désormais encore s’accentuer : "L’évaluation du projet DefMal va nous permettre de répondre à l’objectif fondamental de se doter de capacités d’anticipation et de réactions rapides face aux cyberattaques par programme malveillant et de donner l’opportunité aux entreprises, administrations et institutions d’en profiter", précise Jean-Yves Marion.

Nancy # Cybersécurité # Recherche et développement