L'hydrogène débarque dans les trains et les avions
# Production et distribution d'énergie # Innovation

L'hydrogène débarque dans les trains et les avions

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La sixième édition nationale des "Journées Hydrogène dans les Territoires" se tient les 26 et 27 septembre à Toulouse. Rien d'étonnant dans une région où les projets autour de ce nouveau vecteur d'énergie fleurissent. Du groupe Safran à la petite entreprise aveyronnaise Braley, tout le monde s'y met.

Photo : Safran Power Units/Philippe Stroppa

L’Association française pour l'hydrogène et les piles à combustible (AFHYPAC) a retenu l'Occitanie pour l’organisation des sixièmes "Journées Hydrogène dans les Territoires". Les 26 et 27 septembre à Toulouse, les acteurs régionaux vont ainsi exposer leur savoir-faire et les multiples projets en cours qui font l'effervescence de la filière dans la région.

En 2016, l'Occitanie a donné le ton en sélectionnant le méta-projet HyPort. Financé jusqu'à 70 M€ par l'État, son objectif est d'utiliser au maximum l'hydrogène vert pour faire fonctionner les aéroports de Tarbes et Toulouse-Blagnac. "L'appel à projet national 'Territoires Hydrogène' dont Hyport est lauréat a mis en évidence le potentiel des zones aéroportuaires comme écosystèmes pertinents pour accélérer le développement d'une économie de l'hydrogène, explique Nadia Pellefigue, vice-présidente de Région et présidente déléguée de l'agence de développement économique (Ad'Occ).

Safran fait rouler les avions à l'hydrogène

Parmi les acteurs impliqués, on trouve Safran Power Units (SPU), le centre d'excellence du groupe Safran. Spécialisé dans les systèmes de puissance pour le militaire et le civile, SPU (560 collaborateurs dont 510 à Toulouse) travaille pour HyPort sur le projet Pile à combustible pour applications aéronautiques (PIPAA). La filiale développe un générateur de pile à combustible de 15 kilowatt (kW) destiné aux avions. "Avant l'embarquement, la pile placée à bord doit fournir de l'énergie à la place du réseau électrique de l'aéroport, explique François Tarel, directeur général de SPU. L'avion sera ainsi plus autonome, d'où un gain de temps, utile aux compagnies low cost. Ce démonstrateur se fait en partenariat avec Easyjet".

Seconde application, l'hydrogène pour le taxiage de l'avion depuis la porte d'embarquement jusqu'à la piste d'envol, afin d'éviter l'allumage précoce des réacteurs. Cela permettrait de réduire les émissions polluantes et sonores associées aux opérations au sol. D'autre part, l'utilisation de la pile à hydrogène doit aussi être testée en vol, par exemple pour alimenter les systèmes de secours. Safran intègre actuellement au projet Zodiac Aerospace (membre du groupe depuis février), qui travaille sur des technologies complémentaires. "Ces démonstrations sont une première mondiale, souligne François Tarel. Elles seront terminées en 2020-2021. Nous espérons ainsi être les premiers à commercialiser la technologie". Le coût du projet s'élève à 51,6 M€, dont 19,3 M€ financés par Bpifrance.

Un train propulsé par pile à combustible

De son côté, le centre d'excellence pour la traction ferroviaire d'Alstom, situé à Tarbes, travaille sur le train à hydrogène. "Nous intégrons les composants de la pile à hydrogène de 400 kilowatt qui alimentera le train innovant Coradia iLint, partage Benoît Carniel, directeur du centre tarbais qui regroupe 650 personnes. En septembre 2018, ce sera le premier train régional au monde à être propulsé avec la technologie hydrogène. Il pourra parcourir 800 kilomètres par jour". Alstom qui développe ce train depuis quatre ans a déjà enregistré une commande de 14 exemplaires du Coradia iLint par la société allemande LNVG.

En outre, petite par la taille mais grande par les idées, la PME aveyronnaise Braley (48 collaborateurs ; CA 2017 : 10 M€) est aussi actrice de l'aventure hydrogène. Spécialisée dans la récupération de déchets depuis sa création en 1981, elle est dirigée par un ex-agriculteur: "En 2006, nous étions pionniers du photovoltaïque, et dès 2010, j'ai été séduit par la possibilité de stocker l'énergie fatale (voir encadré, NDLR), raconte le fondateur Christian Braley. Nous utilisons les revenus issus du traitement des déchets pour investir dans les technologies prometteuses". Braley construit une station de distribution (700 bars) à Onet-le-Château. Fin 2018, cette structure sera le plus gros électrolyseur de France, qui plus est couplé à une station de distribution de biogaz.

Tarn et Aveyron, des départements très impliqués

Toutefois, le projet qui représente un investissement de 3,5 M€ - dont 1 M€ subventionné par l'Europe - a du retard. En mai 2017, Christian Braley a donc décidé d'investir 150 000 € dans une station de distribution de plus faible capacité pour alimenter la douzaine de véhicules hydrogène déjà en circulation autour de Rodez. À noter que la société, sur tous les fronts, est actionnaire de la SEM Eveer'Hy'Pole (voir encadré), responsable du dimensionnement en puissance de toutes les stations du projet HyPort.

Par ailleurs, Safra (190 collaborateurs ; CA 2017 : 23 M€) réinvente les bus électriques. Depuis Albi, la PME a conçu Businova, la seule structure de bus au monde à pouvoir s'adapter aussi bien à une propulsion électrique-hybride qu'électrique-hydrogène. Enfin, puisque la Région voit grand, le projet H2PiyR doit permettre la mise en place d'un corridor de 10 stations de ravitaillement entre l'Espagne et la France d'ici 2020. La station construite par les Braley en fera notamment partie.

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