Coronavirus : Pour Edouard Barthès (EBS Isolation), « la reprise des chantiers ne se fera pas en un jour »
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Coronavirus : Pour Edouard Barthès (EBS Isolation), « la reprise des chantiers ne se fera pas en un jour »

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Edouard Barthès dirige la société tarnaise EBS Isolation, PME de 350 salariés dont tous les chantiers sont à l'arrêt. Président du syndicat de la rénovation énergétique Symbiote, il estime que la reprise est inenvisageable tant que la sécurité des salariés et la confiance des clients ne sont pas rétablies.

Edouard Barthès, fondateur d'EBS Isolation à Castres, a vu l'intégralité de ses chantiers s'arrêter du jour au lendemain — Photo : DR

Avec 3 500 à 4 000 chantiers réalisés chaque mois, EBS Isolation (350 salariés, CA 2019 : 50 M€) est l’un des principaux acteurs de la rénovation énergétique en France. La société fondée en 2014 à Castres (81) par Édouard Barthès a vu son activité s’arrêter du jour au lendemain dès le lundi 16 mars. « Avant même les mesures de confinement, des salariés nous ont fait part de leurs craintes, et les livraisons ont commencé à être retardées. Logiquement, ce sont ensuite les clients particuliers qui ont décalé les interventions, suivant la demande officielle de couper les contacts avec l’extérieur », raconte le dirigeant. Avec l’accord de son CSE, l’entreprise a mis d’emblée 90 % de ses équipes en chômage partiel : seuls télétravaillent aujourd’hui les salariés des services RH, administratif et comptabilité.

Dons des masques et gants

La sortie de crise, Édouard Barthès la juge encore très lointaine. D’autant que, dans les premiers jours de la crise, les 10 agences d’EBS Isolation dans l’Hexagone ont donné aux hôpitaux voisins les équipements de protection individuelle (EPI) dont elles disposaient : masques, gants et combinaisons intégrales. « Pour reprendre l’activité, il faudrait déjà que le confinement soit levé et que nous puissions être approvisionnés. Pas seulement en EPI mais aussi en matériaux : actuellement, les usines d’isolants sont à l’arrêt, et peu de négoces spécialisés ont rouvert, souligne Édouard Barthès. Nous attendons aussi la sortie du guide de bonnes pratiques promis par le gouvernement pour assurer la sécurité des salariés du BTP. »

Regagner la confiance des particuliers

Pour le dirigeant, les gestes barrières seront compliqués à mettre en œuvre sur ses chantiers, notamment le respect du mètre de distance et le nettoyage systématique des matériels. Mais le plus difficile à prévoir, ce sera la réaction des clients. « On ne s’attend pas à ce que les particuliers nous accueillent à bras ouverts du jour au lendemain… Il sera sans doute plus simple de relancer les projets dans les bâtiments de bureaux ou de logements collectifs, mais la reprise des chantiers ne se fera pas en un jour. »

Des carnets de commandes pleins pour six mois

Président du syndicat de la rénovation énergétique Symbiote, qui réunit 290 entreprises qualifiées, Édouard Barthès assure que la profession ne veut « pas reprendre coûte que coûte », et attend que toutes les conditions de sécurité soient réunies. « Pourtant, nos carnets de commandes sont pleins pour les six prochains mois : nous subissons tous de plein fouet les pertes actuelles. On ne peut pas nous accuser d’opportunisme », pointe le dirigeant en allusion aux polémiques qui ont opposé la semaine dernière le gouvernement et les fédérations du BTP.

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