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Le groupe EBS surfe sur les économies d’énergie
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Le groupe EBS surfe sur les économies d’énergie

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En moins de neuf ans, le groupe tarnais EBS, fondé par Édouard Barthès, est devenu un acteur majeur de la rénovation énergétique en France. Si la conduite de travaux demeure son métier historique, il se positionne désormais comme un "créateur d’économies d’énergie", en se diversifiant notamment dans le solaire et la mobilité décarbonée.

Edouard Barthès a fondé le groupe EBS à Castres en 2014 — Photo : DR

Fin juillet 2022, le groupe EBS (300 collaborateurs, CA 2021 : 130 M€), spécialisé dans l’efficacité énergétique et basé à Castres (Tarn), a pris 30 % des parts de la société parisienne Sungen, experte dans l’installation de panneaux photovoltaïques, dont l’ancienne ministre de l’Environnement (1995-1997) Corinne Lepage est aussi actionnaire. Cette opération lui permet d’élargir son champ d’action au solaire sur le marché de la rénovation énergétique et de mener un projet de diversification ambitieux. "Nous ne nous contenterons pas d’installer des panneaux solaires, nous allons demander l’agrément pour devenir fournisseur d’énergie, annonce Édouard Barthès, le jeune président et fondateur d’EBS (32 ans) en 2014. "Nous voulons racheter l’énergie solaire que les gens n’utilisent pas pour la revendre notamment à des collectivités locales qui, dans un horizon très proche, auront l’obligation de se fournir en énergie propre et locale."

Ce nouveau pan de l’activité du groupe ne manquera pas d’alimenter son impressionnante croissance. EBS réalisait 6 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2015. Le groupe prévoit d’atteindre environ 185 millions d’euros en 2022.

Scooters électriques

En décembre 2021, il s’est également doté d’une nouvelle filiale, EBS Mobilité, destinée à développer des solutions en lien avec la mobilité décarbonée. Au début de l’été, EBS a ainsi lancé Tym', sa marque de scooters électriques équivalents à des deux-roues de 50cc et 125cc, qu’il commercialise en ligne. "Nous voulons que les Français puissent s’acheter un scooter électrique pour moins de 2 euros par jour, avance Édouard Barthès, en précisant que les engins bénéficient d’un bonus écologique à l’achat. Leurs batteries garantissent une autonomie de 80 kilomètres et elles se rechargent en 4 heures sur une simple prise 220 volts. Nous éliminons de la sorte la contrainte de trouver des bornes de recharge électrique."

Trois mois à peine après le lancement de cette offre, le dirigeant estime manquer de recul pour en mesurer l’étendue du succès. Pour l’heure, EBS Mobilité a réuni un stock de 300 scooters, qui sont fabriqués et assemblés en Chine. "Si le projet fonctionne bien, nous réfléchirons à nous rapprocher d’une unité de production a minima en Europe, indique Édouard Barthès, en nous associant avec un manufacturier ou un industriel. Avec plus de six semaines de transport, les délais sont considérables aujourd’hui et l’empreinte carbone réelle. Nous devrons trouver une solution."

Certificats d’économie d’énergie

Avec le solaire et la mobilité décarbonée, EBS prolonge la vision d’Édouard Barthès qui, dès 2014, a voulu bâtir un groupe "créateur d’économies d’énergie capable, sous une seule et même enseigne, de donner des réponses administratives, financières et techniques." À cette époque où le sujet n’était pas encore brûlant, le jeune entrepreneur se lance en créant la société EBS Isolation, spécialisée dans les travaux de rénovation énergétique dans le secteur tertiaire. Il la développe à vitesse grand V, en surfant sur le dispositif des certificats d’économie d’énergie (CEE) mis en place par la loi de programmation fixant les orientations de la politique énergétique du 13 juillet 2005.

"Dans un cadre réglementaire, l’État a contraint les fournisseurs d’énergie à reverser une partie de leurs bénéfices au profit de travaux de rénovation. J’ai utilisé ces subventions pour financer des travaux d’économies d’énergie, des travaux d’isolation de combles, de réseaux d’eau chaude sanitaire ou de chauffage", se remémore-t-il. L’entreprise a connu un boom parce que le montant des subventions au travers des certificats d’économie d’énergie payait à 100 % le coût des travaux. Mon métier était d’aller voir des cliniques, des hôpitaux et des maisons de retraite et leur expliquer que, pour 1 euro symbolique, ils pouvaient faire ces travaux. Nous avons bénéficié très vite d’un énorme bouche-à-oreille et nos affaires se sont démultipliées dans la France entière."

Grâce à ce succès, EBS a ouvert des agences sur tout le territoire. Le groupe en compte 12 aujourd’hui (Avignon, Béziers, Bourges, Castres, Le Mans, Lille, Lyon, Nancy, Paris, Rennes, Tonneins, Toulouse), sur lesquelles il s’appuie aussi désormais pour installer ses panneaux photovoltaïques. Les décisions politiques qui suivent, notamment l’apparition de primes destinées à lutter contre la précarité énergétique en 2016-2017, ouvrent à EBS Isolation les portes du marché des particuliers. "Cela a été le début des offres d’isolation de combles à 1 euro, resitue Édouard Barthès. Nous avons tout de suite pris le lead puisque nous avions la compétence technique et un maillage national."

Partenariat avec Leroy Merlin

Le dirigeant a aussi l’idée lumineuse d’un partenariat avec Leroy Merlin, toujours en cours aujourd’hui, qui devient alors un tiers de confiance. "Quand l'enseigne a lancé ses offres de services (isolation de combles, de plancher, poêles à granulés etc.), nous avons opéré 150 000 chantiers en trois ans." Si bien qu’aujourd’hui, l’activité d’EBS concerne à 75 % le marché des particuliers, essentiellement drainés par Leroy Merlin.

Un carton qui permet au groupe de frôler les 100 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020 et de se structurer : comité de direction, actionnariat salarié (15 % du capital du groupe, le reste étant détenu par Édouard Barthès), comité d’entreprise, participation… Deux ans auparavant, pour accompagner sa croissance, EBS avait racheté les anciens locaux de la Banque de France à Castres pour y installer son siège, moyennant un investissement d’1,8 million d’euros. Le groupe a toutefois connu un coup d’arrêt pendant la période Covid. "Nos installateurs ne pouvaient plus se déplacer, il y avait pénurie de matériaux et les aides à 1 euro se sont arrêtées en raison des trop nombreuses fraudes", souffle Édouard Barthès. Le 1er juillet 2021, le coup de pouce "isolation des combles et planchers" a en effet été modifié. "Nous avons eu dix fois moins de chantiers, regrette-t-il. Nous avons dû faire un plan social cette année concernant 90 personnes qui travaillaient sur la partie isolement de combles. Nous sommes en croissance, en transition sur de nouveaux métiers, mais le fait d’avoir connu un coup d’arrêt brutal sur le métier historique n’a pas été sans conséquence." Durant cette période délicate, EBS a revisité son offre en proposant des remplacements de chaudières ou l’installation de pompes à chaleur. "Je voulais absolument que nous soyons en capacité, chez un particulier ou dans un bâtiment tertiaire, de parler d’isolation mais aussi de chauffage. Nous avons mis dix-huit mois à transformer le modèle."

Neuf ans après sa création, le groupe EBS s’organise donc en quatre sociétés : EBS Énergie, qui gère la partie administrative et financière et accompagne les fournisseurs d’énergie, EBS Isolation & Chauffage, qui s’occupe des travaux, EBS Mobilité et Sungen.

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