Ils font partie des rares commerces non-alimentaires ouverts : les marchands de journaux et les bureaux de tabac font face à la crise du coronavirus avec des fortunes diverses. L’un des principaux acteurs du marché est le groupe toulousain Nap, propriétaire des enseignes Maison de la Presse et Mag Presse.
Si 90 % des 1 360 points de vente de son réseau restent en activité, beaucoup ont aménagé les horaires et la plupart des salariés ont été placés en chômage partiel, laissant derrière le comptoir les seuls propriétaires des magasins. En plus des protections plexiglas, ces derniers vont commencer à recevoir cette semaine plusieurs milliers de masques pour mieux assurer leur protection et celle des clients, grâce à un pont logistique mis en place avec la Chine. L’entrepôt toulousain du groupe Nap fonctionne à plein, avec une douzaine de salariés qui assurent les envois dans toute la France.
Les éditeurs de presse frileux
Côté ventes, le nombre d’encaissements a été divisé par deux mais le chiffre d’affaires du réseau ne recule que de 22 %. « La hausse du panier moyen s’est surtout faite les premiers jours de la crise, sur des familles de produits comme le tabac ou les jeux jouets : clairement, les clients ont voulu stocker de quoi tenir pendant le confinement. Depuis, l’activité s’est stabilisée mais ne se tarit pas », indique Arnaud Ayrolles, président du groupe Nap.
Le marché de la presse, lui, se complique au fil des semaines. Beaucoup d’éditeurs ont été impactés par la chute brutale de la publicité et la décision de la Poste de ne distribuer le courrier que trois jours par semaine. Ils hésitent, en outre, verser des avances aux messageries dont la principale, Presstalis, est au bord du dépôt de bilan. Résultat, le nombre d’exemplaires imprimés et mis dans le circuit ne cesse de se réduire, menaçant à terme les revenus des points de vente et leur trésorerie. « J’appelle les éditeurs à continuer à fournir les points de vente malgré les circonstances. Le risque sinon est d’aggraver la situation d’un réseau de distribution récessif depuis plusieurs années », insiste Arnaud Ayrolles.
Un plan de modernisation contrarié
Chaque année, les enseignes Maison de la Presse et Mag Presse voient en moyenne disparaître 3 % de leur réseau. Un phénomène que le groupe Nap tente de contrer avec le lancement d’un vaste plan de modernisation, au rythme de quatre à cinq points de ventes par mois avant le déclenchement des mesures de confinement. Dans les premiers magasins implantés, les résultats sont là, avec une hausse du chiffre d’affaires 11 % supérieure à la moyenne du réseau.
Mais la crise actuelle pourrait bousculer le déploiement du concept. « On peut penser que, dans les prochains mois, les propriétaires vont prioriser la continuité d’exploitation à l’investissement dans leur point de vente, analyse Arnaud Ayrolles. Pour certains commerces déjà en difficulté, la crise risque d’aggraver le risque de fermeture. »