Seule une vingtaine de départements français ne compte aucune agence Ulysse, réseau dédié au transport de personnes en situation de handicap. Son fondateur compte bien y remédier dans les cinq ans à venir. Victime d’une chute, Franck Vialle devient tétraplégique à l’âge de vingt ans. Après des années d’hospitalisation, il suit une formation à l’Institut d’Enseignement Supérieur de Travail Social à Nice et se lance dans la création d’Ulysse pour permettre à chacun de se déplacer librement, quel que soit son handicap. "En 1996, tout était à faire, je suis parti d’une feuille blanche, explique le dirigeant niçois. Il y avait bien des associations mais il fallait professionnaliser. La volonté était de ne pas retomber dans l’écueil de dépendre chaque année d'éventuelles subventions. Il fallait être autonome. J’ai tout de suite utilisé des véhicules propres, climatisés, confortables, aménagés; j’ai créé un module de chauffeur accompagnateur. On m’a ri au nez en me disant que ce ne serait jamais viable. Je le dis modestement, nous avons vraiment été précurseurs."
150 à 200 agences d'ici cinq ans
Aujourd'hui, Ulysse transporte chaque jour des milliers de personnes : élèves et étudiants en école ordinaire (missionné par les Départements, via appels d'offre) ou vers des établissements spécialisés (via les Agences régionales de Santé) et plus largement, toute personne à mobilité réduite qui bénéficie d’un accompagnement personnalisé et du TAD, le Transport à la Demande (géré également par l’autorité publique : Département, Région, Communauté d’agglomération…). "Nous sommes tout l’inverse d’un taxi ou d’un VTC, précise Franck Vialle. Notre modèle économique est basé sur une activité régulière, récurrente, à l’année."
L'enseigne a réussi à faire sa place dans l'univers de la mobilité, gagnant la confiance des grands noms du secteur tels Keolis ou Transdev qui sous-traitent ses services et son savoir-faire. Le réseau compte une centaine d’agences réparties au quatre coins de France, jusqu’en Martinique et à La Réunion, regroupant 3 700 chauffeurs-accompagnateurs, formés, et affichant un chiffre d’affaires de 60 millions d’euros pour l’année 2020. "Nous avons quatre agences en propre dans les bastions géographiques que sont l’Île-de-France, la région lyonnaise et le Sud-Est. Tout le reste sont des indépendants que nous aidons au démarrage et dans leur développement afin que leur activité devienne pérenne. Nous avons un centre de formation, une cellule dédiée aux appels d’offres… Les contrats de franchise sont signés pour une durée de cinq ans et plus de 90 % d’entre eux sont renouvelés."
D’ici cinq à six ans, Franck Vialle veut mailler l’intégralité du territoire français, visant ainsi les 150 à 200 agences. Les besoins ne cessant d’augmenter, l’offre devra suivre, notamment face au vieillissement de la population et à ses corollaires. "La loi a évolué et depuis plusieurs années, nous accompagnons ainsi les malades d’Alzheimer en accueil de jour." Un seul département pourra donc logiquement compter plusieurs agences, comme cela est déjà le cas dans les Alpes-Maritimes qui regroupent quatre agences.
