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Coronavirus : Valtinée ne reprendra pas le travail sans masques de protection
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Coronavirus : Valtinée ne reprendra pas le travail sans masques de protection

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Pierre Mario est à la tête de Valtinée, entreprise de bâtiment et travaux publics implantée en montagne, dans le haut pays niçois. Pour celui qui est aussi vice-président de la Fédération BTP des Alpes-Maritimes, le guide des préconisations édité par l’OPP BTP est une bonne chose. Mais à ses yeux, la reprise reste suspendue à un élément majeur : le port du masque.

— Photo : Valtinée

Depuis le 17 mars au matin, Valtinée, entreprise de bâtiment et travaux publics implantée en montagne, est à l’arrêt. La très grande majorité des 34 salariés est au chômage partiel. Seuls restent sur le pont la direction, la comptable et un collaborateur qui travaille seul pour l’activité de carrière.
Quid de la reprise ? Les professionnels du secteur attendaient la publication du guide de bonnes pratiques de l’Organisme professionnel de prévention du BTP pour se prononcer. Pour Pierre Mario, qui dirige la PME familiale, « ce guide est bien fait. Il est important d’avoir une marche à suivre pour reprendre les chantiers dans quelques semaines. Mais il est forcément généraliste. »

Étudier chantier par chantier

Entreprise plus que centenaire basée à Saint-Sauveur-sur-Tinée, dans le haut pays niçois, Valtinée (5,7 M€ de CA) œuvre à la fois dans le bâtiment et les travaux publics, disposant de sa propre centrale à béton. Travaux d’assainissement, activité en voirie et réseaux, construction d’immeubles dans les stations de ski toutes proches ou de programmes de luxe sur le littoral… la reprise ne saura être que progressive. « Avant de reprendre, il faudra écrire aux clients pour obtenir leur autorisation, qu’ils soient maîtres d’ouvrage privés ou publics. Tous nous avaient demandé d’arrêter », précise Pierre Mario. « Il faudra ensuite étudier les contraintes chantier par chantier afin de savoir si nous sommes bien en mesure d’appliquer les mesures de protection et de sécurité, s’il faut du matériel spécifique. »

60 masques nécessaires chaque jour

Mais pour le dirigeant, la condition sine qua non de ce retour d’activité tient dans le masque. « Il nous en faudra deux en moyenne par collaborateur et par jour, donc une soixantaine chaque jour. Il faudra s’assurer qu’ils sont conformes. J’ai eu des retours d’entreprises locales de négoce : l’une a payé mais n’a pas reçu sa commande, l’autre a reçu des masques non pas marqués CE mais China Export ! » Son fournisseur habituel ne pourra pas le livrer avant le début du mois de mai. Pierre Mario aurait souhaité reprendre un peu plus tôt, dans un ordre dont les priorités devraient être établies par les clients eux-mêmes et par le préfet du département.

« Sans masques, la grande majorité de nos chantiers ne pourront reprendre car nous sommes le plus souvent obligés de travailler à moins d’un mètre les uns des autres », précise le dirigeant. « Les seuls qui peuvent être réalisés « à distance », sans interactions physiques, sont les chantiers de terrassement mais ils représentent moins de 20 % de l’activité. La clé est donc le masque. Si tout le monde en a, nous pourrons envisager de retravailler. »

Il y aura d’autres contraintes à régler comme l’accessibilité aux sites, chacun devra avoir son propre véhicule, ou encore les repas, sachant que les salariés de Valtinée déjeunent habituellement au restaurant, tous fermés à ce jour. Pas de complainte pour autant dans le discours de Pierre Mario qui demeure optimiste. « Il ne faut pas tout attendre », souligne-t-il aujourd’hui. « Nous avons reçu des aides du gouvernement et des syndicats professionnels mais charge aux entreprises de trouver des solutions. Maintenant que nous avons ce document, il nous faut nous préparer. »

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