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Coronavirus : « La moitié des salariés chinois de Wirquin n'a pas repris le travail »
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Grégory Le Coënt vice-président de Wirquin Coronavirus : « La moitié des salariés chinois de Wirquin n'a pas repris le travail »

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À l’instar de multiples entreprises de Loire-Atlantique et Vendée qui comptent un site de production en Chine, le fabricant de sanitaires Wirquin, basé à Carquefou (Loire-Atlantique), est impacté par les conséquences de l'épidémie de coronavirus sur son activité. Son site de production chinois, qui compte 300 salariés, vient tout juste d’obtenir l’autorisation de rouvrir, le temps de mettre en place les mesures de précaution imposées par les autorités pour éviter la propagation du virus.

— Photo : Wirquin

Le groupe Wirquin (1 300 salariés, 140 M€ de chiffre d’affaires), fabricant d’accessoires sanitaires dont le siège est basé à Carquefou, près de Nantes, compte un site de production en Chine qui fait travailler 300 salariés. Son usine a rouvert le lundi 17 février après deux semaines de fermeture annuelle liée aux vacances du Nouvel an chinois, et une semaine de fermeture nécessaire pour répondre aux mesures de prévention imposées à toutes les entreprises par les autorités chinoises à cause de l’épidémie de coronavirus.

Le Journal des Entreprises : De quelle manière Wirquin est-il impacté par les conséquences du coronavirus ?

Grégory Le Coënt : Nous avons un site de production en Chine, situé dans le site de la province de Canton, une zone considérée comme rouge par les autorités chinoises sur la propagation du coronavirus. Ces dernières nous ont imposé, comme à toutes les entreprises du territoire, de mettre en place des mesures de précaution pour éviter toute propagation. Nous devions rouvrir la semaine dernière et nous avons finalement été autorisés à ouvrir seulement cette semaine, le temps de prendre les mesures nécessaires. Nous ne pensions pas pouvoir ouvrir aussi tôt. Par chance, aucun des salariés présents n’est pour le moment contaminé, c’était notre plus grosse inquiétude.

Quelles sont les mesures de précaution que l’on vous a imposées ?

Grégory Le Coënt : Nous avons par exemple dû prouver aux autorités que nous avions bien une salle fermée qui pourrait accueillir une personne qui serait contaminée par le coronavirus. Nous avons aussi installé des caméras infrarouges à l’entrée de l’usine pour détecter des hausses de températures chez les salariés. Nous avons aussi dû nous équiper avec des masques de protection et des solutions hydroalcooliques.

Vous venez donc de reprendre la production. Est-ce qu’elle redémarre normalement?

Grégory Le Coënt : On a redémarré avec 50 % des salariés présents. Ce n’est pas si mal. Certaines des autres entreprises installées en Chine avec qui je discute ne comptent que 20 à 30 % de collaborateurs présents. Nous avons bon espoir que l’ensemble des salariés revienne d’ici la fin de la semaine. Dans un contexte de fortes tensions de recrutement dans cette province chinoise, il était important d’ouvrir le plus vite possible pour ne pas perdre de salariés. Pendant la semaine de fermeture imposée, nous étions contraints, par les autorités, de rémunérer l’ensemble des salariés à hauteur de 50 % du Smic local, soit la moitié de la rémunération habituelle. Ce n’est pas suffisant pour vivre. Le risque était grand, si la situation perdurait, que certains démissionnent pour aller travailler dans des entreprises déjà opérationnelles.

Pourquoi tant d’absents à la réouverture ? 

Grégory Le Coënt : C’est lié au virus, certains n’ont pas trouvé de moyens de transport ou craignent d’en prendre. Mais pas seulement. Nous comptons traditionnellement, à cette période de l’année, beaucoup de salariés qui démissionnent – entre 25 et 30 % chaque année. La période des 15 jours de fermeture annuelle que l’on vient de passer, liée à la célébration du Nouvel An chinois, est pour beaucoup de salariés l’occasion de revenir, pour la seule fois de l’année, dans leur ville d’origine et de retrouver leurs familles. Beaucoup ne reviennent pas travailler, soit parce qu’ils ont trouvé un emploi plus proche de chez eux, soit parce qu’ils décident de rester chez eux.

Craignez-vous devoir voir votre production ralentir en Chine ?

Grégory Le Coënt : Pour le moment, non, nous avons bon espoir que tout revienne dans l’ordre dans les dix jours à venir. Nous avons suffisamment de stocks pour le moment. Chaque année, nous anticipons en effet cette période de fermeture annuelle de 15 jours en janvier en faisant beaucoup de stocks. Si la situation perdure, nous avons de multiples « plans B ». Nous examinons en ce moment la liste des composants que nous produisons pour anticiper d’éventuelles ruptures de stock. Notre site fabrique des éléments qui alimentent les autres sites de production du groupe (six sites de production sur plusieurs continents). C’est en avril que l’on pourra voir un éventuel impact sur le chiffre d’affaires local.

Est-ce que vous discutez de la situation avec d’autres entrepreneurs locaux ?

Grégory Le Coën : Oui, nous avons créé un groupe WhatsApp dédié où nous échangeons tous les jours, notamment sur notre taux d’absents.

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