Coronavirus : autour de Dupont Beaudeux, des PME du textile s'allient pour fabriquer des masques
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Coronavirus : autour de Dupont Beaudeux, des PME du textile s'allient pour fabriquer des masques

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Alors que les masques de protection contre le coronavirus viennent à manquer en France, Dupont Beaudeux, basée à Annœullin, s’organise avec d’autres entreprises de la région pour en fabriquer à grande échelle. Quitte à relancer des ateliers désertés.

— Photo : Dupont Beaudeux

Face à la pénurie de masques, en pleine épidémie de coronavirus, Hervé Dupont n’entend pas rester les mains dans les poches. Le dirigeant de Dupont Beaudeux (150 salariés, 14,2 M€ de CA), une PME basée à Annœullin, spécialisée dans les vêtements professionnels, a plutôt choisi de décrocher son téléphone, pour fédérer un réseau de confectionneurs à l’échelle de la région. Avec pour objectif, la fabrication de masques en tissu, en grande quantité, pour équiper les personnels des hôpitaux, mais aussi, l’ensemble des professionnels, de tous les secteurs, qui doivent continuer à travailler et n’ont pour le moment aucune protection.

De 30 000 à 50 000 masques par jour

Dupont Beaudeux, qui a « 1 000 kilomètres » de divers tissus en stock, entend fournir la matière première, tissus et élastiques, prédécoupés dans ses locaux. Une fois cousus dans les ateliers des entreprises partenaires, ou par des particuliers, les masques lui seront retournés. La PME en assurera le stockage et la distribution, à prix coûtant, à tous les établissements de santé ou toutes les entreprises qui en auront besoin. Pour le moment, Henri Dupont a fédéré une vingtaine d’entreprises textiles (ou assimilées) de la région, parmi lesquelles Lemahieu, Doublet, Cousin Biotech, ou encore Etam, mais aussi, les créateurs du Grand Bassin et du Plateau Fertile, à Roubaix. Ainsi qu’une quarantaine de couturiers indépendants ou amateurs, qui se sont spontanément constitués en groupe au sein d’une page Facebook, pour aider comme ils le peuvent.

« Pour le moment, j’ai calculé que nous serions en capacité de produire entre 30 000 et 50 000 masques par jour », estime Hervé Dupont, un peu débordé par les sollicitations qui arrivent de toute part. « L’idée, c’est de faire les choses en professionnels, et pas n’importe comment, puisqu’on voit tout et n’importe quoi sur Internet autour des masques ces derniers temps. Nous avons mis au point un modèle de masque FFP1, en tissu lavable, qui correspond au cahier des charges de la Direction Générale de l’Armement. Surtout, nous lui avons fait parvenir des échantillons de nos tissus, pour qu’ils soient testés et validés en fonction des usages et des catégories de personnels. Nous attendons le feu vert de la DGA pour lancer l’opération, dès lundi j’espère, en étant vraiment certains que nos masques seront efficaces et utiles. »

Vers une reprise du travail pour certains

En attendant, la PME, dont les principaux ateliers sont en Tunisie et en Bulgarie, compte sur son site nordiste assez de main-d’œuvre pour commencer la fabrication d’une première série de masques, destinés à un usage interne. Les suivants équiperont les salariés des entreprises partenaires, dont certains, comme ceux de Lemahieu, sont au chômage partiel depuis lundi, mais pourraient finalement retrouver le chemin de leur atelier, dans le respect des règles de sécurité.

« Je pense que la demande va être très importante, tout le monde fait une fixation sur les masques, et en cherche partout. Pour les masques médicaux, bien sûr, c’est priorité au personnel hospitalier ! Même si je suis en contact avec le CHR de Lille par exemple, qui serait preneur de nos masques aussi, tant il en manque ! Je pense que notre production va avant tout équiper des chauffeurs, des salariés de la logistique, des ouvriers, des caissiers… plein de gens qui ont besoin de protections pour travailler, et qui n’en trouvent pas aujourd’hui. Il faut être réaliste, beaucoup d’entreprises qui ont arrêté le travail vont devoir reprendre, tout le monde ne pourra pas prétendre au chômage partiel. Les nôtres en premier d’ailleurs : beaucoup de celles qui s’apprêtent à rouvrir leurs ateliers les avaient arrêtés faute de commandes. Devant l’urgence, il y a de très belles boîtes qui acceptent de se mettre en sous-traitance, et qui vont désormais fabriquer des masques. »

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