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Christian Carme (Technofirst) : "La cotation en Bourse était une erreur"
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Christian Carme fondateur de Technofirst "La cotation en Bourse était une erreur"

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Technofirst Next Generation (TFNG) a vu le jour en janvier 2020, prenant la suite de l’activité de la société Technofirst, créée en 1990 et liquidée en juillet 2019. Christian Carme, fondateur de Technofirst et directeur de la R & D de TFNG revient sur le parcours de cette entreprise née dans les laboratoires du CNRS et leader dans le traitement du bruit et des vibrations par des systèmes actifs.

Christian Carme, fondateur de Technofirst — Photo : D.R.

En janvier 2020, Technofirst Next Generation a pris la suite de la société Technofirst après sa liquidation. Pourriez-vous rappeler le contexte qui a conduit Technofirst au dépôt de bilan ?

Christian Carme : Technofirst Next Generation est une spin-off de Technofirst, qui elle-même était issue du CNRS en 1990. Nous avons toujours été spécialisés dans l’acoustique et le contrôle actif du bruit et des vibrations… Technofirst est entrée en Bourse en 2003 afin de financer ses travaux en R & D car les industriels sont de moins en moins enclins à financer ce genre de démarche et préfèrent acheter les technologies sur étagère. Nous avons toutefois signé de nombreux partenariats avec Dassault Électronique, avec Aldes ou encore avec Schüco. En 2018, nous avons créé une filiale au Luxembourg afin d’obtenir une bourse de financement R & D de 3,5 millions d’euros sur le triple vitrage actif. La création de cette filiale a constitué le point de départ de nos soucis. J’ai ainsi démissionné de mon poste de PDG pour me consacrer au développement du pôle R & D au Luxembourg et un manager de transition a été nommé pour diriger Technofirst. La gestion opaque du manager, entre mars et juin 2018, a été catastrophique et a conduit à une rupture brutale de nos relations avec les banques qui nous soutenaient avec des facilités de caisse pour lisser la trésorerie. Les conséquences ont été immédiates. La rupture des relations avec Bpifrance et avec les investisseurs boursiers a conduit au placement de Technofirst en redressement judiciaire fin juillet 2018 alors que nous possédions encore 1,5 million d’euros de trésorerie notamment grâce à notre filiale du Luxembourg. Le redressement s’est particulièrement mal passé et a débouché sur la liquidation de l’entreprise en juillet 2019, alors que nous avions plus de 300 000 euros en caisse, un contrat de 4 millions d’euros signé avec Schüco et un engagement ferme de 12 millions d’euros de commandes de la société Sfit-Thomson.

Comment avez-vous pu rebondir et créer Technofirst Next Generation ?

Christian Carme : Quand Technofirst a été liquidé, j’ai été sollicité par des dizaines de nos anciens clients qui me demandaient ce qui était arrivé et qui me rappelaient qu’ils avaient besoin de nos services. Ces soutiens m’ont incité à poursuivre l’aventure et ont conduit à la création de Technofirst Next Generation. Le rachat du nom, des matériels, des brevets et des marqués déposés par Technofirst a été opéré par la nouvelle entreprise. Les locaux, appartenant à une SCI que je détiens, sont ainsi désormais loués à TFNG. Et une grande partie de l’équipe de chercheurs, ingénieurs, techniciens et administratifs est encore avec nous.

Quelles sont aujourd’hui les pistes de développement de Technofirst Next Generation ?

Christian Carme : Nous allons nous nourrir des erreurs du passé. La cotation en Bourse en était une. C’est une démarche trop chronophage pour une entreprise de notre taille, pour laquelle il convient de recruter. Il n’est pas possible de tout mener de front : la présence sur les marchés financiers, le dynamisme d’une équipe technique et la recherche et développement. Nous avons décroché en juillet dernier un contrat européen avec la société italienne Leonardo Augusta, qui fabrique des hélicoptères civils et militaires afin de réduire le bruit et les vibrations dans la cabine. Nous avons également signé avec EDF et la RATP pour des commandes de casques antibruit…

Casques antibruit, double vitrages antibruit, siège d’avions, cabine d’hélicoptères, contrats avec Porsche sur des pots d’échappement… L’ensemble des clients et des dossiers que Technofirst a traité dans le passé, dont certains n’ont pas abouti, pourraient laisser penser que l’entreprise se dispersait…

Christian Carme : Nous avons sûrement commis l’erreur d’aborder un large éventail de marchés. Nous allons maintenant concentrer nos efforts sur les produits pour lesquels l’effet "wow" est très net. Là où la différence sonore après notre passage ne se discute pas. Nous allons sans doute également produire moins de choses nous-mêmes et faire davantage de licensing. Nous sommes en train d’intégrer au sein de notre équipe un développeur et un spécialiste du marketing. C’est aussi un scientifique, fort d’une expérience de vingt ans aux États-Unis. L’idée est de mettre en cohérence l’entreprise avec sa stratégie et de mettre en place une organisation claire et notamment de trouver un porteur de projets qui prendra en charge les aspects entrepreneuriaux, alors que je me chargerai du développement scientifique.

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