Soixante ans après sa création par le pharmacien et botaniste Pierre Fabre à Castres (Tarn), où est toujours basé son siège administratif, le groupe Pierre Fabre (9 600 salariés, CA 2021 : 2,5 Mds €) est devenu un acteur d’envergure mondiale en oncologie, dermatologie et dermocosmétique. Il emploie 5 300 collaborateurs en France, dont 68 % en Occitanie, où il s’étend sur plusieurs sites : quatre sites administratifs à Castres et deux à Lavaur (Tarn), le centre d’innovation à l’Oncopole de Toulouse, le centre des études cliniques de l’Hôtel-Dieu à Toulouse, le conservatoire botanique à Cambounet-sur-le-Sor (Tarn), le centre de distribution à Muret (Haute-Garonne), et les usines de Gaillac, Mazamet, Soual (Tarn), Aignan (Gers) et Avène (Hérault).
Le site de Gaillac, acteur du circuit court
C’est d’ailleurs dans la région que le groupe concentre ses principaux centres de décision et réalise chaque année des investissements significatifs. "Nous avons réalisé, avec les difficultés d’approvisionnement au moment de la pandémie de Covid, l’importance d’avoir la majorité de notre chaîne de production en France et en Europe, explique Eric Ducournau, le directeur général du groupe Pierre Fabre. Aujourd’hui, 95 % de nos produits sont fabriqués en France dans sept usines. Cela nous permet de maîtriser notre approvisionnement et, ainsi, de sécuriser la production de nos médicaments et produits dermocosmétiques."
Depuis deux ans, Pierre Fabre a notamment investi près de 14 millions d’euros sur son site de Gaillac, créé en 1976, qui se déploie sur 17 hectares (12 bâtiments et des champs où sont notamment cultivés de la menthe aquatique et du bleuet), emploie 210 salariés, dont une quinzaine de personnes recrutées ces quinze derniers mois, et fabrique une centaine d’ingrédients. Unique dans le groupe, l’usine de Gaillac est spécialisée dans le développement et la production d’ingrédients actifs pour la pharmacie et la dermocosmétique. Elle est un acteur majeur dans la production en circuit court des soins des marques Klorane et A-Derma, puisqu’elle se situe au centre d’un rayon de 50 km qui englobe également les champs de plantes et l’usine de fabrication et de conditionnement des produits.
Nouvelle ligne de production en biotechnologie
L’usine recèle trois compétences : l’extraction végétale (2 000 tonnes de plantes sèches extraites par an), la chimie et la biotechnologie. Elle poursuit une démarche de performance qui intègre les engagements RSE de l’entreprise comme, par exemple, la valorisation des solvants via le recyclage interne, le développement de l’extraction sans solvant, les procédés de production respectant la certification agriculture biologique, et la valorisation en compostage de la majorité des plantes extraites. "Nous couvrons tous les maillons de la chaîne, explique son directeur Frédéric Mayrand, depuis le sourcing des matières premières jusqu’à la production commerciale en passant par le développement et l’industrialisation des procédés." Ici, le groupe a investi 4,2 millions d’euros en 2020 pour développer le procédé de fabrication d’un nouveau filtre solaire à spectre ultra-large et respectueux de la biodiversité marine destiné aux produits de protection solaires de sa marque Eau Thermale Avène. En 2021, il a encore mobilisé 4,8 millions d’euros pour le développement de capacités de production biotechnologique sur le site afin de produire, à partir de la microflore de l’Eau Thermale d’Avène, les actifs de trois gammes de la marque. Les travaux d’implantation de la nouvelle ligne dans un bâtiment existant ont débuté en avril 2021. Elle est désormais opérationnelle et le lancement de la production est prévu en septembre.
Relocalisation de la production de deux actifs en oncologie
Le groupe a enfin investi 4,5 millions d’euros pour relocaliser à Gaillac la production de deux actifs en oncologie, utilisés pour le traitement de formes graves du cancer colorectal et du mélanome, qui étaient jusqu’alors fabriqués en Allemagne. Lauréat de l’appel à projets national "Soutien à l’investissement dans les secteurs stratégiques" pour le secteur santé, il a bénéficié pour cela du plan France Relance. “L’objectif était de sécuriser l’approvisionnement des actifs pour ces produits thérapeutiques d’intérêt majeur, indique Frédéric Mayrand. Cet investissement consolide l’avenir de notre site, pérennise les emplois et contribue à la balance du commerce extérieur de la France." Il a amené le site de Gaillac à développer une nouvelle technologie pour produire des actifs à des températures très basses (- de 100°C), à adapter ses installations de manipulation des poudres en milieu confiné et à construire une chaîne logistique amont avec des nouveaux acteurs européens, destinée à fournir les composants critiques pour la production des deux actifs. Le calendrier prévoit un enregistrement de la nouvelle installation par les autorités européennes en 2023 pour le cancer colorectal et en 2024 pour le mélanome.
À l’horizon 2025, les projets d’investissement dans l’usine devraient concerner la production de sa propre énergie. Des travaux d’étude sont menés sur un éventuel recours à l’énergie solaire et à la réutilisation du gaz de vapeur d’eau. Des décisions pourraient être prises en ce sens d’ici la fin de l’année.
136 millions d'euros en R & D en 2021
Deuxième laboratoire dermocosmétique mondial, deuxième groupe pharmaceutique privé français et leader des produits vendus hors prescription dans les pharmacies en France, le groupe Pierre Fabre est détenu à 86 % par la Fondation Pierre Fabre, reconnue d'utilité publique depuis 1999, à travers la société de contrôle Pierre Fabre Participations. En 2008, le fondateur Pierre Fabre avait déjà fait don de la majorité des parts de l'entreprise à la Fondation, qui ne s'implique pas directement dans la gestion opérationnelle du groupe. Il a complété ce don à son décès en 2013 en la désignant légataire universel. Le solde du capital du groupe est détenu par ses collaborateurs (8,5 %), à travers le plan d'actionnariat salarié mis en place depuis 2005, et à 5,5 % en autocontrôle (actions détenues par l'entreprise elle-même).
Le portefeuille du groupe compte plusieurs franchises médicales et marques internationales dont Pierre Fabre Oncologie, Pierre Fabre Dermatologie, Eau Thermale Avène, Klorane, Ducray, René Furterer, A-Derma, Naturactive et Pierre Fabre Oral Care. Réparti entre médicament (45 %) et dermocosmétique (55 %), son chiffre d'affaires est réalisé à 66 % hors de l'Hexagone (36 % en Europe, 14 % en Asie Océanie, 6 % en Afrique et au Moyen Orient, 5 % en Amérique latine et 4 % en Amérique du Nord). En 2021, il a consacré 136 millions d'euros à la R & D (81 millions d'euros dans le médicament, 55 millions d'euros en dermocosmétique).
