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La galerie en ligne Artmajeur mise sur l’intelligence artificielle pour doper ses ventes
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La galerie en ligne Artmajeur mise sur l’intelligence artificielle pour doper ses ventes

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La galerie d’art en ligne Artmajeur, basée à Montpellier, profite d’un trafic en forte hausse, avec plus d’un million de visiteurs par mois. Face aux nouveaux profils d’acheteurs, elle investit dans l’intelligence artificielle pour automatiser son offre de services.

Samuel Charmetant a cofondé Artmajeur, en 2000, avec Yann Sarazin — Photo : Artmajeur

Dès l’an 2000, l’entreprise montpelliéraine Artmajeur (10 salariés) a su anticiper le déplacement des achats d’art contemporain vers Internet. Démarrant son activité comme une place de marché (marketplace) où les artistes, galeries et acquéreurs échangeaient directement entre eux, elle a peu à peu renforcé son offre de services pour se positionner comme une véritable galerie d’art en ligne. "Depuis 2020, nous avons remis à plat notre organisation. Nous avons développé notre réseau de transporteurs, mis en place nos outils de paiement, collecté tous les agréments et ce pour être en capacité d’expédier partout dans le monde", explique Samuel Charmetant, PDG et cofondateur d’Artmajeur, qui rayonne dans plus de 200 pays.

Une audience internationale en forte hausse

La crise sanitaire, en 2020, a momentanément gêné ces développements, avant que les effets de la guerre en Ukraine, en 2022, ne compliquent encore les choses en dissuadant nombre d’acheteurs dans un climat anxiogène. Pourtant, Artmajeur, qui réalise un chiffre d’affaires d’environ 10 millions d’euros sur sa seule marketplace, a signé une croissance de 20 % l’an passé. Mieux : son audience ne cesse de progresser. Après une chute à 600 000 visiteurs par mois en plein Covid, son trafic a pour la première fois passé la barre du million de visiteurs mensuels en 2022, avec des pointes à 1,4 million depuis le début de l’année 2023.

L’entreprise signe "plusieurs milliers de ventes par an" (chiffre non communiqué), avec un prix moyen se situant entre 1 000 et 2 000 euros, ou parfois plus. L’une des plus récentes transactions (35 000 euros) concerne la vente réussie par un artiste français basé au Maroc auprès d’un acheteur australien. Parmi les atouts d’Artmajeur : l’une des commissions les moins chères dans le milieu de l’art en ligne (28 % en moyenne, 15 % pour les galeries d’art). "L’incertitude liée au contexte international rend le nombre de ventes mensuelles plus aléatoire. Mais le profil socio-économique des acheteurs change. Nous avions précédemment plus de petites ventes à moins de mille euros. Nous en avons moins en nombre désormais, mais pour des montants bien supérieurs", résume Samuel Charmetant.

Une problématique industrielle

Toutefois, les effets conjugués d’une nouvelle promesse commerciale et d’une audience accrue poussent Artmajeur à "s’industrialiser", selon son PDG. En travaillant avec plus de 250 000 artistes dans le monde, la galerie en ligne fait face au défi de mieux valoriser les œuvres qu’elle propose (trois millions de références en permanence). Jusqu’alors, elle employait cinq modérateurs chargés de scruter jusqu’à 1 500 œuvres par jour pour les documenter et les indexer.

Afin d’automatiser ses process, Artmajeur investit en R & D sur l’intelligence artificielle (IA) : l’avènement d’une nouvelle génération d’IA, dites "IA génératives" (telles que Chat-GPT ou Midjourney pour les versions grand public), va accélérer ce travail de référencement, et plus globalement, améliorer la qualité de services proposés par la galerie. "Nous finalisons une plateforme avec le même niveau de services pour tous, qu’ils soient artistes, galeristes, acheteurs ou autres. Les nouveaux moteurs d’IA divisent par mille le coût de la reconnaissance d’images par rapport aux moteurs de recherche classiques, ce qui permettra de mieux trouver les œuvres, et ainsi faciliter les ventes. Ils peuvent aider un particulier à présenter toute sa collection, en faisant un inventaire et une valorisation de façon quasi instantanée. Ils permettront à un assureur de rentrer une collection d’un seul coup pour savoir ce qu’elle vaut, etc." égrène Samuel Charmetant.

Vers un nouveau business model

Ces développements seront implémentés par Artmajeur sur sa plateforme d’ici la fin 2023. Ils accompagneront le basculement de l’entreprise vers un autre business model : alors que l’utilisation de sa marketplace était gratuite, l’évolution vers un modèle de galerie d’art en ligne lui permet de facturer l’ensemble des services proposés, tout en continuant à prélever des commissions. L’entreprise se prépare à un nouveau bond de croissance après l’installation de son IA, avec un trafic qui pourrait encore s’envoler de 50 à 100 % en 2024, et des ventes en hausse de 50 % sur la marketplace "si la conjoncture se rétablit". Pionnière dans son domaine, Artmajeur continue de casser les codes, ce qui ne passe pas inaperçu : "Nous sommes approchés par de gros investisseurs individuels, pour qui l’art est une passion, mais nous ne sommes pas pressés de lever de fonds. Nous souhaitons rester des indépendants, capables de proposer les meilleurs outils au marché de l’art", conclut Samuel Charmetant.

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