La Nouvelle-Aquitaine recense les dégâts de la grêle sur le monde agricole
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La Nouvelle-Aquitaine recense les dégâts de la grêle sur le monde agricole

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Aux lendemains des derniers violents orages de grêle qui ont frappé la région Nouvelle-Aquitaine dans la nuit de lundi 20 à mardi 21 juin, les chambres d’agricultures départementales s’emploient activement à recenser les dégâts sur l’agriculture et la vigne. Bilans provisoires en Gironde, Charente et Dordogne.

Les dégâts des derniers orages de grêle sur la vigne en Gironde sont estimés à 10 000 hectares — Photo : Chambre d'Agriculture de la Gironde

Au moment de décrire le dernier épisode de grêle qui a frappé la Gironde dans la nuit du lundi 20 au mardi 21 juin, Philippe Abadie, directeur du pôle entreprises de la Chambre d’Agriculture de Gironde, évoque une "explosion et un évènement extrêmement fort et rapide". Contacté, il précise qu’une cartographie complète est attendue pour la semaine prochaine et un premier bilan définitif sera dressé lors de l’assemblée générale de la chambre consulaire le 1er juillet.

Cartographier les pertes

"Nous avons lancé un recensement auprès de tous les exploitants, nos conseillers sont sur le terrain pour faire des relevés de pertes. Globalement, on peut estimer qu’au moins 10 000 hectares de vigne ont été saccagés à des degrés divers, avec au moins 30 % de perte", continue le porte-parole.

Le secteur de la vigne est loin d’être le seul à avoir souffert. "En nombre d’exploitations, souvent petites, le maraîchage est très touché. Le secteur d’Eysines, Bruges et Blanquefort est notamment très sinistré avec des serres cassées et de la récolte perdue", continue Philippe Abadie. De nombreux champs de grandes cultures (maïs, blé, colza) sont aussi concernés. "On pense que 5 000 hectares de grandes cultures et de légumes ont été touchés du côté du Bassin d’Arcachon et de la métropole, sans compter ceux situés de l’autre côté de l’estuaire", résume le responsable, qui parle d’un épisode du "même ordre que celui de 2018". "J’ai échangé avec un maraîcher qui a huit hectares de serres à Braud-et-Saint-Louis, il a embauché 80 salariés saisonniers qui sont actuellement au chômage technique.

Premiers bilans en Charente

Jacques-Yves Guerlesquin, directeur adjoint de la chambre d’Agriculture de Charente, évoque aussi d’importants dégâts, notamment dans les vignobles du Cognaçais ou, "d’après le BNIC (Bureau National Interprofessionnel du Cognac), ce serait environ 10 000 hectares qui auraient été touchés. Les maraîchers ont aussi subi des dégâts avec des serres et tunnels explosés par la grêle", tout comme les grandes cultures, "dont certaines parcelles sont détruites à 80 voire 100 %. On parle de plusieurs milliers d’hectares", estime le responsable, qui espère dans les prochains jours "demander un classement en catastrophe naturelle de certaines communes pour pouvoir activer les calamités agricoles".

Au moins 8 500 hectares touchés en Dordogne

En Dordogne, la Chambre d’Agriculture a recensé 150 appels sur une cinquantaine de communes et précise que "seulement un tiers des exploitations sont couvertes par une assurance grêle aux cultures". Elle estime à 8 500 le nombre d’hectares touchés dont 7 000 à plus de 50 % : 3 500 ha de céréales à paille, 2 000 ha d’oléoprotéagineux, 2 000 ha de maïs, 600 ha de prairies et 200 ha d’arboriculture. Elle évalue les pertes totales de la production agricole à "plus de 15 millions d’euros". Ces trois chambres ont mis en place une cellule de crise avec un numéro d’appel, un recensement sur le terrain et des mails envoyés aux agriculteurs.

Une mission nationale évalue les dégâts

La suite ? Encore incertaine pour Philippe Abadie. "En Gironde, la majorité des viticulteurs avaient souscrit des PGE, la demande immédiate c’est de pouvoir décaler l’échéancier de remboursement sans être considéré en défaut de paiement par la Banque de France. Les maraîchers et éleveurs, eux, ont des besoins de trésorerie immédiate pour remettre en culture rapidement afin d’avoir des produits à vendre sur une partie de l’été et du fourrage".

Il évoque d’autres mesures qui pourraient suivre, comme l’allègement des taxes foncières, des autorisations de rachats de vendanges, du chômage partiel ou une prise en charge des cotisations sociales. "Est-ce que l’État activera les calamités agricoles pour ceux qui ne sont pas assurés comme il l’a fait l’an dernier pour le gel ?", questionne le responsable. S’il est encore trop tôt pour le dire, le ministre de l’Agriculture, qui s’était rendu en Gironde début juin, avait évoqué une future loi assurance récolte (300 M€ d’aide nationale par an), opérationnelle en 2023. Enfin, Marc Fesneau a récemment annoncé le lancement d’une mission nationale d’évaluation des dégâts étalée sur deux semaines et opérée par trois experts du Conseil Général de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Espaces Ruraux (CGAAER).

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