
En rachetant i.Bioceuticals mi-février, le groupe Berkem (51,8 M€ en 2022) a franchi un pas important en s’installant physiquement aux États-Unis. Cette branche du groupe néerlandais INC (International Nutrition Company) est chargée de distribuer sur le marché américain des produits de nutraceutique (compléments alimentaires) à base de polyphénols (antioxydants) issus de pépins de raisins et d’écorce de pin, l’une des spécialités de Berkem. Ce dernier, basé à Blanquefort (Gironde), qui officie outre-Atlantique via une filiale de distribution créée en 2014, s’y était renforcé sur le secteur des cosmétiques via un partenariat avec Barentz (2,1 milliards d’euros de CA), gros distributeur néerlandais d’ingrédients pour les sciences de la vie.
Un marché porteur
Introduite en Bourse fin 2021, la PME de 170 salariés sort d’une augmentation de capital de 70 millions d’euros en dettes et en obligations relance, opérée en octobre 2022. "Nous avions dit au marché à cette occasion que nous levions des capitaux pour mener à bien des croissances externes. Voici la première", confirme le PDG du groupe, Olivier Fahy. "Nous avions un peu disparu du devant de la scène du marché des compléments nutritionnels, plus concentré que celui de la cosmétique, depuis plusieurs années. Nous nous sommes donc rapprochés de cette société, avec qui nous étions déjà partenaires."
Le marché mondial des compléments alimentaires, en plein essor et qui pourrait s’élever à 176 milliards de dollars en 2025, est donc un segment stratégique de plus pour le groupe, qui pense déjà à la suite. "Nous présenterons un portfolio de huit à neuf actifs différents et peut-être deux ou trois produits de plus lors d’un futur salon professionnel à Las Vegas en octobre", révèle Olivier Fahy, qui n’exclut pas de nouvelles acquisitions ("pas forcément aux États-Unis") et une future fusion avec i.Bioceuticals d’ici à 2024. "En tout cas, notre rachat, qui va acter le recrutement de quatre à six personnes sur place, envoie un signal fort sur le marché américain".
Investissements réguliers
L’activité du groupe est aujourd’hui divisée entre l’extraction végétale via Eurolyo à Chartres (Eure-et-Loir), expert du séchage par lyophilisation (pour les industries agroalimentaires, cosmétiques et pharmaceutiques) et Berkem ; et la formulation (70,3 % de son chiffre d’affaires) via ses filiales Adkalis (à Gardonne, en Dordogne) et Lixol (à La Teste-de-Buch, en Gironde), qui formulent des actifs chimiques pour améliorer la performance des matériaux de construction et élaborent des résines pour les industriels de la peinture et des encres d’imprimerie.
Il continue d’y investir : il a par exemple injecté 3,5 millions d’euros en 2019 et 2020 pour moderniser et augmenter leurs capacités de production. Il poursuit ses investissements à Gardonne (1,5 M€ en 2018) pour la multiplier par deux d’ici à trois ans. À Chartres, Eurolyo a triplé sa surface (470 à 1 700 m2) pour lyophiliser jusqu’à 105 tonnes de produits par an. Enfin, Berkem a pour projet de développer fortement son site de Blanquefort, qui dispose déjà de cinq laboratoires. "Nous souhaiterions y développer un plus gros labo et intégrer à terme un pilote semi-industriel. L’idée serait de passer de 1 000 à 4 000 m2 pour ces deux parties", termine le PDG. Le groupe vise un chiffre d’affaires "d’au moins 65 millions d’euros à horizon 2024".