Des élevages de canards vidés dans le Sud-Ouest pour éviter un nouvel épisode de grippe aviaire
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Des élevages de canards vidés dans le Sud-Ouest pour éviter un nouvel épisode de grippe aviaire

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Des producteurs de palmipèdes et de volailles vont vider leurs élevages cet hiver pour anticiper une nouvelle propagation de la grippe aviaire. Les représentants de la filière veulent éviter une nouvelle crise.

Le chiffre d’affaires global de la filière IGP Canard à foie gras du Sud-Ouest est estimé à 1 313 milliards d’euros, selon la valorisation d’un canard évalué à 70 euros par l’interprofession — Photo : Shutterstock

C’est une mesure singulière qu’ont décidé de prendre des producteurs de palmipèdes et de volailles du Sud Ouest pour faire face à la menace d’un nouvel épisode d’influenza aviaire. Ils vont opérer une "réduction drastique, voire un arrêt total de la production pendant les périodes à risque dans les zones ciblées comme à forte densité d’exploitations et d’animaux", annoncent deux associations représentantes de la filière, Palso et Airvol, dans un communiqué conjoint.

Une mesure d’anticipation

Le périmètre concerne quatre départements : l’Est des Landes et le Nord des Pyrénées-Atlantiques dans la région Nouvelle-Aquitaine et l’Ouest du Gers et les Hautes-Pyrénées en Occitanie. "Notre souci, c’est avant tout la diffusion du virus. Ici, les éleveurs sont présents sur de petits villages qui se touchent tous. On s’est aperçu cette année que mettre moins de bêtes avait permis de réduire cette diffusion", assure Chantal Brethes, présidente de Palso, l’Association Foie Gras Sud-Ouest IGP et éleveuse de canards et d’oies dans les Landes. "Concrètement, je vais vider mes élevages de canard au 15 décembre et je vais attendre le 15 janvier pour remettre en place".

Au-delà de la vaccination, "attendue pour 2023", cette mesure sera effective dès cet hiver. L’opération ne sera pas sans pertes financières : ces dernières sont évaluées à "près de 12 millions d’euros pour les éleveurs et les entreprises qui assurent les débouchés commerciaux". Ces entreprises (transformateurs, transporteurs, etc.), déjà "fragilisées par les précédents épisodes d’influenza", précise l’annonce conjointe, ne sont pas sûres d’être aidés. "Concernant l’indemnisation, l’accompagnement de l’État envers les producteurs est quasiment acquis, mais sur les entreprises en aval, il est absent pour l’instant", déplore ainsi Chantal Brèthes.

Contrôles renforcés

"Il faut prendre cette mesure tant que nous n’avons pas d’autres certitudes pour nous protéger", ajoute la porte-parole, qui évoque un périmètre de 68 communes pour au moins une centaine d’éleveurs et 500 000 canards impactés par l’opération. Au-delà de cette mesure drastique, l’interprofession réfléchit toujours à améliorer la détection de la maladie. "Aujourd’hui, tous les animaux sont testés avant de partir en transport, mais on s’est rendu compte que c’était compliqué parce que le canard pouvait tomber malade plusieurs jours après. On va donc mettre en place des tests de poussières dans nos bâtiments dès que les bêtes atteignent six semaines d’âge. On va aussi essayer de les contrôler le plus tard possible au moment du transport et de les retester ensuite pour tenter de contrer la maladie. Enfin, nous prévoyons des formations pour les équipes d’attrapage".

Quant au consommateur, il a peu de chances de faire face à une pénurie de foie gras pour les fêtes. "Il faudrait simplement ne pas attendre le 24 décembre pour en acheter, nous sommes capables de fournir avant", souligne la responsable, qui espère que ces mesures contribueront efficacement à réduire l’épizootie. "Si nous prenons encore une vague aussi dure que les quatre précédentes, je pense que nous allons avoir beaucoup de mal à nous relever".

La Commission Européenne a récemment autorisé une aide nationale de 120 millions d'euros pour indemniser les producteurs de la filière avicole "impactés par les mesures sanitaires mises en oeuvre dans le cadre de l'épizootie d'influenza aviaire". Un communiqué précise que la mesure sera ouverte en subvention directe "aux opérateurs du maillon sélection-accouvage des gallinacés, palmipèdes et gibiers à plumes impactés directement".

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