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Biochimie moléculaire : Alpha Chitin lance son pilote industriel à Lacq
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Biochimie moléculaire : Alpha Chitin lance son pilote industriel à Lacq

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En novembre, la start-up néo-aquitaine Alpha Chitin va démarrer les machines de sa première usine à Lacq. Son pilote industriel va produire du chitosane, une poudre blanche issue de la transformation de chitine, une molécule aux multiples applications industrielles.

La première usine d'Alpha Chitin est implantée à Lacq (Pyrénées-Atlantiques) — Photo : Alpha Chitin

La start-up Alpha Chitin, née en 2014, a investi 16 millions d’euros pour la construction de sa première usine de 3 500 m2 à Lacq (Pyrénées-Atlantiques), à deux pas de deux pôles d’innovation reconnus "clé en mains" par le gouvernement, Induslacq et Chem'Pôle. Le chitosane, un polymère organique dérivé de la chitine qu’elle va y fabriquer, sera extrait de ses propres larves de mouches, de son champignon mycélium et de carapaces de krill (petites crevettes).

Sourcing et traçabilité

Le procédé innove en sourçant sa matière première en Europe, une étape jusqu’à présent difficile. "Il existe de nombreux marchés mais 90 % de la molécule est produite en Asie, principalement en Chine, à partir de la carapace de crevette. Mais cela génère beaucoup de problèmes de qualité de production et la quantité de chitine récoltée change en fonction des lots", résume Philippe Crochard en évoquant la concurrence. Alpha Chitin a donc "pris le problème à l’envers" en maîtrisant son élevage de larves de mouche pour optimiser la fabrication de la molécule et maîtriser la traçabilité du produit fini, "un paramètre important pour adresser des marchés comme le médical, l’industrie pharmaceutique ou la cosmétique".

La société, qui tournera avec une trentaine de salariés pour envoyer des échantillons au démarrage de son usine, évolue sur plusieurs fronts. Les premiers marchés visés : les biopesticides à travers la création, "avec plusieurs partenaires", d’un chitosane permettant de réduire drastiquement la consommation et la dispersion du soufre et du cuivre. Ce projet européen vise aussi le marché de l’injection de botox et d’acide hyaluronique, pour lesquels il réduit les risques allergènes.

Une méga usine en 2025

Mi-2023, Alpha Chitin prévoit de lancer de la production de chitosane à partir de son champignon mycélium pour adresser, là encore, un spectre industriel large (implants mammaires, patchs d’organes, shampoings, dentifrices, crèmes anti-âge). Le chitosane fabriqué à partir de carapaces de krill pourrait intéresser le secteur de l’impression 3D d’organes de substitution (rein, foie, cœur). La société cherche à réunir 11 à 12 millions d’euros de financements, à la fois publics (Ademe, Bpifrance) et privés (6 millions d'euros en capital investissement).

Si elle externalise sa recherche et développement et sa conception industrielle (elle a imaginé un tiers de son parc de machines) "pour que personne ne détienne l’ensemble du process", elle travaille aussi en étroite collaboration avec la Cosmetic Valley et des industriels sur la création d’un emballage en bioplastique à partir de chitine.

L’usine de Lacq vise la production de 220 à 240 tonnes de chitosane par an, et cherche à grandir pour adresser un marché mondial. "Nous vendons notre molécule moins chère que les Asiatiques parce que nous consommons moins d’énergie et de chimie, ce qui fait baisser notre coût de production, révèle Philippe Crochard. Dans trois ans, il nous faudra attaquer la création d’une méga usine pour produire au moins 1 500 tonnes par an. Des discussions avec des industriels et des fonds d’investissement sont déjà engagées pour une série A."

Alpha Chitin vise un chiffre d’affaires de 30 millions d'euros sur son site pilote, qui devrait démarrer la production industrielle du chitosane de larves début 2023. Le marché mondial des dérivés de chitine et de chitosane, lui, devrait atteindre 281 000 tonnes en 2027.

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