Avec 1 200 collaborateurs, six sites de production (dont quatre en Normandie), 48 marques en propre, et 230 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022 (30 % à l’export), les Laboratoires Gilbert, nés en 1904, au sein d’une petite officine pharmaceutique parisienne, ont bien grandi. Depuis sa reprise en 1962 par la famille Batteur, le développement de l’entreprise normande n’a cessé de croître de façon exponentielle. Numéro 2 mondial en fabrication d’unidoses stériles et première entreprise à avoir créé des unidoses de sérum physiologique produites en plastique 100 % d’origine végétale (1,5 milliard de doses produites chaque année), le groupe pharmaceutique et de cosmétique affiche aujourd’hui ses ambitions : entrer dans le Top 5 des laboratoires pharmaceutiques et industriels indépendants. "Nous souhaitons atteindre 400 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2026 avec un excédent brut d’exploitation de 10 %", confirme Pierre-Eric Dauxerre, directeur général du groupe, tout en précisant que "le groupe tient à rester familial : notre objectif n’est pas d’aller en Bourse, ni de laisser entrer des fonds d’investissement dans notre capital."
Un nouveau principe actif développé à partir d’eau de mer
Pour atteindre ces objectifs, l’entreprise, dont le siège est installé à Hérouville-Saint-Clair, aux portes de Caen, mise sur trois piliers de croissance. À commencer par l’innovation, sur laquelle travaille une équipe de vingt-huit personnes. "Entre deux cents et trois cents produits voient le jour en moyenne chaque année", précise Sylvie Chopin, directrice innovation et développement. Innovation majeure et récente de l’équipe de R & D après presque quinze ans de recherche entre 2008 et 2022, la mise au point d’un principe actif développé à partir d’eau de mer, puisée dans le parc naturel marin d’Iroise (Finistère) : "L’eau est filtrée, puis purifiée sur le site de puisage. Elle est transportée sur notre site d’Hérouville pour être transformée par nos équipes via une technologie brevetée pour en sortir tous les éléments intéressants contenus dans l’eau de mer, notamment les minéraux et les oligoéléments", détaille la directrice innovation.
Baptisé Active Oligo Skin, le principe actif a été intégré et commercialisé sous la marque Neutraderm, dans différents produits dermo-cosmétiques : brume, lait corporel, ou encore crème de douche. "Le principe actif renforce la barrière cutanée et les défenses naturelles de la peau. Avec dix tonnes d’eau de mer, le laboratoire obtient cinq tonnes de solution active. Nous réfléchissons aux moyens d’utiliser les cinq tonnes restantes", ajoute Mickaël Chavanne, directeur industriel. "Nous sommes aux prémices des résultats que peut donner ce principe actif".
L’étude se poursuit donc via un nouveau projet AIMSI (Active Ingredient Microbiome Skin Impact) orienté davantage sur la santé, pour déterminer son impact sur la dermatite atopique (maladie cutanée). "La différence avec les produits concurrents sur le marché est que nous partons d’une eau de mer et non d’eau de source, laquelle ne peut en rien être transformée", souligne Pierre-Eric Dauxerre. Le laboratoire mène son étude en partenariat avec l’Unité de Recherche Communication Bactérienne et Stratégies Anti-infectieuse de l’Université de Normandie (CBSA) à Évreux, et le CHU de Caen.
Ce projet a nécessité un investissement de 789 000 euros, dont une subvention de la Région Normandie de 161 366 euros au titre du dispositif Impulsion Innovation.
Transformation numérique
Parmi ses autres piliers de croissance, la transformation numérique de l’entreprise à laquelle le groupe va consacrer plusieurs millions d’euros d’investissement. "Petit à petit, nous dématérialisons un maximum d’éléments : les lignes de production où les suivis de la performance sont aujourd’hui dématérialisés, mais nous agissons aussi au sein des services logistiques, marketing, achats, finances, ou ressources humaines. Nous lançons également de nouveaux sites de vente en ligne, comme celui de Physiolac, notre marque de lait infantile", confirme Pierre-Eric Dauxerre.
L’entreprise ne s’interdit pas non plus de saisir des opportunités de croissance externe, comme lors de sa dernière opération de rachat, en 2021, des Laboratoires Grimbert (115 salariés ; 25 millions d’euros de chiffre d’affaires). Une opération qui lui avait permis de renforcer son positionnement médical, notamment dans trois domaines d’activité : l’ORL, la gastro-entérologie et la supplémentation en vitamines et minéraux.
