
Thierry Rochas, qui a vécu sept années en Asie où il commercialisait des produits alimentaires de luxe comme du caviar, et du saumon, souhaite révolutionner la production de homards bleus en créant une ferme aquacole en Normandie. Son entreprise, King Lobsters Normandie, créée en 2020, ambitionne de réaliser l’ensemble du cycle d’élevage dans la ferme, de l’écloserie à la commercialisation, afin d’optimiser le taux de survie des alevins en proie aux prédateurs dans le milieu naturel. Il a choisi la zone Logimer de Bréville-sur-Mer dotée d’un pompage d’eau de mer pour y installer son bâtiment de 900 m2 partiellement vitré pour faire passer le soleil et limiter ainsi les coûts énergétiques de chauffage.
100 000 homards commercialisables d’ici 3 ans
Thierry Rochas achète des femelles grainées (portant des œufs) à la criée de Granville pour recueillir des œufs et ensuite tenter de les amener à maturité d’éclosion dans une nurserie. Il sépare les larves et pour éviter le cannibalisme, les crustacés sont élevés individuellement. "Le défi est de réaliser l’ensemble du cycle d’élevage, de l’écloserie à la commercialisation. C’est audacieux, mais réalisable" assure Thierry Rochas, président de King Lobsters Normandie. "L’objectif n’est pas de concurrencer les pêcheurs locaux, mais de développer une filière d’export vers l’Asie et les Émirats arabes unis, où la demande de homards est très forte." Il espère un potentiel de production de près de 100 000 homards par an d’ici trois ans. Le prix de vente serait celui du cours de la pêche.
La technique développée par King Lobsters Normandie devrait permettre d’atteindre un taux de survie des alevins de 30 % alors qu’il n’est que de 2 sur 10 000 dans le milieu naturel. En 2022, 4 500 juvéniles ont été produits dans l’écloserie et 20 000 sont attendus pour 2023.
Financements participatifs et régionaux
King Lobsters a levé 546 480 euros sur la plateforme de crowdfunding Tudigo pour monter le projet. Il a aussi reçu 467 639 euros de la Région Normandie dont 328 228 euros de FEAMPA (Fonds européen pour les affaires maritimes, la pêche et l’aquaculture). "J’ai l’ambition de devenir le premier distributeur de homards d’élevage Européen en 2025", explique Thierry Rochas. Actuellement, le fonctionnement de son écloserie avec trois salariés coûte 10 000 euros par mois, et pour financer, il s’est lancé dans l’activité de mareyage en vendant des homards achetés sous criée. "Le but serait de monter une franchise pour vendre ce concept partout dans le monde", poursuit Thierry Rochas. "J’aimerais aussi obtenir une concession en pleine mer pour y mettre des cages et faire croître mon cheptel, pourquoi pas à Chausey ?" D’ici-là, il compte lever rapidement un second financement participatif pour construire un second bâtiment et augmenter sa production. Le créateur songe aussi utiliser des drones pour nourrir les crustacés et automatiser toute la chaîne de production.