Le bretillien Cultimer s'ancre dans la Manche en rachetant Kermarée
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Le bretillien Cultimer s'ancre dans la Manche en rachetant Kermarée

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La promulgation de l’Indication géographique protégée Huître de Normandie a incité l’entreprise bretonne Cultimer, spécialisée dans les productions conchylicoles, à racheter la société normande Kermarée. C’est aussi l’occasion d’élargir son offre, notamment à l’export.

Kermarée propose une large gamme de coquillages et crustacés vivants et cuits frais — Photo : Ingrid Godard

Le mariage du normand Kermarée et Mericq (Nouvelle-Aquitaine) aura duré cinq ans. Le spécialiste du bulot cuit est sorti de la nasse du négociant de produits de la mer originaire du sud de la France. Le groupe Mericq a, en effet, cédé au breton Cultimer (siège à Dol-de-Bretagne, Ille-et-Vilaine) l’intégralité des titres de Kermarée, leader de la cuisson de bulot. La société normande qui emploie 44 salariés, et voit son effectif monter à 150 pour les fêtes de fin d’année, réalise un chiffre d’affaires de 21 millions d’euros. De son côté, Cultimer, fondé en 1998 a l’initiative de vingt-cinq conchyliculteurs normands et bretons, producteurs d’huîtres et de moules de bouchots, affiche un chiffre d’affaires de 33 millions d’euros et un effectif de 56 collaborateurs. Ses activités sont réparties entre la Bretagne, la Normandie et la Charente. "Avec cette acquisition, l’entreprise compte élargir son offre, asseoir ses capacités de production et s’offrir un outil de cuisson", explique Benjamin le Faou, directeur général de Cultimer. "C’est l’occasion d’augmenter notre gamme pour nous positionner sur de nouveaux marchés mais surtout bénéficier de l’indication géographique protégée Huître de Normandie." Avec cette opération, Cultimer, qui réalise 20 % de son chiffre d’affaires à l’export en Chine, Hong Kong, Allemagne, Belgique et Italie, compte doubler ses ventes à l’export.

Expédition et emballage en Normandie

Kermarée devient ainsi la plateforme normande de Cultimer qui permettra de valoriser les productions ostréicoles en vue de la future labellisation IGP. Son arrivée en début d’année impose dans son cahier des charges, un conditionnement et une expédition depuis la région d’origine. "Cultimer travaille avec plus de 200 producteurs partenaires référencés par le groupe. Nous produisons 9 000 tonnes de moules de bouchot issues de la baie du Mont Saint-Michel (Manche), des côtes du Cotentin, de la baie de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) et de la côte atlantique, mais aussi 3 500 tonnes d’huîtres élevées en Normandie et de Bretagne", précise Benjamin le Faou.

L’huître normande en quête de reconnaissance

Les ostréiculteurs normands produisent chaque année près de 25 000 tonnes d’huîtres sur 972 hectares, de la baie de Granville au rivage de la Seine-Maritime, faisant ainsi de la Normandie la première région productrice d’huîtres. "Jusqu’ici, la moitié de la production partait dans d’autres régions, commercialisées sous d’autres appellations. L’IGP va garantir la traçabilité du produit, les conditions dans lesquelles le coquillage a été élevé, le respect des différentes normes européennes, et inciter les ostréiculteurs à commercialiser en direct leurs huîtres. Il faudra les conditionner dans les communes de production. Aujourd’hui, certains ostréiculteurs d’autres régions élèvent en Normandie et emballent chez eux. Ce ne sera plus possible pour apposer le label", confirme le directeur général de Cultimer.

Et pour parfaire ce processus, l’huître normande IGP devra également passer par une phase dite de "trompage" (affinage) qui doit durer au moins 28 jours et consiste à déplacer les huîtres arrivées à maturation dans des parcs proches de la côte.
Trois cents ostréiculteurs normands pourront prétendre à l’IGP. Les étiquettes feront leur apparition en février 2024.

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