Meal Canteen : La start-up stéphanoise lève 900 000 euros en cédant 9% du capital
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Meal Canteen : La start-up stéphanoise lève 900 000 euros en cédant 9% du capital

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Denis Olivier et ses deux associés hongkongais réussissent un tour de force et lèvent 900 000 euros en cédant 9 % du capital. Leur start-up a été créée à Saint-Etienne, il y a un an, et affiche un chiffre d'affaires pour l'instant nul. Le potentiel, énorme, a séduit facilement les investisseurs. Meal Canteen propose une appli anti-gaspi pour la restauration collective.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Denis Olivier n'en revient pas. Pourtant chef d'entreprise aguerri puisqu'il dirige par ailleurs les sociétés ligériennes Reivilo (portes d'intérieur), Jindoli (mobilier de salle de bain) et Concept prod (agence design), un ensemble d'une vingtaine de salariés (CA : non communiqué), il est surpris de l'engouement suscité par son dernier bébé, la start-up Meal Canteen, créée en janvier 2016 à parts égales avec deux fonds d'investissement hongkongais.

Une levée de fonds de 900 000 euros

En cédant seulement 9 % du capital, soit 3 % chacun, les trois associés viennent de réaliser une belle opération, une levée de fonds de 900.000 euros. 300.000 euros ont été levés auprès du Crédit Agricole Loire Haute-Loire, constituant ainsi le premier dossier du nouveau fonds d'investissement lancé récemment par la banque verte. « Les 600.000 euros restants ont été collectés en sept jours auprès d'investisseurs locaux (identités non communiquées NDLR, ticket d'entrée à 50.000?) », lance le dirigeant, par ailleurs vice-président de la CPME42 et nouveau membre associé de la CCI métropolitaine, reconnaissant du bout des lèvres cultiver un réseau local bien fourni. Cette levée de fonds est couplée avec un prêt d'amorçage de 200.000 euros de Bpifrance. Les trois actionnaires fondateurs avaient investi 50.000? chacun pour créer l'entreprise. « Avec zéro chiffre d'affaires au compteur pour l'instant, Meal Canteen est donc déjà valorisée à dix millions d'euros. Je ne l'ai pas créée pour faire fortune, mais c'est un beau marqueur de réussite ! Son potentiel de croissance est gigantesque. L'idée de départ est pourtant toute bête. Mes interlocuteurs me demandent d'ailleurs souvent pourquoi personne n'y avait pensé avant... ».

Une appli anti-gaspi

Meal Canteen est une application destinée aux intervenants de la restauration collective. Le principe : elle permettra à l'usager de choisir, le soir, son déjeuner du lendemain, parmi les plats proposés par le self. En plus de connaître précisément le nombre de convives, le prestataire saura combien préféreront l'oeuf mayo aux betteraves rouges, combien choisiront le poisson ou la côte de boeuf. Une information qui lui permettra ainsi de ne pas produire en quantité trop importante l'un ou l'autre plat, et donc d'éviter le gaspillage. « L'Ademe a fait une étude en juillet dernier sur la restauration collective en Auvergne-Rhône-Alpes. Il en ressort que le coût imputé au gaspillage est de 68 centimes par repas. Ce montant comprend les aliments mais aussi le personnel en trop, l'éclairage, l'eau... », détaille Denis Olivier. L'application offrira aussi un suivi nutritif et allergique ainsi que des alertes en fonction des convictions religieuses. L'application est encore en cours de développement, elle sera totalement prête dans les prochains mois. Meal Canteen travaille ainsi actuellement avec l'École des Mines sur l'élaboration d'un algorithme qui enverra automatiquement les quantités de chaque ingrédient nécessaire à la confection, avec un relais vers les producteurs locaux pour une livraison au petit matin.

Un business model très rentable Denis Olivier préfère ne pas afficher les prévisionnels de chiffre d'affaires, « ils donnent le vertige » souffle-t-il. Seule indication : un marché de quatre milliards de repas en restauration collective, en France, chaque année. Avec un prix de 0.33 centime par clic d'utilisateur (indolore pour le consommateur puisqu'inclus dans son ticket repas), le chiffre d'affaires de Meal Canteen pourrait vite exploser. Avec une marge brute escomptée de 90 %...

Discussions avec la Région Ile-de-France

Après un test avec la restauration du site Grüner à Saint-Étienne, Denis Olivier dévoile être en discussion avancée avec la Région Ile-de-France. « Cela représente 476 lycées, 40 millions de repas ! Le déploiement pourrait se faire sur 18 mois. J'y suis allé au culot après avoir lu que cette Région souhaitait s'engager dans un programme digital de réduction du gaspillage alimentaire. Nous pourrions aussi être inclus dans le volet développement durable pour la restauration de Paris 2024 ».

Denis Olivier attend une signature d'ici l'été pour une mise en oeuvre dès la rentrée. Ce marché, générateur de près de 13 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel, nécessitera l'embauche, à Saint-Étienne, d'une quarantaine de salariés. Le créateur de Meal Canteen espère également un accord avec la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Une rencontre avec Juliette Jarry serait dans les tuyaux. « Il serait étrange que l'idée d'une start-up locale soit exploitée par la Région parisienne et pas par Auvergne-Rhône-Alpes... » glisse-t-il. Les 900.000 euros levés doivent permettre à la start-up de se staffer et de dupliquer son modéle dans d'autres pays européens. « Deux profils de grande envergure vont nous rejoindre dans les prochaines semaines. Et je me suis offert le Ronaldo stéphanois du web en nommant comme chief technical operator, Medhi Lahmam (créateur de Crafsmen NDLR)... ».

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