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Gravotech s'attaque à la traçabilité des médicaments grâce à sa solution laser
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Gravotech s'attaque à la traçabilité des médicaments grâce à sa solution laser

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En février 2019 une nouvelle norme imposera à l'industrie pharmaceutique un numéro de série unique sur chaque boite de médicament. Voici comment le "laseriste" Gravotech entend prendre sa place sur ce marché détenu par les acteurs " jet d'encre".

— Photo : Le Journal des Entreprises

« L'encre salit, s'altère, pollue, exige des consommables et impose le nettoyage des machines. Nos solutions d'impression laser sont durables dans les deux sens du terme, et inaltérables ». L'argument de vente exposé par Gérard Guyard, président de Gravotech, ne souffre pas la contestation. Le " patron ", avocat de formation, de cette ETI (125 millions d'euros, 25 filiales dans le monde, 900 salariés dont 140 à Rillieux-la-Pape) veut croire que les nouvelles normes imposées par l'Europe aux industries pharmaceutiques dès février 2019 ("la sérialisation ") sont une opportunité à ne pas manquer.

Sortie de LBO France

Surtout dans un contexte où l'actionnaire principal depuis neuf ans, LBO France, s'apprête à sortir pour être remplacé par un fonds de même nature, avec une prégnance plus importante du management dans le capital. C'est dans ce contexte que Gravotech s'attelle à ce marché qui pèserait 200 millions d'euros dans l'Hexagone. Grâce à sa très forte culture R & D (plus de 10 % d'investissement), l'entreprise présente sur trois secteurs (le marquage et la gravure pour la signalétique -plaques, badges- ; la personnalisation d'objets -stylos, bijoux...- ; et la traçabilité industrielle) ne craint pas de s'attaquer à un univers dont elle ignore pour l'instant les codes. « L'industrie pharmaceutique va nous obliger à aller plus vite, à faire du " lean " » décrit Gérard Guyard. Qui espère réaliser sur l'année 2017 quelque 6 % de croissance (après 13 % en 2015 et 2,5 en 2016), avec une rentabilité -constante depuis 2014- de 10 %. Hamra Yassine, chef de marque supervisant une dizaine de produits de traçabilité, est en charge de cette conquête. En plus de la solution laser, l'ingénieur-commercial « vend » les logiciels qui permettent à la fois l'identification, le visionnage et la gestion de l'information des objets " marqués ". « Grâce à une nouvelle offre baptisée Vision Manager nos caméras lisent les datamatrics » (sorte de flash code industriel contenant des milliers de données au cm², NDLR). Les informations peuvent ensuite être stockées dans des bases de données ou dans les ERP des clients. Objectif : accélérer sur la " connectivité avec le système d'information du client pour garantir la traçabilité jusqu'au consommateur final. « Nous ne sommes plus seulement des spécialistes du marquage, nos métiers s'étendent à la gestion des data, aux services, à la connectivité et à l'intelligence des solutions industrielles » commente Gérard Guyard. Qui s'allie avec des « intégrateurs » proposant des solutions complètes. à l'image de l'Italien Antarès, installé à Rillieux la Pape.

En se positionnant dans l'univers pharmaceutique, l'ETI française s'attaque à plus gros, mais peut-être aussi plus vulnérable qu'elle. Parmi ses concurrents, l'Américain Domino (2.300 salariés dans le monde), filiale depuis 2015 de Brother Industries. Ce leader mondial de l'impression jet d'encre adopte depuis quelques années une stratégie de « retournement » axée sur le laser, mais qui va à l'encontre de son propre business model. Les dirigeants de Gravotch, qui ont en tête la saga Kodak, disparu avec la naissance du digital, avancent sans crainte.

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